Maman est en voyage d’affaires
Ce matin-là, très en retard, en m’engouffrant dans un taxi, j’ai découvert un portable oublié sur la banquette arrière. Le chauffeur habituel s’en était aperçu. Je glissai le téléphone dans ma veste.
Mon premier réflexe aurait pu être de le signaler au taxi. Il m’envoyait des coups d’œil fréquents, de ses yeux ombragés d’une épaisse couche de cils. C’était souvent lui que m’envoyait la compagnie attitrée de la boîte, à la gare Saint-Charles. Hovsep avait fini par se présenter. Il s’était reconverti après un passé chargé comme petite main des frères Campanella, juste à temps avant de plonger.
Durant les trente minutes qui séparaient la gare de l’usine, Hovsep évoquait son Arménie natale, me montrait des photos de sa famille, et même, un jour, une image de lui torse nu. Je le trouvais plutôt attendrissant.
Un portable.
Le taxi d’Hovsep.L’autoroute, de la gare à l’usine.Les yeux d’Hovsep.Les cils et les yeux d’Hovsep, comme une lueur dansle rétroviseur. Hovsep àLa boîte à gants du taxi d’Hovsep.Les cigales qui m’assourdissent.
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