Alexis Michalik
« Moi, on me propose sou-vent de jouer les connards sympathiques », dit-il avec franchise, tout en grignotant un sandwich distribué par M6 dans l’un des vastes salons de la chaîne. Sympathique, le beau, mince, affable et sou-riant Alexis Michalik, 38 ans, l’est certainement. Avec ses yeux bleu myosotis et son costume de startupeur, il a même tout du gendre idéal. On comprend le film sur les violences sexuelles récompensé par deux Césars, l’ont choisi pour incarner Damien, le personnage principal du téléfilm Lorsque Anna (incarnée par Marie Gillain) le rencontre, elle est d’abord subjuguée par son charme, son romantisme, sa façon de prendre en main sa vie à elle. Mais Damien/Alexis fait souffler le chaud et le froid sur leur relation, coupe Anna de ses proches, lui maintient la tête sous l’eau grâce à un savant mélange de flatteries et de critiques, puis devient peu à peu violent. Le téléfilm est très réussi et on en sort glacées: on a rarement décrit avec autant de force et de réalisme – sinon dans de Maïwenn – la progressive prise de pouvoir d’un pervers narcissique sur sa victime. La coscénariste du film, Éléonore Bauer, a d’ailleurs nourri son scénario d’une authentique histoire d’amour d’un an avec un « PN ». « Le rôle était passionnant, assure Alexis Michalik, car le film commence comme une comédie romantique et, au fur et à mesure, on s’aperçoit que Damien est en réalité une ordure. Pour moi, c’était intéressant car je ne suis pas le genre d’acteur à essayer de sauver son personnage coûte que coûte. Je ne le juge pas, et puis j’aime bien être ce que je ne suis pas dans la vie. » Pendant le tournage, avouet-il, il a pourtant eu des moments de doute et d’introspection sur ses propres comportements amoureux: « On a tous eu des histoires sentimentales et des ruptures, dit-il. Mais, souvent, celui qui part souffre moins que celui qui est quitté. Et est-ce qu’il n’y a pas alors l’un des deux qui tire les ficelles pour faire souffrir l’autre? À un moment, je me suis demandé si je n’avais pas en moi des caractéristiques de ce personnage. Mais j’ai fait la part des choses. Je sais que les pervers narcissiques n’éprouvent aucune empathie, ce qui n’est pas mon cas. » Homme de théâtre multipliant les succès ( la pièce nommée sept fois aux Molières en 2017, c’est lui), acteur très demandé et réalisateur reconnu, il incarne même l’exact opposé du « PN », soit un chef de troupe essayant de donner confiance à ses comédiens et imposant de travailler dans la joie. « Je n’aime pas bosser dans la douleur. J’ai la chance extraordinaire de vivre mes envies, je n’ai jamais fait de film de commande et j’adore travailler “en famille” comme sur ce tournage, avec des gens avec qui je m’entends bien. » Parole de chouchou! ■
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits