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Sa majesté Nathalie

Elle ne se souvient pas plus du nombre d’interviews données depuis le début de sa carrière dans les années 1970. Elle est rompue à l’exercice, peut-être même un peu lassée. Mais bon, c’est aussi ça, le métier. Elle donne toujours rendez-vous à l’Hôtel de l’Abbaye, épicentre de Saint-Germain-des-Prés, son quartier, où le gratin du cinéma français a ses habitudes. On y voit parfois Isabelle Huppert boire un café ou Sabine Azéma picorer une salade de chèvre chaud. Ce jour-là, Catherine Deneuve, vapoteuse à la main, attend un auteur en herbe qui rêve de lui écrire un rôle. Encore un. Nathalie Baye choisit une table à l’écart et me désigne le fauteuil dans lequel je dois m’asseoir. Elle est comme me l’a décrite avec poésie son ami l’acteur Nicolas Maury : « Une femme aux couleurs de l’automne. » Élégante, polie, elle plie en quatre son foulard avec minutie sans rien dire, juste en me souriant. Elle a cependant une première objection : « Mon attachée de presse m’a dit que vous aviez demandé deux heures. C’est vraiment trop. Je n’ai jamais accordé plus d’une heure. Vous verrez, je parle vite. » Alors allons-y, ne perdons pas de temps !

Soixante-dix? Quatre-vingts ? Ou plus d’une centaine ? Nathalie Baye ne sait plus dans combien de films elle a tourné. « Vous croyez que je me suis amusée à compter ? » soupire-t-elle.

Se souvient-elle au moins du dernier film dont elle est à l’affiche ? , suite sur grand écran du feuilleton historique qui a fait le succès de la télévision britannique au début des années 2010 partout dans le monde. Avant d’accepter le rôle, Nathalie Baye n’était pas une fan de la série. Elle ne l’avait même jamais regardée, me confie-t-elle en]. Et vous, vous avez une série à me conseiller ? » Ne prenons pas de risque : , qui retrace le destin d’Élisabeth II ? « Ah oui, il paraît que c’est génial. La reine est une personne incroyable. Tellement solide, si forte ! Surtout depuis la mort de son mari. » Nathalie Baye a, elle aussi, ce je-ne-sais-quoi de royal : un port altier, un flegme assumé, une sobriété rassurante. Avec son manteau beige, son pull en cachemire et ses souliers cirés, on l’imagine aisément à l’heure du thé chez la duchesse de Cornouailles. « Je ne m’y connais pas en têtes couronnées », m’interrompt-elle, alors que je commençais à la fantasmer dans les salons de Buckingham Palace. La reine Nathalie, voilà pourtant un titre qui lui sied.

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