Stéphane Bern, l’influent lobbyiste du patrimoine
Bien sûr, il narre encore dans Paris Match les déboires conjugaux de « Charlène et Albert au bord de la rupture ». Evidemment, il dévoile toujours, sur les chaînes publiques, ses Secrets d’histoire. Mais depuis qu’Emmanuel Macron lui a confié une « mission sur la préservation du patrimoine en péril », Stéphane Bern ne pense (presque) plus qu’à ça. A cette France qui s’abîme, à cette France qu’il sauve. Il s’enthousiasme pour son déplacement du jour, l’abbaye de Sénanque dans le Vaucluse, pour celui d’hier, la maison Pasteur dans le Jura, et demain, demain… En moins de cinq ans, le « fou du roi », amateur de têtes couronnées, est devenu « l’influent M. Patrimoine ». De toute part, on cherche à le séduire, on le craint, on l’admire. Parce qu’il est ami du président de la République, parce qu’il a la réputation de n’avoir peur de rien et d’affronter les gros pour défendre les petits, hommes politiques, défenseurs du patrimoine, simples citoyens se pressent pour attirer son attention. Mais, au fond, quelle est son influence réelle? Et comment s’exerce-t-elle?
Chapitre 1
L’ami d’Emmanuel et de Brigitte
Début septembre 2020, à la galerie des Gobelins, à Paris. L’équipe de Brigitte Macron s’impatiente, l’agenda est serré, le retard s’accumule. Voilà presque une heure que la cérémonie organisée par le Mobilier national est terminée – il s’agissait de récompenser des étudiants en design ayant imaginé la future table du Conseil des ministres, mais la première dame s’attarde. Autour d’elle, un verre à la main, trois personnes: Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, Stéphane Bern, et un dernier larron, moins connu, dont le spécialiste des têtes couronnées est en train de plaider la cause. Il s’agit de Pierre-Alain Challier, un galeriste parisien de sa connaissance. L’homme est désespéré: à la sortie du premier confinement, il a découvert qu’une prison doit être construite à quelques kilomètres du château de Lascours, merveille du xiie siècle qu’il rénove dans l’arrière-pays gardois. Il a alerté la presse, écrit au ministère de la Justice, frappé à la porte de la préfecture. Sans succès. Alors, une heure pour exposer son dossier à Brigitte Macron et Roselyne Bachelot en marge de cette
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