Le fana de l'aviation

Un œil perçant et des serres acérées

Voici l’histoire du plus formidable avion de combat jamais conçu. Près de 60 ans après son premier vol, c’est toujours le plus rapide du monde. Son système d’armes avait au moins une génération d’avance. Pourquoi ce chasseur si brillant n’a-t-il jamais équipé l’US Air Force?

La scène se passe le 5 juillet 1961. Dans le plus grand secret, le general Le May, le tout nouveau commandant en chef de l’US Air Force et le gen. Power, à la tête du Strategic Air Command, viennent rencontrer l’équipe des “Skunk Works” dans leur antre de Burbank, en Californie (lire encadré page 19). C’est une rencontre au sommet. Les militaires les plus haut placés prennent connaissance du programme militaire le plus secret des États-Unis. Depuis trois ans, les “Skunk Works” travaillent pour la CIA sur un avion espion qui dépasse Mach 3 – nom de code Oxcart. À part quelques initiés au plus haut niveau de l’État, personne n’est au courant. C’est une découverte pour Le May et Power. Ils connaissent sans aucun doute l’ingénieur en chef des “Skunk Works”, “Kelly” Johnson. La CIA leur a demandé un avion espion capable de dépasser Mach 3 pour succéder au U-2, lui aussi fruit des travaux des “Skunk Works”. Johnson, pour qui “impossible” (en français dans le texte) est une insulte, a relevé le défi et son équipe resserrée travaille sur le projet dont la dernière mouture porte la désignation de A-12. C’est un biréacteur tout en titane, seul métal apte à défier le mur de la chaleur qui se manifeste à Mach 3.

Un coup d’avance

En 1961, le A-12 ne vole pas encore mais son assemblage a déjà commencé. Johnson voit loin; il profite de la venue des deux généraux influents au-delà des cercles militaires pour proposer plusieurs projets dérivés de ses études. Deux maquettes d’aménagements grandeur nature sont exposées. C’est dans son bureau que des plans sont dépliés. Quelques ingénieurs sont là pour renseigner les militaires. Entre deux volutes de son cigare qui ne le quitte pour ainsi dire jamais, Le May questionne Johnson à propos du RB-12, la version de bombardement. Il s’agit d’installer quatre bombes nucléaires miniatures en soute. Le concept intéresse Le May, mais il y voit un concurrent au bombardier géant “Valkyrie” qu’il souhaite relancer (lire Le Fana de l’Aviation n° 584).

Le projet de chasseur AF-12 est aussi très séduisant. Johnson propose d’installer un système d’armes perfectionné qui permettrait au chasseur d’intercepter des cibles à basse altitude. Les missiles sol-air rendent en effet désormais dangereux les missions en altitude, de sorte que les plus récents avions de combat adoptent des

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