SUR LA ROUTE
ELUNDI DU MOIS DE SEPTEMBRE 2020, au 6 étage d’un immeuble d’Issy-les-Moulineaux, Zoé sort du bureau de son chef en suffoquant. « Il m’avait passé un savon comme si j’avais quatre ans, raconte la trentenaire, cadre dans la finance depuis dix ans. Il avait besoin de se défouler sur quelqu’un et c’était tombé sur moi. » Dans le métro, elle ressasse le bilan qui l’obsède depuis le confinement. « Je fais un boulot qui n’a aucun sens, avec une bande de moutons dirigés par un fou. J’ai peu de temps pour voyager et je suis en manque de nature. » Son salaire élevé est englouti par un loyer exorbitant et un train de vie qu’elle justifie par « une pression sociale qui pousse à remplir ses placards de fringues et d’iMac. » En faisant défiler son feed sur Instagram, elle tombe sur des images qui répondent à son besoin d’évasion. Des mises en scène romantiques de couples se baignant dans des lagons turquoise. Une paire de mugs en acier posée dans la neige. Et cette photo qui lui donne des frissons : « On voyait des draps froissés au premier plan et les deux portières arrière d’un combi ouvertes sur l’océan déchaîné au second plan. J’ai compris que j’étais en train de gâcher ma vie et j’ai décidé d’en changer. » Depuis, la jeune femme a entamé des négociations pour quitter son entreprise. Et elle s’apprête à résilier son bail avant de prendre la route pour une durée indéterminée à bord d’un VVT3
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