Le Journal du dimanche

Les larmes du chartreux

Il n’a l’air de rien, comme ça, le pleurant no 17. Un petit moine retenant ses larmes en se pinçant le nez, capuche à demi repliée sur la nuque. Il a pourtant droit à un traitement de star. Installé en majesté, à l’écart du cortège funéraire de quarante autres figurines en albâtre marchant autour du fastueux cénotaphe de Philippe le Hardi (1342-1404), premier duc Valois de Bourgogne. La statuette est revenue en grande pompe, l’été dernier, au musée des Beaux-Arts de Dijon. L’événement est encore célébré près d’un an après, jusque sur un écran vidéo où le chartreux chagriné apparaît, dans l’ascenseur permettant d’accéder à la vaste salle de réception de l’ancien logis ducal. « Il y a un attachement très fort de la population de la ville à ces statues médiévales », assure Thomas Charenton, directeur adjoint du musée. Et pour le musée lui-même, « la restitution du pleurant est liée à l’histoire même de l’institution créée en 1799 ».

Le chartreux se tenant le nez peut bien attendre encore quelques mois dans sa vitrine particulière : il est séparé de ses pairs depuis la Révolution française. En 1793, sur ordre de la commune de Dijon, les deux tombeaux des ducs – Philippe le Hardi avait été rejoint par son fils Jean sans Peur (1371-1419), entouré d’une autre procession éplorée et figée dans siècle. Mais les 82 pleurants furent sauvés et mis à l’abri dans la cathédrale Sainte-Bénigne. Dans l’opération, 12 statuettes furent cependant subtilisées. Ne mesurant que 40 centimètres et pesant chacune 8 à 10 kilos, elles étaient faciles à emporter. Certaines furent retrouvées des années plus tard, données ou rachetées, et réinstallées. Aujourd’hui, sur les 82 figurines, 79 sont présentées à Dijon (dont cinq sont des copies d’après moulage).

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