Stéphane Peterhansel « À l’aube d’un tournant technologique »
« On est à l’aube d’un gros changement en rallye-raid »
Bien sûr, Stéphane Peterhansel est avant tout un pilote automobile et d’ailleurs, son nombre de victoires au Dakar en auto (8) dépasse depuis 2017 celui de ses succès en moto (6). Riche de 14 victoires sur l’épreuve reine des rallyes-raids, le Français a cependant gardé une passion intacte pour la moto, qu’il pratique toujours très régulièrement. Sa carrière en deux-roues, entamée au sein de l’équipe Husqvarna sous la direction de Marcel Seurat, l’a vu toucher à l’enduro, au motocross, au Supercross ou au supermotard, avant de se lancer, en 1988, avec Yamaha dans le rallye-raid, où il s’est épanoui de la façon que l’on sait. Les années ne semblent pas avoir de prise sur lui, qui se lance donc dans une nouvelle aventure avec l’un des plus grands constructeurs automobiles du monde, comme il nous l’explique dans cette interview qu’il nous a accordée à la mi-juin.
Stéphane, tu as remporté ton 14e Dakar avec Mini en janvier dernier et te voilà reparti pour un tour avec Audi, qui prépare un buggy hybride électrique, c’est ça?
Oui, c’est un projet auquel on m’a demandé de m’associer depuis plus d’un an, c’est-à-dire avant ma dernière victoire. Alors, au fond, si je réfléchis bien, qu’est-ce que je peux gagner de plus? J’ai gagné 8 fois en auto, 6 fois en moto. En auto, j’ai aussi gagné avec différents constructeurs … Théoriquement, cette année, ça aurait été le bon moment pour tirer ma révérence, 30 ans après ma première victoire en moto. Vainqueur en moto et en était parfait pour raccrocher. Mais quand j’ai été contacté par Audi, l’un des constructeurs les plus sérieux et les plus innovants dans les nouvelles technologies, pour ce projet de voiture à propulsion électrique, je me suis dit que ça aurait été dommage de ne pas participer à ce tournant technologique sur les voitures du Dakar. On est à l’aube d’un gros changement en rallye-raid: en 2026, tous les compétiteurs professionnels seront obligés de rouler avec des véhicules à technologie hybride, et en 2030, ce sera tous les compétiteurs. C’est pour bientôt. Alors, quand les gens de chez Audi m’ont proposé de les rejoindre, j’ai eu envie de voir ça. Même si je ne vais pas jusqu’à la victoire avec une voiture de cette génération, je voudrais voir à quoi va ressembler le futur du Dakar. Si ça avait été un bricoleur qui m’avait proposé ça, je n’y serais pas allé. Mais c’est Audi dont il s’agit et j’ai accepté un challenge qui semble passionnant. Alors, voilà: je remets un peu de bois dans la machine et je repars comme en 14 ! J’ajoute que je ne me lance pas dans ce projet par intérêt financier, je n’ai jamais fonctionné de cette façon. Je vais me donner à fond. Est-ce que j’aurai la patience et l’énergie pour plusieurs années? Je n’en sais rien. Nous avons convenu d’un contrat en commun accord: si, de mon côté, je constate que je n’ai plus assez la pêche pour continuer, j’ai la possibilité d’arrêter. Parce que mine de rien, ça en demande, de l’énergie, ce genre de trucs.
