BIRMANIE LA GUERRE SANS FIN DES R SISTANTS KARENS
Après le récent coup d’État de la junte, les horreurs de la guerre ont redoublé pour les civils
Une mine antipersonnel lui a arraché une main et blessé les yeux. Kalay, 26 ans, a pourtant pu être soigné au plus vite, dans un hôpital de fortune au cœur de la jungle grâce à David Eubank. En 1997, cet ex-membre des forces spéciales, fils de missionnaire évangélique, créait les Free Burma Rangers (« Rangers libres de Birmanie ») pour porter secours aux Karens et à d’autres peuples en danger. Sous sa houlette sont nées des écoles, des cliniques. Et des commandos humanitaires armés de fusils et de bons sentiments.
Cœur de missionnaire et âme de soldat, le Texan David Eubank a formé 5 000 jeunes à la médecine d’urgence
Il y a 25 ans que les Free Burma Rangers risquent leurs vies pour soigner et éduquer le peuple martyr de la jungle
Depuis l’indépendance de la Birmanie, en 1948, les 7 millions de Karens mènent la plus longue guerre civile de notre temps
De notre envoyé spécial en Birmanie
C’est une croix misérable, une croix de pas grand-chose, deux morceaux de bois pleins d’échardes et de rainures ramassés au hasard, enchâssés à la va-vite et plantés dans un sous-bois attenant à une rizière. À même l’humus, sur un tapis de feuilles, reposent une paire de sandales en caoutchouc, des godillots de marche et quelques effets personnels. Mains jointes, les yeux mi-clos, embués de larmes, Naw Lu De, 50 ans, ses six enfants, son gendre et son petit-fils y prient pour l’âme de leur mari, père, beau-père et grand-père. Leur foi catholique a beau être profonde, le chagrin est toujours là. Immense.
Visage grave et constellé de ridules de mater dolorosa, la tête recouverte d’un foulard, Naw Du Le se remémore cette soirée maudite du 8 avril 2021 où, à 18 heures, sa vie a basculé. Le jour s’estompait. Elle pilait du riz dans sa courette. Son mari, Saw Pha Ki Bue, 55
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