TIC TOC
Envoyer ? Non, vous relisez votre mail over-enthousiaste et comptez les points d’exclamation. En solo, en duo, par trois, ils se dressent un peu partout comme des Minions sous acide, témoins de votre dynamisme et de menée par des psys de l’université de Binghamton, dans l’État de New York, si le point simple utilisé dans un texto est interprété comme un signe manifeste d’hypocrisie (à la question: la réponse serait ainsi bien plus crédible que le point d’exclamation accentuerait, en revanche, notre sincérité. Une bonne nouvelle pour les accros à la surponctuation exclamative… à prendre avec des pincettes. Déjà, parce que consommés par dizaines, ils peuvent mettre à mal notre crédibilité professionnelle (avoir l’air « sympa » assied-il notre respectabilité? Vous avez deux heures), mais aussi parce qu’ils peuvent être vécus, à l’inverse, comme une agression calligraphique aussi dérangeante que feu les tweets en LETTRES CAPITALES de Donald Trump. Apparue en 1399 sous la plume de Coluccio Salutati, chancelier de la République de Florence, à une époque où l’on commençait à lire en silence, cette béquille expressive permettant de traduire les infos émotionnelles tapies sous les mots nous est rapidement devenue indispensable. Autrefois appelé « point d’admiration » (« Oh ! »), il a pourtant très vite été maqué à l’autorité. Ou comment notre qu’on pensait ultra-smooth peut être interprété comme une injonction dictatoriale des plus pète-sec, selon l’angle sous lequel on l’observe ou l’humeur dans laquelle on se trouve. D’autant que, ne l’oublions pas, calé au centre d’un triangle signalétique, ledit point d’exclamation allume chez nous tous le signal du danger. Et si, dans le doute, on revenait au normcore syntaxique? Car comme disait Paul Claudel : À méditer !
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