Le Journal du dimanche

Les sales affaires du clan Bolsonaro

Lorsqu’elle a commencé à enquêter sur Jair Bolsonaro pour la revue brésilienne Piauí, en 2016, alors qu’il n’était pas encore candidat à la présidence, la journaliste Consuelo Dieguez ne s’attendait pas à tomber au détour d’un couloir sur un autre Bolsonaro : Eduardo, ou Bolsonarinho (« petit Bolsonaro ») pour les intimes, troisième fils du patriarche, également connu sous l’appellation de « Zéro Trois » – l’ex-capitaine d’artillerie désigne ses enfants par un numéro, une coutume issue de l’armée. À 30 ans, le rejeton venait d’être élu député fédéral de São Paulo aux côtés de son géniteur, qui représentait la circonscription de Rio de Janeiro. « Bolsonaro marchait au Congrès avec son fils à ses côtés comme s’il était sous haute protection, s’étonne-t-elle encore. L’entretien s’est déroulé non pas dans son bureau mais dans celui d’Eduardo. Beaucoup de politiques brésiliens ont lancé leurs enfants auprès d’eux, mais de cette manière, c’est inédit. Les autres avaient une certaine indépendance par rapport à leurs parents… Ils n’étaient pas collés à eux vingt-quatre heures sur vingt-quatre comme Zéro Trois derrière son père, tel un soldat. »

Comme Eduardo Bolsonaro, Flávio (« Zéro Un »), sénateur et ex-député de Rio de Janeiro de 39 ans, et Carlos (« Zéro Deux »), conseiller municipal de Rio de Janeiro de 38 ans, jouent le rôle de bouclier, chacun dans son domaine. résume Sergio Praça, politologue à la fondation Getulio Vargas. Quand ils ne s’improvisent pas, chacun à son tour, gardes du corps. Lorsque Jair Bolsonaro a été hospitalisé janvier 2019 à Brasília, c’était au tour de Carlos de veiller sur le paternel, assis à l’arrière de la Rolls-Royce présidentielle avec son pistolet façon Rambo. déplore le député Nicolino Bozzella Junior, ex-compagnon de route des Bolsonaro au Parti social-libéral (PSL), aujourd’hui menacé de mort pour s’opposer ouvertement à la “famille régnante” Un comportement qui traduit l’emprise du père sur sa progéniture – à moins qu’il ne s’agisse du contraire ? Les trois « Zéros », qui ont été les artisans de son élection à la présidence, le 28 octobre 2018, pourraient désormais précipiter sa chute.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Le Journal du dimanche

Le Journal du dimanche4 min de lecture
Pascal Praud L’Europe ! L’Europe ! L’Europe !
Je vis à Paris depuis près de quarante ans mais je persiste à dire que je suis Nantais. Je suis Breton. Je suis Français. Mais suis-je Européen ? Existe-t-il un attachement viscéral, physique, sentimental à cette Europe comme il existe un amour pour
Le Journal du dimanche2 min de lecture
Marine Le Pen Apaisement... ou renoncement ?
Il fut un temps où le Front national dénonçait vigoureusement la « chienlit kanake ». En 1988, Jean-Pierre Stirbois, bras droit de Jean-Marie Le Pen, trouvait la mort dans un accident de voiture à la veille du référendum sur le statut de la Nouvelle-
Le Journal du dimanche2 min de lecture
Sexe Mou Et Pensée Dure
LIBIDO Qui aurait dit, en 1982, qu’on en viendrait un jour à disserter sur l’extinction de la sexualité ? Qui aurait dit, en 1982, que le communisme s’effondrerait bientôt en Europe et que le dissident bulgare Jeliou Jelev deviendrait le premier prés

Livres et livres audio associés