Rock and Folk

Paul McCartney “McCARTNEY III”

UNIVERSAL

Confiné à la campagne, condamné, comme ses congénères, à ne pas jouer en live, il s’est attelé , ce qu’on ne croit pas une seule seconde…) à la réalisation d’un disque dont le numéro (3) renvoie à son premier paru au split des Beatles et à un deuxième, publié après Wings. Ils ont en commun d’avoir été mis en boîte en, est devenue autre chose que ce qu’elle était. Qu’on se le dise, “Long Tailed Winter Bird”, quasi instrumental semi-acoustique qui sert d’entrée en matière, ou l’épique et déjantée “Deep Deep Feeling”, sont incontournables. Sur un minimum d’accords poussés à leur limite, la seconde parcourt des territoires et joue la transe comme si le Sussex était Goa, ou le contraire. Forcément, l’aridité folk de “Pretty Boys” et “The Kiss Of Venus” montre Paul à la peine dans les aigus, mais lorsque la première prend son envol (à l’entrée de la batterie), il gomme cette faiblesse due au trop-plein d’années, pas tendres avec les cordes vocales. Homme à femmes qu’il a aimées (et épousées) — et qui, comme par hasard, lui ont donné des héritières —, il s’adresse ouvertement à elles dans cette “Women And Wives”, grave et plaquée au piano, que Nigel Godrich aurait certainement retenue si elle lui avait été proposée pour le fameux “Chaos And Creation In The Backyard” de 2005. Y ressuscitant une partie de la descente harmonique de “For No One” (et donc de “English Tea”), le sacré faiseur assure toute la boîte de caramels dans la poppy “Seize The Day” qu’en mode chef de chorale, il enrobe de multiples voix. Idem dans “Deep Down”, tournerie au groove martial prétexte à des envolées vocales qu’il faut une sacrée confiance en soi pour graver dans la cire (“McCartney III” est disponible en plusieurs éditions vinyles). “Find My Way”, avec ses roulements de caisse claire qui rappellent ceux d’un certain Richard Starkey et sertie d’interventions de (faux?) cuivres et de (vraies?) guitares électriques, est particulièrement bien arrangée et confirme qu’en autoproducteur, Paul McCartney sait aussi donner le ton juste à ses chansons. Comme à chaque fois qu’il joue de tout, les guitares, justement, et les batteries sont un régal sur les titres les plus rock: “Lavatory Lil” sonne un peu comme si Vic Maile (emporté par un cancer en 1989) avait mis la main à la pâte en hommage à Dr Feelgood, et, boulard en tête, “Sliding” renvoie autant au Fireman (“Nothing Too Much Just Out Of Sight”) qu’à “Helter Skelter” ou “Monkberry Moon Delight”. Enregistré chez lui (dans son studio-moulin, le son a beau ne pas être énorme, l’album a probablement été mixé ailleurs…), “McCartney III” ne sera sûrement pas le dernier disque du musicien mais, au cas où, il conclurait idéalement une oeuvre protéiforme et exemplaire à tellement d’égards qu’on ne sait plus par où l’aimer.

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