THE CLASH
“Même si je le pouvais, je ne le changerais pas, c’est un objet magnifique”
Joe Strummer
ENREGISTRER TOUT UN ALBUM REGGAE. PAS QUELQUES CHANSONS PAR-CI PAR-LÀ, COMME SUR LEURS PRÉCÉDENTS DISQUES, NON, UN ALBUM ENTIER gorgé de Jamaïque — le fantasme du Clash, cette contrée de rastas rebelles, cette île exiguë qui a enfanté une musique sans limite, son dub et ses sound-systems, onze mille mètres carrés connus de la planète entière grâce à ce son si singulier, envoûtant. Mick Jones et Joe Strummer ont déjà séjourné à Kingston fin 1977, pas longtemps après leur version de “Police & Thieves”. Un souvenir qu’il faut effacer, ce voyage de dix jours financé par leur maison de disques: sans contacts, les deux touristes punk flippent en traversant les ghettos, ne ressentent qu’hostilité, manquent se faire détrousser, finissent par s’enfermer à double tour dans leur chambre d’hôtel, fumant un sac de ganja, avant de grimper dare-dare dans un avion pour Londres. Seul Paul Simonon, le Clash le plus fondu de reggae, n’a pas pleuré cette débandade, furieux que CBS l’ait exclu du pèlerinage.
Ce qui change tout en mars 1980? Le groupe s’est lié avec le compositeur jamaïcain Mikey Dread, qu’il a embauché comme DJ en première partie de sa tournée “16. A peine le temps de récupérer ses slips à l’hôtel, le gang quitte la Jamaïque en rasant les murs. Ouf, le prochain album ne sera pas reggae. Que sera-t-il? Fou.
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