Une mamie pour Noël
Jacques coupa la branche de géranium à sa base et la déposa avec précaution sur la table du jardin.
– Et maintenant, regarde bien ce que je fais, dit-il à Lila qui ouvrait de grands yeux attentifs.
À l’aide de son sécateur, Jacques sectionna la fleur, puis en coupa les plus grandes feuilles pour n’en garder qu’une, la plus petite.
– Tu vois, je ne laisse qu’une seule feuille. Mais c’est cette feuille qui va permettre à la bouture de prendre.
La petite fille hocha la tête. Elle ne quittait pas la plante des yeux.
Jacques trempa le bout de la tige dans un mélange blanc que Lila ne connaissait pas et la planta délicatement dans l’un des petits pots qu’il avait disposés sur la table du jardin.
– Et voilà, dit le vieil homme d’un air satisfait en s’essuyant les mains sur son tablier. Dans quelques semaines, un nouveau géranium aura poussé.
– Un rose ! s’exclama Lila en battant des mains.
– Attends que je me souvienne, dit le jardinier avec malice, est-ce que c’est un géranium rose que nous avons planté là ?
Il fit mine de réfléchir, sous le regard inquiet de la petite fille.
– Ah, mais oui, ajouta-t-il en se frappant le front et en désignant la fleur coupée sur la table, c’est bien un rose !
Lila eut un rire complice qui réchauffa le cœur de Jacques, tout en le ramenant à de tristes souvenirs. Il aurait tant aimé avoir des petits-enfants ! Il avait eu un fils autrefois, il y avait bien longtemps, dans une autre vie, lui semblait-il. Matthieu avait fait le bonheur et la fierté de ses parents, particulièrement quand il avait choisi le métier de pompier, qui correspondait si bien à son dynamisme et à sa nature empathique.
Le jour où on avait appelé Jacques pour lui dire que son fils avait été grièvement blessé au cours d’une intervention avait été le pire de sa vie. Matthieu était mort quelques jours plus tard, sans avoir repris connaissance. Ni son épouse ni lui ne s’étaient jamais vraiment remis de sa disparition. Sa pauvre femme était morte deux ans plus tard, de chagrin lui avait assuré le médecin.
Subrepticement, Jacques essuya une larme au coin de ses yeux et sourit en voyant Lila examiner avec attention « sa » bouture.
– Ça ne poussera pas en une journée, tu sais, dit-il. Il te faudra attendre encore plusieurs semaines avant
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