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“LA HAINE EST TOUJOURS D’ACTUALITÉ, MALHEUREUSEMENT…”

Mathieu Kassovitz a toujours la haine. De l’injustice, des inégalités, du racisme, des politiques, du système policier. Des « cons ». S’il s’en dédit d’abord – « J’ai 53 ans, j’en suis revenu de tout ça maintenant, même si je serai toujours du côté des casseurs » –, il suffit de mettre dix balles dans la machine pour le voir se lancer, phrasé facile et formules chocs en renfort, dans un de ses réquisitoires nerveux contre cette société qui n’en finit plus de tomber de ce fameux immeuble de 50 étages et qui malgré tout ne cesse de se dire que jusqu’ici, tout va bien. « Rien ne change… Tu as déjà entendu une bonne nouvelle aux infos dans ta vie, toi? Ce qu’on vit en ce moment, c’est le début de Terminator: l’intelligence artificielle, les drones, les robots, la biologie quantique, personne qui ne contrôle… Et puis à côté les émeutes, la pauvreté, la malbouffe, la maladie, plus de nature… Et comment on va finir? Comme dans Soleil vert, à manger nos morts? »

Soutien de poids du collectif « Vérité pour Adama », le réalisateur de , ressorti cet été en salle pour ses vingtcinq ans et dramatiquement d’actualité, a toujours la rage au ventre et le diable au corps; meilleur client, parfois plus indigné, plus convaincu et plus convaincant que le premier des militants. C’est qu’on en oublierait presque que Mathieu Kassovitz est avant tout un formidable acteur. Soluble dans le cinéma populaire () comme dans un 7e art plus exigeant (Amen, de Costa Gavras; Un héros très discret, de Jacques Audiard), le César du meilleur espoir masculin 1995 () flirte un temps avec Hollywood (, de Steven Spielberg, en 2005) qui le (2000), son 4e long-métrage, et lui confie deux fois du lourd: l’oubliable Gothika (avec Halle Berry et Penélope Cruz, en 2003) puis le four ., cinq ans plus tard, torpillé par ses relations extrêmement tendues avec « ce gros connard de Vin Diesel » () durant le tournage. Discret au début des années 2010, marqué par l’échec de son film fétiche le récit de la prise d’otages à la gendarmerie d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, en 1988, par des indépendantistes kanaks, « Kasso » revient haut dans le game en 2015, corps sec et visage tapé, sous les traits de Malotru, agent trouble du Bureau des légendes. Il sera ensuite un boxeur en galère dans Sparring, un médecin chez Haneke (), un amiral des forces sous-marines (). Toujours bon, Kasso a retrouvé la cote et sans doute, à l’avenir, le filon du beau vieux pas vieux beau.

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