FAUT-IL CHANGER À TOUT PRIX?
les plus saillantes de l’air du temps semble être sa dimension « pro-évolutionniste ». En 2012, François Hollande promettait: « Le changement, c’est maintenant. » En 2015, Nicolas Sarkozy, essayant de rallumer la flamme électorale, peut être considéré, côté genre, comme l’une des matrices du discours pro-évolutionniste ambiant. Que s’est-il passé entre sa publication outre-Atlantique et aujourd’hui? Eh bien disons qu’après la décennie 1990 consacrée à l’exposition de l’intime (de l’explosion des psy-show jusqu’à celle de la téléréalité), nous assistons depuis le milieu des années 2000 à une tentative de re-politisation de la masculinité, devenue dès lors un sujet public. Ainsi, nous sommes passés en quelques années de la promesse personnelle murmurée de façon honteuse « Chérie, je t’assure, je vais changer » au mantra collectif et volontariste déclamé à haute voix « Il faut changer les hommes! » Une idée louable mais étonnamment à contrecourant d’autres tendances fortes que sont l’augmentation de la dé_iance envers les institutions, l’individualisation des modes de vie et un repli croissant sur la sphère familiale. Bref, c’est précisément au moment où les hommes n’ont jamais si peu formé un groupe social vaguement homogène qu’on s’adresse à eux comme à une masse composée d’êtres archaïques indistincts. Résultat, ces appels à l’amélioration de soi résonnent un peu comme une injonction infantilisante façon « manger-bouger », transformée ici en « bouger-changer ». Car si l’intime porte en lui une dimension politique, ce n’est pas à celle-ci de tenter de le transformer sur le mode du coaching intrusif. Les changements profonds (par envie ou besoin) passant évidemment par de multiples voies éminemment personnelles. Moralité: n’avoir en bouche que le changement est sans doute le meilleur moyen pour que rien ne bouge.
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