PRÊT À TOUT
GÉRALD DARMANIN PARLE BEAUCOUP TROP VITE, et sa voix n’a jamais le temps de se poser. Mais malgré l’insistance de son équipe, le ministre de l’Intérieur, nommé en juillet dernier, refuse catégoriquement de prendre des cours de théâtre. À 38 ans, c’est un jeune homme pressé, qui mange ses frites avec les doigts et ne supporte aucune contrainte. Son cabinet a renoncé à tenir son agenda à jour, et il faut harceler ses collaborateurs pour savoir où l’actualité va le faire rebondir. Autour de lui, tout s’adapte. « Je suis obsédé par l’idée qu’on peut considérer notre existence comme le compteur des secondes qui nous séparent de la mort, théorise-t-il. C’est une perspective qui change la manière dont on vit. » Trois ans après son entrée au gouvernement comme ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin incarne à lui tout seul le tournant régalien du quinquennat, la ligne sécuritaire censée parler aux classes populaires et sur laquelle Emmanuel Macron fonde désormais ses chances de réélection en 2022. Aux avant-postes – place Beauvau pour présenter sa « politique du résultat » ou dans les commissariats de cités attaqués aux mortiers – le vibrionnant ministre met en scène avec zèle l’autorité de l’État. Mais, aiguillonné par son chronomètre existentiel, Darmanin l’ambitieux avoue aussi être « toujours dans le coup d’après ». D’où les soupçons tenaces, nourris par une partie de l’entourage du Président, méfiant à l’égard de ce transfuge de droite: « Darmanin sera-t-il le Macron de Macron? »
UN PRO DE LA COM’ EN CDD
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