COMMENT LE WARGAME A "PRESQUE" GAGNÉ LA GUERRE DU PACIFIQUE
Le wargame naît à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, où il porte le nom de Kriegsspiel. Il s’agit le plus souvent d’une modernisation des échecs : on déplace des pièces sur un plateau découpé en un nombre toujours croissant de cases. Il ne s’agit plus de tours et de fous aux mouvements rectilignes et abstraits, mais de grenadiers, de hussards ou de canons disposant d’une mobilité propre. Les cases sont différenciées en fonction du terrain qu’elles représentent. Certaines sont infranchissables à certaines troupes, mais offrent le couvert à d’autres. Bientôt, de nouveaux auteurs intègrent une part de hasard, par le biais du jet de dés, qui détermine si l’unité visée est ou non détruite. Il s’agit ni plus ni moins que d’intégrer la fameuse « friction » chère à Clausewitz, cet élément imprévu qui vient souvent contrarier les plans les plus minutieux et les calculs les plus savants, et qu’il est si difficile de quantifier. L’outil Kriegsspiel se perfectionne au point qu’en 1824, il est présenté au chef d’étatmajor de l’armée prussienne, von Müffling. Au départ sceptique, celui-ci finit par s’enthousiasmer pour ce jeu qui n’en est pas un : « c’est une formation à la guerre ! », s’exclame t-il. Il faut dire que le jeu d’origine s’est beaucoup perfectionné : les cases ont cédé le pas à de véritables cartes d’état-major et les résultats des dés s’appuient désormais sur des statistiques relatives à l’efficacité des armes à feu. Enfin, des facteurs aussi divers et essentiels que le moral, la ligne de vue ou les délais de transmission des ordres sont intégrés.
Une pratique contestée
Cet outil de formation des officiers supérieurs au sein de l’académie militaire de West Point rencontrent un obstacle de taille. En 1869, le général Sherman lui-même se déclare opposé à l’introduction d’une telle pratique : « […] »
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