L’EMPEREUR, SANS PLAN, S’ÉCHOUE À SEDAN
En juillet 1870, on s’illusionne, Napoléon III en tête : on pourra disposer en deux semaines de 400 000 hommes aux frontières ; les États du Sud de l’Allemagne resteront neutres ; et pourquoi pas espérer une alliance avec une Autriche avide de revanche contre la Prusse (voir p. 34) ? L’Empereur ordonne donc le 11 juillet de prendre les dispositions pour une offensive générale en ne constituant qu’une seule armée au nom trahissant les nouvelles dispositions : « l’armée du Rhin », dont il prendra lui-même la tête. À la mobilisation, quatre corps (2e , 3e , 4e et 5e ), la Garde ainsi que la réserve de cavalerie sont ainsi rassemblés en Lorraine sur un large front Thionville-Bitche, centrés face à la trouée de Sarrebruck. Objectif :l’invasion de la Sarre, la traversée du Rhin et la remontée de la vallée du Main pour isoler la Prusse de l’Allemagne du Sud. Deux corps (1er et 7e ) flanquent le gros de l’armée en Alsace, tandis qu’un seul (le 6e ) se rassemble à Châlons pour constituer la réserve stratégique.
En quelques jours, il faut le reconnaître : contrairement aux prévisions, l’armée, totalement désorganisée par une mobilisation erratique, est incapable de passer à l’offensive; les États allemands du Sud répondent sans hésitation à l’appel de la Prusse et l’Autriche reste neutre. Le 30 juillet, l’Empereur doit renoncer à son plan grandiose mais n’ordonne pas pour autant de revenir aux dispositions initiales. Résultat, l’initiative opérationnelle est laissée à l’ennemi tandis que l’armée française n’a plus le moindre plan offrant un cadre d’action à ses chefs de corps dispersés.
Tel n’est pas le cas de l’armée allemande. Dès le 6 mai 1870, Moltke a tracé les grandes lignes de la campagne dans un mémorandum à l’intention du Grand Quartier général : « » C’est exactement le plan qui sera suivi, Moltke ne faisant autour de Trêves (Steinmetz), II à Mayence (prince Frédéric-Charles de Prusse), III à Spire ( Kronprinz Frédéric), se contentant d’abord de faire observer l’ennemi par des avant-gardes de cavalerie. Puis, constatant que l’offensive française ne vient pas, il ordonne le 26 juillet aux trois armées de faire mouvement vers la frontière, la III en direction de Strasbourg, les I et II en direction de Metz.
