JAPON CONTRE RUSSIE, L’ÉPREUVE DE VÉRITÉ POUR LES CUIRASSÉS
Si les opérations terrestres de la guerre russo-japonaise préfigurent les combats de la Première Guerre mondiale – tranchées, mitrailleuses, artillerie à tir rapide et pertes colossales… –, son volet naval évoque autant l’ère de Nelson qu’il n’annonce la bataille du Jutland. Quand éclate le conflit le 8 février 1904, la technologie navale se trouve au beau milieu d’une époque charnière. Depuis près de vingt ans, les innovations se succèdent en effet à un rythme effréné dans tous les domaines: propulsion, blindage, armement, conduite de tir, commu ni ca tions… Mais aucune n’est encore aboutie. Ingénieurs et amiraux avancent à tâtons, s’efforçant de trouver la meilleure combinaison, mais sans pouvoir en tester la validité. Fer de lance et fierté des marines de guerre, les cuirassés incarnent alors plus que toute autre classe de bâtiments ces efforts pour gagner la suprématie navale, mission pour laquelle ils sont conçus. Tous les experts ont donc les yeux rivés sur les combats d’Extrême-Orient, anxieux d’en connaître le résultat, et d’en tirer les leçons.
À distance de combat – moins de 10 000 m encore à l’époque –, il serait difficile de discerner les cuirassés du tsar Nicolas II de ceux de l’empereur Mutsuhito et pour cause: ils sont tous sortis en quelques années des mêmes arsenaux européens. Ainsi, même si c’est le Français Émile Bertin qui a accouché de la marine impériale japonaise victorieuse de la Chine en 1894-1895, c’est
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