Diapason

Schubert Symphonie no 8 « Inachevée »

Au tournant des années 1820, Franz Schubert est connu à Vienne d’abord pour ses lieder. Ses symphonies, jouées uniquement lors de réunions informelles de musiciens amateurs, ne sont familières que d’une poignée d’amis et de mélomanes. Une fois terminée sa 6e en 1818, Schubert change de braquet : deux fragments – D615 (1818) et D708 (1821) – le montrent s’émancipant du modèle classique auquel il s’est jusqu’ici tenu et essayant de faire sauter un verrou qui doit beaucoup à la mainmise de Beethoven sur le genre. Schubert y parvient en 1822 avec la Symphonie en si mineur dont la tonalité saturnienne n’est celle d’aucune symphonie de son écrasant rival. Il a alors vingt-cinq ans.

Une usine à fantasmes

Cette victoire peut sembler tronquée car Schubert s’arrête au terme du deuxième mouvement. Enfin, pas tout à fait : il laisse une ébauche de scherzo, partiellement orchestrée. L’Allegro moderato et l’Andante con moto, qui s’imposeront sous le titre de Symphonie « Inachevée », sont créés à Vienne en 1865 seulement, après qu’Anselm Hüttenbrenner – un ami de Schubert – eut mis à disposition le manuscrit qu’il avait jalousement gardé quatre décennies durant.

Réel ou supposé, l’inachèvement de l’œuvre suscite depuis toujours fantasmes et interrogations. Schubert s’est-il arrêté pour honorer la commande aussi providentielle que rémunératrice de la ? Prit-il conscience de l’incongruité à adjoindre un scherzo aux deux premiers mouvements déjà à trois temps de Beethoven ? Le mystère reste entier, même si plusieurs musicologues (Brian Newbould, Mario Venzago, Benjamin-Gunnar Cohrs) se sont risqués à terminer le travail… sans réellement convaincre.

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