LE RING EN DISQUES
Vous ne ferez pas le tour du plus vaste chef-d’œuvre lyrique que l’Occident a enfanté en une seule version. Solti (en studio, spectaculaire) et Böhm (, plus théâtral et poétique) ont longtemps constitué la meilleure introduction à l’inépuisable saga. Jusqu’à ce que Testament exhume, au stéréo de l’Histoire, gravé par Decca en 1955 et longtemps resté inédit pour de sombres questions commerciales : enfin, on pouvait entendre les héros du Nouveau Bayreuth dans la plénitude de leurs moyens, choyés par la baguette d’un Keilberth ivre de sang et de larmes. La vérité scénique et vocale du , c’est ici désormais qu’on la trouve, parée de ses plus vives couleurs. Pour aller plus loin, écoutez la lecture cosmique de Furtwängler à La Scala de Milan, avec la Brünnhilde radieuse de Kirsten Flagstad et le Siegfried de Max Lorenz (labels divers, 1950). Trois ans plus tard, Clemens Krauss frappe un coup de tonnerre : tempos rapides, angles vifs, légèreté caractérisent sa conception tout en nerfs; les gloires du Nouveau Bayreuth (Hans Hotter, Astrid Varnay, Ramon Vinay, Gustav Neidlinger…) sont au diapason (Orfeo, 1953). A l’opposé, Knappertsbusch n’a pas son pareil, à la même époque, pour façonner la masse orchestrale en un vaste flot, délaissant le détail au profit de la grande architecture; plusieurs de Bayreuth existent sous sa direction, celui de 1956 avec Hotter, Varnay, Windgassen, Gré Brouwenstijn est le plus accessible (Orfeo). On revient aussi souvent s’abreuver à la source Karajan qui, avec ses Berliner Philharmoniker et des voix plus lyriques qu’héroïques, invente en studio une nouvelle manière de jouer et de chanter Wagner. Le devient une symphonie de chambre rehaussée par d’infinies séductions instrumentales, un drame en musique où le mot est aussi soigné que la note. Enfin, en DVD, impossible de se passer de la mise en scène légendaire de Patrice Chéreau : alliée à la direction fulgurante de Boulez, cette vision n’a rien perdu de sa force et vous fera oublier des carences vocales rachète un art de l’incarnation chauffé à blanc.
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