CHRONIQUE Féministe ta mère #2
« On peut perdre un temps fou à chercher des lunettes. Surtout celles de ma mère. Donc, je garde les yeux rivés dessus. Donc, quand elle les pose à côté de son journal, je l’entends à peineMais je frémis quand elle ajoute : Je me fige quand elle conclut : Et je bondis: Je peux perdre en nuances sur ces sujets-là. Surtout avec ma mère. Parce qu’elle l’a vécue, cette libération sexuelle. Alors elle ne peut pas confondre désir et violence sexuelle. Elle ne peut pas croire que ce qui motive un agresseur et, au fond, le dédouane, c’est une minijupe. Elle doit savoir que c’est sur ce faux prétexte, celui d’une sexualité masculine pulsionnelle, déclenchée par le moindre morceau de chair, qu’on a mis les femmes sous cloche. La différence avec sa jeunesse, c’est qu’on en parle. Au début des années 80, on a défini le cadre de ce qui était permis : le viol est entré dans le code pénal tel qu’on le connaît aujourd’hui. Vingt ans plus tard, on a compté : dans notre beau pays, une femme est violée toutes les 7 min . En 2017, #BalanceTonPorc n’a pas démultiplié les porcs : ils étaient là avant. Les plaintes pour violences sexuelles en gendarmerie, elles, ont explosé. Mais glissent sur ma mère : Sauf que quand elles se sont mariées, on parlait encore de devoir conjugal : même les dents serrées, elles y allaient. Nous, depuis 2006, la loi nous reconnaît la possibilité du viol conjugal. Alors non, elles n’ont pas été moins violées. Elles l’ont juste accepté. Ton ouvert sur toutes ces Corses qui tweetent #Iwas le prouve : ce qui a bougé, c’est notre seuil de tolérance. Là, je lui ai tendu ses lunettes. Elle s’était remise à les chercher. »
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits