Machines à suer
Aprilia Tuono V4 1100 Factory / Ducati Streetfighter V4 S / Kawasaki Z H2 / KTM Super Duke 1290 R / MV Agusta Brutale 1000 RR
Les hyper-roadsters ne seraient-ils pas devenus complètement cintrés? Si, avec leur niveau de puissance démesuré, on serait presque tentés de négliger l’action du « contrôle-clignotant » pour déboîter, le coup d’oeil dans le rétro laisse quant à lui voir s’éloigner à vitesse Grand V l’époque pourtant pas si lointaine où des machines telle l’Aprilia Tuono V4 1000 R et ses 162 chevaux nous scotchaient littéralement. Certes, nous avions connu encore plus puissant avant, avec entre autres machines du tonnerre, la Suzuki 1300 B-King et ses 184 chevaux (encore que nous autres, Frenchies, étions censés ne pouvoir en goûter que 106) mais pourtant, la Tuono V4 R de 2011 reste comme une référence, elle qui, avec son 4-cylindres en V de RSV4 ramené à 160 chevaux, venait prendre par surprise le monde du gros roadster. Dans le rétroviseur toujours, la même année, la catégorie se bastonne donc à coups de Tuono V4 R, Benelli TNT 160 (158 ch), Ducati Streetfighter 1098 (155 ch) et aussi MV Agusta Brutale 1090 RR (158 ch). Celles-ci ont alors déposé en marche les roadsters 1000 cm3 japonais, qui semblent s’interdire définitivement de franchir le cap des 150 chevaux… En 2014, la BMW S 1000 R débarque à son tour, avec 160 chevaux. L’allemande à moteur de S 1000 RR (193 chevaux à l’époque) imaginait bien remuer tout ce beau monde sauf que la même année, c’est KTM qui assomme la catégorie: la Super Duke R est née et avec 180 chevaux dans les manivelles! 2016: Yamaha décline enfin son fabuleux 4-cylindres Crossplane en une MT-10 des plus communicatives mais sans non plus dépasser le cap des 160 chevaux… Et pendant ce temps-là, la Suzuki GSX-S 1000 sortie en 2015 reste sur un score de 143 chevaux, la Kawasaki Z 1000 à 142 et la Honda CB 1000 R à 145.
Entre deux suées, on vous dresse le topo
Nous voilà en 2020: nouvelle KTM Super Duke R, nouvelle Kawasaki Z H2, nouvelle Aprilia Tuono V4 1100 à suspensions électroniques, nouvelle Ducati Streetfighter V4 et nouvelle MV Agusta Brutale 1000 RR! Du lourd, de l’extra-lourd même, avec des chiffres délirants, des valeurs qui décapent, quasi surréalistes. Ainsi la barre des 200 ch est-elle tombée, brisée, dégommée à grands coups de régimes moteur inavouables, soufflée par le compresseur centrifuge de la Z H2. Il fut un temps encore pas si lointain (et un brin démagogique, on peut le dire) où l’argument principal de l’achat d’un roadster tenait pour certains en cette volonté de se calmer au guidon. Genre: « Ouais, mais là non, pour moi c’est trop, j’arrête, je revends mon hypersportive pour un roadster, avec le grand guidon et sans le carénage, comme on prend plein la poire, au moins je roulerai moins vite. » Mais bien sûr… moi aussi parfois, je me raconte des histoires, comme ça, juste pour me conforter dans des choix un peu déjantés… Plus vicieux encore: opter pour un roadster… avec des demi-guidons bracelets et 208 ch dans le bouilleur! C’est ça, optons donc pour la MV Agusta Brutale 1000 RR, il n’y a évidemment rien de plus approprié pour canaliser un bonhomme un peu trop porté sur la poignée de gaz… Allez, entre deux grosses suées, on vous fait un topo détaillé sur les tenants et les aboutissants de cette classe à part, celle des hyper-roadsters de dernière génération qui n’avait peut-être pas tout à gagner à s’emballer de la sorte…
Agiter devant les yeux de cinq garçons les clés de ces appareils relève du sadisme! J’en ai un là qui bave, un ici qui tourne de l’oeil et qui dans deux secondes terminera en croix dans l’herbe, un autre qui halète comme
