Propulsion spatiale La tentation nucléaire
Mardi 26 mars 2019, Huntsville, Alabama. En plein discours devant le Conseil national de l’espace, le vice-président des États-Unis, Mike Pence, brise officiellement un tabou: “Alors que nous continuons à pousser plus loin dans notre Système solaire, nous aurons besoin de nouveaux moyens de propulsion innovants pour nous y rendre, y compris l’énergie nucléaire.” Cette référence explicite à l’atome déclenche des applaudissements nourris dans la salle bourrée d’ingénieurs de la Nasa. Chacun a bien compris le message, qui pourrait se résumer à peu près en ces termes : mettez-moi au point une fusée nucléaire pour envoyer des hommes sur Mars !
Ce n’est pas tout à fait une surprise : depuis plusieurs années déjà, les rapports de l’agence américaine, les études et présentations en conférence fourmillent d’allusions à la propulsion nucléaire ; l’administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine, en parle lui-même régulièrement avec un enthousiasme non dissimulé. Mieux, le Congrès américain alloue désormais des crédits pour explorer cette technologie: pas moins de 125 millions de dollars lui ont été consacrés en 2020. Et, actuellement, une dizaine de laboratoires et d’industriels planchent discrètement, mais sûrement, sur le sujet. “Il n’y a aucune ambiguïté : les Américains veulent disposer, d’ici quelques années, d’un démonstrateur de fusée, lâche Stéphane Oriol, responsable des concepts avancés au centre national d’études spatiales (Cnes).
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