Quelle responsabilité pour le photographe de paysage ?
Marc Chesneau est photographe de paysage. Depuis des années, il arpente les Îles Féroé auxquelles il vient de consacrer un livre : Føroyar, le pays du peut-être, aux éditions Goodpix.
➤ Je me pose évidemment des questions sur la façon de faire des images et de montrer mon travail. Mais je ne déroge pas à la règle et suis moi-même séduit comme beaucoup par le voyage qui semble tant nous ouvrir l’esprit. Je me suis d’ailleurs focalisé sur les Féroé. Il faut savoir que là-bas, les autorités ont adopté il y a plusieurs années une stratégie touristique basée justement sur les photographes de paysages. Elles ont très vite compris que leurs meilleurs ambassadeurs étaient avant tout les photographes.
Résultat, la popularité croissante de l’archipel a fait changer d’échelle son industrie touristique. Je me souviens qu’au départ d’une marche “gratuite” l’année dernière, il n’y avait rien de plus qu’un chemin de terre avec de gros nids-de-poule et un pseudo parking pouvant accueillir cinq voitures tout au plus. Aujourd’hui, la route est fraîchement goudronnée, un bâtiment modulaire et un petit café s’y sont installés, avec un parking de 25 places. Et il faut désormais débourser 25 euros pour cette marche. Autre exemple de l’impact du tourisme sur les sites incontournables des Îles Féroé : certains propriétaires de terres privés ont voulu à juste titre tirer parti du tourisme. Ils rendent par exemple l’accès à des sites naturels payant et installent des portillons avec lecteur de carte bancaire au beau milieu de nulle part... Montrer le “beau” a un revers. Beaucoup de gens souhaitent se l’approprier, en croquer un morceau pour goûter aussi aux joies des émotions de la nature. Peut-on le leur reprocher ? Non,
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