Le triomphe de la peur
où une adolescente de 16 ans exprimant, avec les mots de son âge et de sa passion encore enfantine, le mal qu’elle pense d’une religion se retrouve menacée – – déscolarisée pour éviter d’être – et, pire, soumise à l’enquête d’un procureur pour incitation à la haine raciale. Dans ce pays, aucune association de défense des droits de l’homme ne proteste ni n’exprime sa solidarité avec celle dont la vie a soudainement basculé dans la clandestinité, au moins pour un moment. Pas plus de réaction du côté des ministres que des principales associations féministes ou LGBT, des artistes et des « progressistes ». On tourne la tête, on sifflote vers le ciel, on regarde ses souliers avant de se choisir des indignations à la mode que l’on épousera avec d’autant plus d’ardeur qu’elles n’exposent à aucun risque. Tiens, boycottons le film d’un cinéaste américain de 86 ans, par exemple. Le porte-parole du très officiel conseil représentatif du culte concerné, lui, se réjouit que la faute de cette mineure ait entraîné une avalanche de promesses de mort : , dit-il au micro d’une télé, bombant le torse. Et pourtant, le seul tort de cette jeune blasphématrice fut d’utiliser un droit de critique consacré par la justice de son pays. Sa faute fut de croire qu’elle vivait dans une contrée où, après des siècles de combat et une révolution, l’on s’était débarrassé du respect obligé dû à Dieu. Pour mieux respirer, créer, inventer ou être égaux entre sexes. Et aussi parce que Dieu finit toujours par se choisir des porte-parole armés ou vociférants qui grignotent nos libertés les unes après les autres. Aujourd’hui, je me demande ce que pense cette adolescente. Comment elle regarde ceux qui se taisent et ne font rien. Quel enseignement elle en tirera sur ce que nous sommes.
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