Sept

Tu parles… Charb!

Afin de témoigner notre attachement à la liberté de la presse, la rédaction de Sept publie des extraits de l’interview de feu le rédacteur en chef et dessinateur du journal satirique Charlie Hebdo parue en été 2013 dans la revue Charles . A cette époque-là, Charb vit sous protection policière depuis deux ans déjà. Protection qui a été renforcée encore en mars 2013 lorsque le journal en langue anglaise, Inspire , financé par Al-Qaïda au Yémen, a publié sa photo avec la mention: «WANTED Dead or Alive».

Ton choix est fait: tu veux devenir dessinateur.

Oui. Je serai publicitaire pour être dessinateur. J’entame donc un BTS de pub à Paris, j’y reste trois mois et je me barre, dégoûté du milieu de la pub. Le dessin et le graphisme avaient une toute petite part là-dedans, et on parlait aussi beaucoup d’économie, de gestion, tout ce qui était lié au métier publicitaire, avec une vision très à droite, très libérale. Les consommateurs étaient nos ennemis, et plus encore, l’annonceur, la marque. Le jour où j’ai pensé que ce n’était plus possible, c’est quand le mec qui venait nous donner un cours nous a expliqué que les publicitaires étaient les Michel-Ange de l’an 2000. Là, j’ai dit à mes parents que j’arrêtais. Ils étaient un peu catastrophés. J’ai commencé à chercher du boulot dans le dessin de presse, à envoyer mes dessins à droite, à gauche. J’ai fait des petits boulots: au cinéma Utopia qui était indépendant, ils faisaient un programme que je pouvais illustrer. C’étaient des «travaux d’utilité collective» à l’époque. Après, j’ai été surveillant à Argenteuil dans la ZUP (zone à urbaniser en priorité). La galère a duré trois, quatre ans. Mes parents ne m’ont jamais fait chier. Quand je gagnais du fric, je leur payais un loyer, j’avais toujours ma chambre chez eux.

Tu ne désespérais pas?

Non, je plaçais mes dessins de temps en temps dans des journaux professionnels qui crevaient avant de me payer, ou qui ne me payaient pas du tout. Mais je voyais que c’était possible. Je notais les adresses de journaux avant de monter sur Paris, et je faisais la tournée des directeurs artistiques (à l’époque, il n’y en avait plus beaucoup), mais , édité par Jean-Cyrille Godefroy, un journal satirique qui ressemblait étrangement à , dans lequel il y avait certains anciens, dont Cabu et Philippe Val qui en devint rédacteur en chef assez vite. J’y suis allé. La première semaine, ils ont passé l’un de mes dessins. La deuxième, ils m’en ont passé deux. J’ai réussi à avoir un dessin dans le numéro 3 ou 4, et j’y suis retourné régulièrement. Ils m’en ont pris deux, trois, quatre, puis ils m’ont proposé un fixe, une somme pour dessiner au forfait. J’étais très content. Parallèlement à ça, j’étais encore surveillant. Mais la rentrée d’après, en 1992, j’ai arrêté, car on s’est barré de pour refonder , avec une partie des gens de , et surtout tous les anciens de .

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