C’est un petit livre noir qui fera beaucoup parler ; 104 pages intitulées Quelques Mois dans ma vie (Flammarion). Michel Houellebecq y consigne deux débordements, polémiques, erreurs ou quiproquos qui ont bouleversé sa vie. À la fin de l’année 2022, l’écrivain acceptait de tourner avec sa femme Lysis dans un « film érotique » pour une plateforme vidéo qu’il a crue gratuite. Un contrat mal lu, trop vite signé et Houellebecq se trouve dépossédé de son droit à l’image, ravalé au rang de vulgaire comédien de X, et perd le contrôle des scènes qu’il a tournées. À peu près au même moment paraît dans Front populaire un dialogue fleuve entre l’auteur et le philosophe Michel Onfray. Y sont abordés tous les sujets chauds du moment dont évidemment la question de l’islam. Bien qu’il ait relu l’entretien, Houellebecq laisse passer quelques phrases qui, selon lui, ne reflètent pas sa pensée. S’ensuivent des semaines de polémiques lors desquelles il change ses propos, demande (en vain) le retrait de la vente de la revue et finalement se fâche avec Onfray et Stéphane Simon, les deux responsables de la publication. Annus horribilis, aurait dit la défunte reine Elizabeth II. « Pour la première fois dans ma vie, je me sentis traité, absolument, comme l’objet d’un documentaire animalier; il m’est difficile d’oublier ce moment », rétorque l’auteur de Soumission.
Pendant de longues semaines, il perd le contrôle de sa vie et se retrouve en spectateur de sa propre existence. C’est cette douloureuse expérience qu’il couche sur le commencé dans la soirée du 31 mars mais aussi une sociologie des médias, une anatomie de deux « scandales médiatiques », un constat d’impuissance, et une analyse lucide sur le mode « ça n’arrive qu’à moi »…