MilK

BEATRICE ALEMAGNA

Si elle est née et a grandi à Bologne en Italie, Beatrice Alemagna a fait de Paris sa ville d’adoption. Dans une petite ruelle à deux pas du canal Saint-Martin, l’artiste partage son temps entre création et vie de famille, maman d’Olimpia, 8 ans, et Mimosa, 3 ans. « Olimpia, pour Olympe de Gouges (femme de lettres française considérée comme l’une des pionnières du féminisme, N.D.L.R.), qui me fascine et me donne beaucoup d’espoir en la femme actuelle ; Mimosa, parce que je voulais un prénom de fleur original qui fonctionne en italien et en français. Elle est née grande prématurée et le fait qu’elle soit toute petite à la naissance m’a fait penser aux boules du mimosa que j’adore… », explique Beatrice, dont le talent est de conter les. Ce livre, autobiographique, symbolise ma revanche. Ce lion, c’est moi qui trouve enfin ma place à Paris… » Une ville où Beatrice vit depuis plus de vingt ans : « Du coup, je ne me sens ni italienne ni française, mais étrangère un peu partout… C’est une condition étrange mais inspirante au niveau artistique. Cela me donne l’impression d’être toujours un peu ailleurs. » Mais pourquoi avoir choisi la France ? En 1996, après quatre années d’études de graphisme à Urbino, Beatrice participe au concours d’illustration du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil et remporte le premier prix. Une expérience qui lui permet d’explorer l’édition française et d’en faire une certaine analyse : « J’ai eu la chance d’être nourrie de littérature jeunesse dès mon plus jeune âge, et j’avais remarqué le raffinement de la France en la matière : , les versions illustrées de Prévert… Je trouvais que la littérature française laissait place à la folie. Loin de réduire le livre à une berceuse pour les idées et les yeux accompagnant au sommeil, comme le considèrent les Anglo-Saxons, les Français voient en lui un outil permettant à l’enfant de faire son expérience. S’il expérimente la peur ou la tristesse, ces émotions lui seront familières, et il aura plus de bagage. Et puis les éditeurs français sont plus audacieux. Ils font des ponts entre les disciplines, liant le dessin à l’architecture ou au graphisme. Il y a de grandes différences éditoriales entre les pays, et je ne crois pas qu’à la fin des années 1990, les Italiens auraient été prêts à recevoir mes dessins au trait faussement maladroit. L’existence de maisons avant-gardistes telles que le Seuil ou les Éditions du Rouergue est l’une des raisons pour lesquelles je suis venue à Paris : pouvoir faire mes propres livres sans avoir à rendre compte à quiconque de leur contenu. » Séduite par cette ouverture d’esprit et considérant davantage le livre comme un lieu d’exposition, sorte de galerie portative dans laquelle elle peut exprimer ce dont elle a envie, Beatrice s’installe à Paris où elle esquisse ses premiers dessins. Autodidacte, elle expérimente un trait singulier,

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de MilK

MilK8 min de lecture
13 Familles, 4 Murs Et 1 Toit
Le jour où le mari de Magali quitte le domicile, celle-ci est loin de soupçonner le parcours du combattant qui l’attend. Mère de deux ados de 12 et 15 ans dont elle a la garde exclusive, elle entame, confiante, la recherche d’un nouveau logement en r
MilK6 min de lecture
Angèle Ferreux-Maeght, Ambassadrice « Du Bon, Du Beau Et Du Sain »
Elle en a fait sa signature culinaire. Angèle Ferreux-Maeght, cheffe naturopathe, se distingue par sa cuisine végétale vivante et haute en couleur sur laquelle elle appose les principes fondamentaux de la naturopathie. Sa plébiscitée Guinguette d’Ang
MilK1 min de lecture
Édito
Le corps d’une mère est pour son enfant le premier territoire. La mannequin Nami, en couverture de notre numéro, incarne ce refuge pour sa fille Solal, âgée de 2 mois seulement au moment de notre prise de vue dans leur loft parisien. La fusion totale

Associés