The Good Life

Modane

  « chef-d’àuvre », « joyau » : une tornade de superlatifs consacre ce temple des essais aéronautiques, construit juste après la Seconde Guerre mondiale et aujourd’hui plus que jamais prisé des grands industriels de l’aviation. Impossible d’évoquer la portée de cette S1MA – soufflerie 1 de Modane-Avrieux – sans parler la langue de l’infiniment grand : une structure de 22 000 tonnes, 400 mètres de tubes, deux énormes ventilateurs (100 tonnes chacun) de 15 mètres de diamètre. De loin la plus imposante des douze souffleries de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera) – dont huit sont implantées à Modane, en Savoie –, la géante permet aux aéronefs les plus impressionnants d’y tester leur aérodynamisme sur des maquettes de 4 à 5 mètres d’envergure. Le principe de cette soufflerie : une force hydraulique alimente La mission revêt un caractère stratégique, car ce ne sont pas pour de simples retouches que les avionneurs font le déplacement dans ce repli discret de la vallée de la Maurienne, mais bel et bien pour rendre irréprochable leur trésor en gestation. Certaines erreurs majeures sont parfois décelées, puis corrigées, à la suite d’une campagne d’essais. Ainsi de l’avion de combat A400, qui doit à ses passages par la grande soufflerie de Modane la résolution d’un problème de ravitaillement en vol des hélicoptères. Les avionneurs français ne sont pas les seuls à recourir à son expertise. Même si la direction de la soufflerie, tenue à un évident devoir de réserve, demeure discrète sur l’identité des industriels étrangers qui font appel à Modane, elle ne cache pas qu’ils sont nombreux. Plus de 50 % des revenus de la soufflerie proviennent de contrats industriels non européens. Ces essais sont programmés bien avant la phase de lancement commercial des avions. explique Patrick Wagner, Se passer de cette « répétition » peut coûter cher, comme on a pu le constater avec des crashs au décollage qui ont révélé, a posteriori, une erreur quant à la taille des volets sur les ailes d’un appareil. Mais cette prestation a un coût : 100 000 euros la journée, soit environ 1,5 million d’euros pour une campagne de deux semaines. Selon la complexité d’un projet, le coût des essais de développement oscille entre 10 et 40 millions d’euros. Mais aussi primordiale soit-elle, la sécurité optimale n’est pas l’unique ambition des avionneurs, obsédés, à juste titre, par des objectifs de rentabilité et de concurrence.

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