Gautier Picquet
chez lui, une belle et rare aptitude à ignorer les codes. Les dîners mondains en baskets et costumes chic, les cocktails aux saveurs de lobbying, tout cela semble filer au large de son épais collier de barbe. Quand d’autres dirigeants accordent leurs entretiens dans l’anonymat d’une salle de réunion, lui vous accueille dans son petit bureau bien à lui, peuplé d’objets et de photos qui lui sont chers. Et et pas très chaud pour faire des études de commerce (qu’il a quand même menées à bien!), se rêvait d’abord en chef de la haute gastronomie. Mais contre toute attente, c’est dans la pub que ce «non-Parisien», étranger au microcosme, ira décrocher ses étoiles. Son parcours s’amorce par un séjour d’une décennie chez Prisma, aux côtés d’Axel Gantz. se souvient-il. Puis il poursuit sa route à la barre de plusieurs agences: Mindshare (groupe WPP), Optimedia (Publicis) et Zenith, devenue ZenithOptimedia. Un périple que le CEO accomplit au càur de grands groupes – Nestlé, L’Oréal… – et dans l’effervescence d’une révolution numérique où il évolue comme un poisson dans l’océan. Gautier Picquet pilote et réorganise aujourd’hui cinq agences, dont la dernière-née, Spark Foundry, accompagne la marque Bel, ravie au groupe Omnicom au terme d’un appel d’offres par lequel le groupe laitier lui confie son budget média sur 22 marchés. Mission: réduire la «TV-dépendance» de Bel, et muscler son offre numérique. explique Gautier Picquet. Son rôle à la tête de Publicis Media France, il le compare à celui d’un chef d’orchestre. Une compétence qui vaut à son profil de pâtir d’un défaut notoire, qu’il cultive et revendique, non sans un zeste de gourmandise: celui de rester… chez lui, le soir, quand ses comparses courent les dîners mondains. Au grand dam d’Arthur Sadoun, le de Publicis, qui ne manque pas de le railler à ce sujet! Autre possible bémol dans cette symphonie bien rodée: une certaine propension à brûler les étapes – à son arrivée, en mars 2016, il pensait monter son équipe en trois mois, il lui en a fallu quinze de plus! – et à entraîner ses troupes dans un métier passion où les journées n’ont pas d’horloge, lui qui avale ses dix-huit heures de travail quotidiennes sans le moindre hoquet. Mais le bourreau de travail a le càur grand et l’esprit ouvert. On le trouve engagé à défendre les couleurs de Noemi, une association qui plaide pour la reconnaissance du handicap, de sa différence porteuse de valeurs positives. Et le non-matheux de citer Antoine de Saint-Exupéry: Dans son métier aussi, il s’essaie à naviguer à contre-courant des recrutements formatés. D’où ce rejet du CV auquel il ne croit pas. Le retour sur investissement de cette refonte du pôle média de Publicis ne se fait pas attendre – l’agence enregistre cette année l’une des plus fortes croissances du marché –, mais le meneur d’hommes sait qu’il doit maintenant appuyer sur l’accélérateur. Avec, dans ses traces, une Havas Media France et un groupM eux aussi dans les starting-blocks de la réorganisation. affirme Gautier Picquet. Et l’infidélité des clients une stimulante épée de Damoclès…
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