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L’œil critique

Avant de tourner son premier long, (1959), il fut le critique cinématographique le plus craint de son temps. Des centaines d’articles que Truffaut rédigea, l’histoire n’a gardé que quelques philippiques (« Si– comme s’il s’agissait de défendre par principe tout Hitchcock, tout Rossellini, tout Renoir. Ainsi est née la légende, celle d’un critique malpropre, sale gosse à qui on pardonne tout, injuste, arrogant mais génial, absous par les films qu’il tourna par après. Avec ces superbe somme des écrits du cinéaste pour la revue , Bernard Bastide balaye le mythe. Rappelons les faits : après un brûlot publié dans les contre les rentiers du septième art, Truffaut, 22 ans, entre en 1954 comme pigiste à , revue bien à droite. Il y restera quatre ans, rédigeant des articles dont l’intelligence émerveille et préserve des modes. Truffaut n’est pas un écrivain – son style est scolaire –, mais c’est un technicien génial, qui sait de quoi il parle, contrairement à ses confrères d’hier et d’aujourd’hui qui n’y connaissent rien. Éclairage, rythme, montage : il nous apprend mille choses que nous n’avions pas vues dans ou . C’est surtout un intellectuel : non pas un créateur de concepts, mais un œil critique qui se plie aux exigences de l’argumentation au lieu de penser au marteau. Qu’il aime ou déteste, son jugement n’est jamais gratuit, s’accroche à ce qu’il voit, prêt à se remettre en cause, y compris en cours de film. Trouble devant Bresson, hésitation devant Fellini ou Sirk, agacement devant Huston, intérêt prudent pour Vadim et Fuller, déception finale devant Becker : c’est une pensée ouverte, précise sans être docte, sévère sans être autoritaire. Un modèle, sans équivalent aujourd’hui.

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