Antoine Albertini*
Le regard pessimiste que je porte sur la
Corse est très probablement contaminé par mon activité de journaliste et par la réalité d’un terrain à mille lieues du décor de carte postale vanté parl’un de mes personnages affirme que et il y a effectivement deux “manières” d’être corse : soit on accepte sans broncher les codes sociaux qui régissent l’île en se consolant avec le beau temps et une solidarité villageoise sur laquelle on peut toujours compter, soit on est en permanence tiraillé entre ce qui est acceptable et ce qui l’est moins. Ces codes ont cependant évolué ces dernières années avec l’arrivée de capitaux liés au développement touristique. Avant, la logique du don et du contre-don était à la base de la sociabilité corse et l’on pouvait se payer le luxe d’être pauvre. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est le regard colonial que les Français continentaux portent sur les Corses. Au xixe siècle, des écrivains comme Maupassant et Mérimée y venaient pour rencontrer des bandits, qui participaient à l’exotisme du lieu. De nos jours, le continental atterrit sur l’île avec une même image préconçue des personnes qu’il va rencontrer – la palme revenant à l’énergumène qui clame haut et fort son soutien à la cause nationaliste… Amusez-vous à recenser, parmi les polars se déroulant en Corse, ceux qui mettent en scène un personnage indépendantiste: ils sont en majorité! Paradoxalement, les romans anglo-saxons offrent une image beaucoup plus juste de cette île et de ceux qui l’habitent. »
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