Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Bérengère, fille de roi
Le sphinx d'émeraude
Série de livres électroniques2 titres

3-Bérengère

Par Delly

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

À propos de cette série

Extrait
| I
Gaspard, dans son inquiétude et son désir exaspéré de savoir, avait osé se glisser jusqu’à la pièce précédant le cabinet de M. de Rochelyse. Là, il avait légèrement écarté la portière juste au moment où Wennaël baisait les beaux yeux qui le regardaient avec tant d’amour. Mais le mouvement du chien, son grondement, avaient fait fuir Sorignan, dont les pas étaient heureusement amortis par l’épaisseur des tapis... Et il était rentré dans la salle de garde, il s’était affalé sur un siège en frissonnant de colère et de désespoir. À ce moment-là, il avait compris, il s’était avoué que, bien réellement, il aimait Bérengère et que ce n’était pas seulement un intérêt compatissant pour l’enfant sans famille, sans expérience, qui faisait bouillonner son cœur d’une telle indignation contre M. de Rochelyse. « Cette pauvre petite Bérengère !... Cette pauvre petite Bérengère ! songeait-il en frissonnant. La voilà perdue ! Cet homme en fait son jouet... et puis il la rejettera et elle se trouvera avec une existence brisée, un cœur déchiré... Comme elle le regardait ! Pauvre enfant, comme elle l’aime ! »
Et Gaspard s’enfonçait les ongles dans la paume des mains en revoyant par la pensée les yeux éclairés d’une si ardente tendresse... et ces lèvres... ces lèvres odieuses s’appuyant sur les délicates paupières blanches, tandis que la ravissante jeune femme frissonnait de bonheur entre les bras amoureusement refermés sur elle.
Ah ! il aurait dû se jeter sur cet homme... tout braver, tout risquer, pour lui enlever Bérengère !... Et, cependant, il sentait bien qu’il n’aurait pas eu le dessus. Déjà, il savait, par ses compagnons, que le duc joignait à une prodigieuse force musculaire la plus extraordinaire adresse à l’épée. En un instant, le garde rebelle aurait été maté, désarmé... ou, plus certainement encore, réduit pour jamais à l’impuissance par une bonne lame passée à travers son corps. De cela, que serait-il résulté de bon pour Bérengère ?... Rien, absolument rien. Tandis qu’en patientant, qu’en cachant sa douleur et sa colère, il serait là si, un jour, elle se trouvait dans la détresse, dans le désespoir... il serait là pour la protéger, pour l’aider, s’il en était besoin.
Ainsi Gaspard ruminait-il ces pénibles pensées, au moment où avaient paru le duc et Bérengère... Et de les voir là, tous les deux, lui avait donné une telle secousse qu’il n’avait pu dissimuler sa pénible émotion....|
LangueFrançais
Date de sortie6 janv. 2020
Bérengère, fille de roi
Le sphinx d'émeraude

Titres dans cette série (2)

  • Le sphinx d'émeraude

    1

    Le sphinx d'émeraude
    Le sphinx d'émeraude

    Extrait | I Dans le jour terne tombant des hautes fenêtres étroites, la grande chambre paraissait infiniment austère et triste, avec ses murs couverts d’une tapisserie usée, ses meubles massifs en bois sombre, le lit à colonnes drapé de lourdes tentures foncées, la cheminée de pierre noircie où brûlait un maigre feu totalement insuffisant pour réchauffer, en cette aigre journée d’octobre, la malade grelottante dans son fauteuil à haut dossier sculpté. Le baron de Pelveden, de plus en plus dominé par le démon de l’avarice, surveillait jalousement la provision de bois rentrée à l’automne et comptait chaque bûche apportée dans l’appartement de sa femme. Mme de Pelveden serrait autour d’elle un vieux manteau doublé de fourrure datant de l’époque où, jeune encore, avide d’hommages et de plaisirs, elle était une des beautés en renom de la cour. Un fichu de laine noire couvrait en partie ses cheveux gris, cachait les oreilles et s’attachait sous le menton par une agrafe d’or ornée d’améthystes. Le visage, frais et vermeil qu’avait jadis chanté Pierre de Ronsard, n’était plus qu’un visage de vieille femme malade, blafard, creusé de rides, avec des yeux pleins de sombres pensées qui rêvaient dans l’ombre des paupières mi-baissées. Aux pieds de la baronne, sur un vieux coussin de velours, se tenait assise une fillette occupée à filer diligemment. Elle paraissait tout au plus quatorze ans. Sa robe de grossière étoffe flottait autour d’un corps délicat, visiblement amaigri. La petite tête fine semblait se courber sous le poids d’une chevelure d’un chaud brun doré, qui tombait en deux nattes de chaque côté d’un visage menu et charmant, très blanc, trop blanc même, un visage d’enfant qui souffre, qui s’attriste, avec ce pli aux coins de la petite bouche pourprée et cette ombre d’inquiétude dans les yeux d’un ardent bleu violet, sur lesquels frémissaient des cils presque noirs. Mme de Pelveden, tout à coup, parla : – Bérengère, y a-t-il encore une bûche dans le coffre ? – Non, madame, il n’y en a plus. Une lueur, où la colère et la souffrance se mélangeaient, passa dans le regard de la baronne...|

  • Bérengère, fille de roi

    2

    Bérengère, fille de roi
    Bérengère, fille de roi

    Extrait | I Gaspard, dans son inquiétude et son désir exaspéré de savoir, avait osé se glisser jusqu’à la pièce précédant le cabinet de M. de Rochelyse. Là, il avait légèrement écarté la portière juste au moment où Wennaël baisait les beaux yeux qui le regardaient avec tant d’amour. Mais le mouvement du chien, son grondement, avaient fait fuir Sorignan, dont les pas étaient heureusement amortis par l’épaisseur des tapis... Et il était rentré dans la salle de garde, il s’était affalé sur un siège en frissonnant de colère et de désespoir. À ce moment-là, il avait compris, il s’était avoué que, bien réellement, il aimait Bérengère et que ce n’était pas seulement un intérêt compatissant pour l’enfant sans famille, sans expérience, qui faisait bouillonner son cœur d’une telle indignation contre M. de Rochelyse. « Cette pauvre petite Bérengère !... Cette pauvre petite Bérengère ! songeait-il en frissonnant. La voilà perdue ! Cet homme en fait son jouet... et puis il la rejettera et elle se trouvera avec une existence brisée, un cœur déchiré... Comme elle le regardait ! Pauvre enfant, comme elle l’aime ! » Et Gaspard s’enfonçait les ongles dans la paume des mains en revoyant par la pensée les yeux éclairés d’une si ardente tendresse... et ces lèvres... ces lèvres odieuses s’appuyant sur les délicates paupières blanches, tandis que la ravissante jeune femme frissonnait de bonheur entre les bras amoureusement refermés sur elle. Ah ! il aurait dû se jeter sur cet homme... tout braver, tout risquer, pour lui enlever Bérengère !... Et, cependant, il sentait bien qu’il n’aurait pas eu le dessus. Déjà, il savait, par ses compagnons, que le duc joignait à une prodigieuse force musculaire la plus extraordinaire adresse à l’épée. En un instant, le garde rebelle aurait été maté, désarmé... ou, plus certainement encore, réduit pour jamais à l’impuissance par une bonne lame passée à travers son corps. De cela, que serait-il résulté de bon pour Bérengère ?... Rien, absolument rien. Tandis qu’en patientant, qu’en cachant sa douleur et sa colère, il serait là si, un jour, elle se trouvait dans la détresse, dans le désespoir... il serait là pour la protéger, pour l’aider, s’il en était besoin. Ainsi Gaspard ruminait-il ces pénibles pensées, au moment où avaient paru le duc et Bérengère... Et de les voir là, tous les deux, lui avait donné une telle secousse qu’il n’avait pu dissimuler sa pénible émotion....|

En savoir plus sur Delly

Auteurs associés

Lié à 3-Bérengère

Livres électroniques liés

Romance pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur 3-Bérengère

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots