La Mélenchonite urbaine
Par Patrick Soulard
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À propos de ce livre électronique
Pourquoi Jean-Luc Mélenchon exerce-t-il une telle fascination dans les grandes villes ?
Comment expliquer que son mouvement, loin de s'essouffler, continue de séduire une partie toujours plus large de l'électorat urbain, jeune, diplômé et connecté ?
Et surtout : qu'est-ce que cette dynamique révèle de l'état réel de notre démocratie ?
Dans La Mélenchonite urbaine, l'auteur propose une analyse lucide, audacieuse et parfois dérangeante du phénomène mélenchoniste.
À travers une enquête serrée mêlant sociologie électorale, étude des comportements politiques, exploration des imaginaires urbains et décryptage de la communication numérique, il montre comment la figure Mélenchon est devenue, dans certains territoires, bien plus qu'un simple choix partisan : une identité, une émotion collective, parfois même une réaction culturelle face aux fractures contemporaines.
Avec un style incisif et une argumentation précise, ce livre livre démontre comment se construit cette nouvelle adhésion politique, nourrie à la fois par le déclassement, l'hyper-connexion, la défiance envers les institutions et la puissance du récit insoumis.
Ni pamphlet gratuit, ni hagiographie, La Mélenchonite urbaine est un essai essentiel pour comprendre la recomposition profonde du champ politique français et les tensions qui traversent nos métropoles.
Un ouvrage stimulant, qui bouscule les certitudes et invite à regarder autrement ce phénomène qui façonne déjà les batailles électorales de demain.
Patrick Soulard
Né en 1979 en Auvergne Rhône-Alpes, Patrick Soulard s'impose comme une nouvelle voix du thriller français. Après s'être passionné des années durant pour l'actualité et les grandes affaires judiciaires, il se lance dans l'écriture à 44 ans. Mêlant réalité et fiction, il signe des romans noirs et d'investigation où s'entrelacent faits réels, tensions sociales et suspense haletant. À 46 ans, il fait de sa passion dévorante de l'écriture un art qu'il partage désormais avec ses lecteurs.
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Aperçu du livre
La Mélenchonite urbaine - Patrick Soulard
La Mélenchonite urbaine
Stratégie électorale et banlieues (2017-2027)
Sommaire :
Chapitre 1 – « De la marginalité à 22% : les sept vies de Mélenchon »
Chapitre 2 – Géographie de la colère : où vivotait l'électorat oublié
Chapitre 3 – Le vote musulman n'existe pas (sauf quand il vote Mélenchon)
Chapitre 4 – L'arsenal rhétorique : « décomplexé culturel » et antiracisme militant
Chapitre 5 – Endiguement : quand le RN devient le principal adversaire
Chapitre 6 – L'erreur de la Marche contre l'islamophobie (novembre 2019)
Chapitre 7 – Rima Hassan et le choix du pari risqué
Chapitre 8 – Les maires insoumis : laboratoires de la stratégie
Chapitre 9 – Le franchissement de la ligne rouge : antisémitisme et confusions
Chapitre 10 – Les chiffres parlent : 2017, 2022, 2024
Chapitre 11 – Les voix discordantes au sein de LFI
Chapitre 12 – Le NFP : une alliance contre-nature sous tension
Chapitre 13 – Les stratèges de l'ombre : conseillers et think-tank
Chapitre 14 – Alternatives et critiques : une stratégie sans avenir ?
Chapitre 15 – 2027 : vers un nouvel éclatement ou une victoire ?
La Mélenchonite urbaine
Stratégie électorale et banlieues (2017-2027)
––––––––
Chapitre 1 – De la marginalité à 22% : les sept vies de Mélenchon
Le 19 mars 2008, à 14h37, Jean-Luc Mélenchon franchissait les grilles du Sénat pour la dernière fois en tant que socialiste. Il venait d'annoncer sa démission de la présidence du groupe socialiste au sein de la Haute Assemblée, et ses pas résonnaient avec cette lourdeur particulière qui accompagne les ruptures historiques. Dans sa poche gauche, un discours dont il connaissait chaque virgule par cœur. Dans sa poche droite, une pièce de deux euros qu'il avait trouvée par terre – un signe, se dirait-il plus tard, que le hasard approuvait sa décision. Ce jour-là, personne, ni même lui, n'imaginait que quinze ans plus tard, ce même homme serait à la tête d'un mouvement captable de rassembler 22% des suffrages à la présidentielle, de remporter la majorité des votes dans une centaine de quartiers populaires, et de reconfigurer entièrement la gauche française.
Les racines météoriques d'un apparatchik
Pour comprendre la stratégie Mélenchon, il faut remonter bien avant 2008. Il faut remonter à la nuit du 4 novembre 1951, dans Tanger, où naît Jean-Luc d'une mère institutrice espagnole et d'un père fonctionnaire postal français. Cette double appartenance – entre la France et l'Espagne, entre la fonction publique et l'engagement culturel – façonne un esprit particulier. Mélenchon n'est pas un enfant de la bourgeoisie parisienne. Il est le produit de cette France moyenne qui croit à l'État comme levier d'émancipation.
Son parcours politique commence dans les années 1970, à l'Université de Franche-Comté, où il étudie la philosophie. Il y rencontre le marxisme non pas comme doctrine butée mais comme outil d'analyse du réel. En 1977, à 26 ans, il devient le plus jeune sénateur de France, élu dans le Doubs sur des listes communistes. Cette alliance PCF-PS, il la vit comme une nécessité historique, mais aussi comme une contrainte. Pendant vingt-cinq ans, il gravira tous les échelons du PS : conseiller municipal, conseil régional, sénateur, ministre délégué. Il sera celui qui écrit les discours de Lionel Jospin, celui qui négocie avec les syndicats, celui qui connaît les arcanes du pouvoir mieux que quiconque.
Mais cet apparatchik n'est pas un homme de compromis. Il est un homme de système. Il croit aux idées, aux grands récits, à l'histoire qui a un sens. Et à partir de 2002, il voit quelque chose se briser dans la machine socialiste. Le non au référendum européen, qu'il défend avec une verve croissante, le met en porte-à-faux avec la direction du PS. Les législatives de 2002, où le PS ne passe pas 25%, confirment son intuition : le cycle social-démocrate est fini.
La lente décomposition du socialisme européen
Entre 2002 et 2008, Mélenchon construit silencieusement son diagnostic. Il lit les auteurs qui comptent : Thomas Piketty sur les inégalités, Wolfgang Streeck sur la crise du capitalisme démocratique, Immanuel Wallerstein sur le système-monde. Il comprend que la social-démocratie européenne a fait trois erreurs fatales.
Première erreur : l'euro-enthousiasme aveugle. En adoptant l'euro sans clause de sortie, en acceptant le pacte de stabilité, le PS français s'est enchaîné à une logique de rigueur permanente qui l'empêche de mener une politique de gauche. Mélenchon le dit dès 2005 : L'euro sera le tombeau de la gauche socialiste.
Deuxième erreur : l'abandon du peuple. Le PS, devenu parti des cadres et des villes moyennes, a laissé derrière lui les classes populaires. Il a cru que la mondialisation heureuse suffirait. Il a oublié ceux qui subissent la délocalisation, la précarité, la perte de repères. Mélenchon le voit dans son fief du Doubs : les usines ferment, les ouvriers votent FN, le PS ne comprend rien.
Troisième erreur : la peur du pouvoir. Le PS a préféré gérer la crise plutôt que la transformer. Il a choisi la technocratie contre la politique. Il a perdu sa capacité à mobiliser, à rêver, à bâtir un récit collectif.
Cette analyse, il la confie à peu de monde. Il la note dans des carnets qu'il remplit chaque soir. Il en parle avec François Delapierre, son compagnon de route. Il teste ses idées dans des conférences à Brest, à Montpellier, à Lille. Et chaque fois, la salle est pleine. Chaque fois, des jeunes, des communards, des désillusionnés du PS viennent l'écouter. Il y a un appétit pour une gauche qui ne soit pas gênée de l'être.
Le déclic de 2008 : quand le monde s'effondre
Le déclic, c'est la crise financière de 2008. Mélenchon voit les banques s'effondrer, l'État socialiste appliquer des plans de sauvetage, et le PS, au pouvoir, ne pas remettre en cause le système. Il assiste à une réunion du bureau national du PS, en octobre 2008, où il propose de nationaliser les banques, de taxer les transactions financières, de sortir des traités européens. On le regarde comme un doux rêveur. Ségolène Royal lui répond : Jean-Luc, nous sommes au gouvernement, pas dans un séminaire de philosophie.
Cette phrase le marque. Il comprend qu'il ne peut plus changer le PS de l'intérieur. Le PS est devenu un parti de gouvernement, pas un parti de transformation. Il doit le quitter. Mais pas seul. Il doit emporter avec lui la partie du peuple socialiste qui reste fidèle à l'idée d'une rupture avec le capitalisme financier.
La création du Parti de gauche : première vie d'un révolutionnaire institutionnel
Le Parti de gauche, créé en novembre 2008, n'est pas une scission comme les autres. Mélenchon ne veut pas créer un nouveau parti sectaire. Il veut créer un parti-événement, un outil de mobilisation permanente. Son discours de fondation, à Saint-Ouen, est un manifeste : Nous ne sommes pas des élus qui défendent des mandats. Nous sommes des militants qui construisent un mouvement.
Le PG se distingue par trois innovations organisationnelles. D'abord, l'absence de cotisation fixe. On donne ce qu'on veut. Les ouvriers donnent 5 euros, les intellectuels 50. C'est un parti du don, pas de la cotisation.
Ensuite, la révolution numérique. Mélenchon, qui a découvert Internet en regardant ses enfants sur MSN Messenger, comprend le pouvoir des réseaux. Il crée un site, melenchon.fr, où il blogue tous les jours. Il développe des réseaux de militants sur Facebook, Twitter (qu'il rejoint en 2010). C'est le premier parti français à avoir une stratégie numérique cohérente.
Enfin, l'internationalisation. Mélenchon crée le Front de gauche avec le PCF, mais il rêve plus large. Il veut un parti européen, un mouvement transnational contre l'austérité. Il rencontre Podemos, Syriza, Die Linke. Il fonde l'initiative L'Altermondialisme
en 2010. Il est déjà en 2024, avant l'heure.
Pourtant, le PG reste un parti marginal. Aux régionales de 2010, il fait 6%. Aux cantonales de 2011, 5%. Aux législatives de 2012, avec le Front de gauche, il atteint 6,9%. Mélenchon est élu sénateur du Doubs, mais le PS le traite en paria. Il est isolé à Saint-Germain-des-Prés. Le monde politique le considère comme un cas marginal.
Les trois crises qui forgent la stratégie banlieues (2012-2016)
Entre 2012 et 2016, trois événements vont transformer la stratégie de Mélenchon et lui faire comprendre que son avenir est dans les banlieues.
Première crise : le vote FN dans les zonages. Aux européennes de 2014, le FN fait 25% dans les zones urbaines sensibles. Mélenchon voit les résultats bureau de vote par bureau de vote. À Sevran, le FN passe de 12% à 28%. À Vaulx-en-Velin, de 15% à 31%. Il comprend que la gauche traditionnelle a perdu le peuple. Il doit le reconquérir.
Deuxième crise : les attentats de janvier 2015. Charlie Hebdo, l'Hyper Cacher. La France entre dans une ère de tensions autour de l'islam. Mélenchon voit deux gauches se dessiner. Une gauche laïcarde qui veut « défendre les valeurs républicaines » contre l'islam. Une gauche antiraciste qui voit dans l'islamophobie un nouveau racisme d'État. Il choisit le second camp. C'est un choix stratégique majeur. Il sait que les banlieues, où vivent des millions de Français musulmans, choisiront aussi ce camp. Il doit être leur porte-parole.
Troisième crise : loi travail 2016. Le mouvement Nuit debout, les manifestations, la répression. Mélenchon voit une jeunesse en colère qui ne croit plus au PS. Il voit des lycéens des banlieues qui descendent dans la rue. Il comprend que le moment est venu d'unir la colère sociale et la colonie antiraciste.
C'est pendant cette période qu'il élabore sa théorie du peuple des banlieues
. Il ne voit pas les banlieues comme des territoires à problèmes, mais comme les futurs bastions d'une gauche radicale. Il écrit dans ses carnets : « Le peuple qui habite les banlieues est le peuple qui travaille, qui souffre, qui se bat. C'est le peuple de la France nouvelle. Il est notre peuple. »
Naissance de La France insoumise : la deuxième vie
En 2016, Mélenchon dissout le Parti de gauche. Il crée La France insoumise. Ce n'est pas un parti, c'est un mouvement de campagne permanente. Il en dessine les contours dans un livre-programme de 107 pages, L'Avenir en commun
. Le concept est révolutionnaire : pas de carte, pas de cotisation, pas de sections. Juste des groupes d'appui qui se créent spontanément.
Le site lafranceinsoumise.fr devient un outil de mobilisation. Mélenchon y lance des live Facebook tous les jeudi soir. Il parle directement à ses militants. Il explique le budget, la dette, l'Europe. Il devient le premier candidat à créer un lien direct avec son électorat, sans médiation journalistique. C'est la politique 2.0 avant Macron.
La stratégie banlieues est maintenant explicite. Les groupes d'appui se multiplient dans les cités. À Villiers-le-Bel, un groupe de 30 jeunes se mobilise. À La Courneuve, ils sont 50. Ils ne sont pas encadrés par un secrétaire de section, mais par des animateurs formés par des formateurs de LFI. Ils utilisent des outils numériques pour organiser des réunions, des distributions de tracts, des interventions sur les marchés.
La campagne de 2017 : la troisième vie
La campagne de 2017 est le premier test grandeur nature de cette stratégie. Mélenchon investit massivement les banlieues. Il fait 25 meetings rien qu'en Seine-Saint-Denis. Il va à Clichy-sous-Bois, à Vénissieux, à Mureaux. Il parle de république sociale
, de règlement des dettes
, de désobéissance aux traités
. Il ne parle pas d'islam. Il parle de ceux qui sont laissés pour compte. Et les banlieues l'entendent.
Le soir du premier tour, le choc est là. Mélenchon fait 19,58% au niveau national, mais 35% à Aubervilliers, 32% à Stains, 30% à Vaulx-en-Velin. Pour la première fois depuis 1981, un candidat de gauche radicale l'emporte dans les cités. Le PS est à 6% dans ces mêmes villes. L'effondrement est total.
Cette victoire est le fruit d'une stratégie discrète mais implacable. Mélenchon a envoyé des courriers personnalisés à 500 000 électeurs des banlieues. Il a créé des vidéos où il parle directement aux mères de famille monoparentales
, aux jeunes en galère
. Il a utilisé Facebook pour cibler les 18-25 ans des QPV avec des messages sur le RSA, le logement, la justice sociale.
Mais il y a aussi un coût. Dans les médias, on commence à parler d'« islamo-gauchisme ». Les caricatures le montrent en djellaba. Les éditorialistes s'inquiètent d'une « alliance avec l'islam politique ». Mélenchon riposte violemment : « Ce sont les mêmes qui nous traitaient de communistes hier, qui nous traitent d'islamistes aujourd'hui. »
2017-2022 : Les vies quatre, cinq et six
La quatrième vie est celle du mouvement des Gilets Jaunes (2018-2019). Mélenchon voit dans ce mouvement la confirmation de son analyse : le peuple est en colère, il ne se sent plus représenté. Il tente de s'en emparer. Il appelle à manifester avec eux. Mais le mouvement est trop anarchique, trop divers. LFI n'en contrôle pas la dynamique. C'est un échec tactique, mais une confirmation stratégique :
