J’ai Combattu à Waterloo: Témoignage d’un Cavalier de Wellington
Par Edward Cotton
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À propos de ce livre électronique
Dans ce témoignage rare et saisissant, Edward Cotton, ancien cavalier de l’armée de Wellington, raconte de l’intérieur la journée décisive du 18 juin 1815. Entre charges héroïques, chaos des combats et angoisse des hommes face à la mort, il livre un récit d’une intensité exceptionnelle sur l’une des batailles les plus célèbres de l’Histoire.
On y découvre la férocité des affrontements entre cavalerie anglaise et cuirassiers français, l’attente insoutenable sous la pluie, les hurlements des blessés et l’odeur suffocante de la poudre. Mais au-delà du fracas des armes, Cotton dévoile aussi la camaraderie, la peur et le courage de ces soldats ordinaires qui écrivirent une page immortelle.
"J’ai Combattu à Waterloo : Témoignage d’un Cavalier de Wellington" est plus qu’un récit militaire : c’est une plongée au cœur de la légende napoléonienne, vue depuis les rangs ennemis. Un document incontournable pour les passionnés de Waterloo, de l’époque napoléonienne et des récits de guerre vécus.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Edward Cotton naquit sur l'île de Wight en 1792 et servit à la bataille de Waterloo dans les rangs du 7e régiment de Hussards qui faisait partie de la brigade du général Grant. Soldat du 7e régiment de Dragons légers (Hussards), il avait servi en Espagne avant de rejoindre l'armée polyglotte de Wellington envoyée en Belgique pour faire obstacle aux ambitions de Napoléon.
Le 18 juin 1815, les 7e Hussards étaient positionnés à droite de la ligne de Wellington, ce qui les impliqua fortement dans les contre-charges contre les attaques massives de cavalerie française en fin d'après-midi. Il survécut à la bataille et quitta l'armée en 1829 après plus de 20 ans de service.
Après avoir épousé une femme de la région de Waterloo, Cotton ouvrit une auberge près du champ de bataille. Témoin direct de la bataille, il offrit aux lecteurs anglophones sa version des événements face aux nombreux récits contradictoires publiés peu après. Devenu guide du champ de bataille et collectionneur de reliques, il publia "A Voice from Waterloo", témoignage précieux d'un participant devenu historien de la bataille.
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Aperçu du livre
J’ai Combattu à Waterloo - Edward Cotton
PRÉFACE
J’ai Combattu à Waterloo est le récit modeste d’un ancien soldat, qui fut le témoin oculaire et un des acteurs de beaucoup des scènes qu’il essaie de décrire.
Ayant résidé plus de quatorze ans sur le champ de bataille, comme guide et descripteur de la bataille, je puis être considéré comme le père des présents mémoires.
Personne ne peut être plus convaincu que moi de mon peu d’habileté à traiter convenablement un tel sujet, mais j’ai eu de grands avantages en m’entretenant personnellement sur les lieux mêmes avec « des hommes de Waterloo » de toutes les nations, qui tous, depuis le général jusqu’au simple particulier, ont évidemment considéré comme un devoir et un plaisir d’assister un ancien compagnon d’armes. Les recherches et les commentaires faits par ces braves m’ont fourni l’occasion de glaner maints renseignements que personne autre n’a obtenus, et m’ont mis à même de donner une histoire de la bataille plus complète et plus fidèle qu’un homme de plus de talent n’eût pu le faire à moins d’avoir joui du même privilège.
L’un de mes buts en écrivant est de corriger des opinions qui se sont propagées, et qui sont fortement en désaccord avec les faits : opinions assez erronées pour justifier la remarque du général Jomini, que « jamais une bataille ne fut décrite avec autant de confusion que celle de Waterloo ». Il est certain que l’heure de beaucoup d’événements, sur le champ de bataille, a été établie d’une manière inexacte, comme l’arrivée ou plutôt l’engagement des différents corps prussiens, la chute de la Haie-Sainte, la défaite de la garde impériale, etc.
Après la publication de tant de récits de la bataille du 18 juin, on pourrait légitimement demander sur quels fondements je compte pour donner un intérêt nouveau à un sujet exposé depuis si longtemps devant le public.
Puis-je concilier les assertions contradictoires qui ont déjà été imprimées ? Puis-je ajouter aux renseignements que la plupart de mes compatriotes possèdent déjà concernant cette époque mémorable ? Ou bien puis-je présenter ce renseignement sous une forme concise et claire, comme peut la désirer la généralité des lecteurs ? J’espère avoir accompli quelque chose dans chacune de ces voies.
Mettant à l’écart plusieurs récits tant anglais que français, comme étant non seulement inconciliables avec les faits, mais encore comme se réfutant d’eux-mêmes, par leurs inconséquences et leurs mutuelles contradictions – employant telles relations françaises, comme étant d’accord avec celles de leurs adversaires, et sur lesquelles, comme Wellington le faisait observer des bulletins de Napoléon, on peut en sécurité s’appuyer pour autant qu’elles témoignent contre eux-mêmes – j’ai éclairci un grand nombre de points controversés par nos propres écrivains, qui sont d’accord sur le point principal, mais qui diffèrent en plusieurs circonstances impliquant non seulement des questions de date ou de lieu de certains événements, mais encore des réclamations de la part d’individus, de régiments et de brigades de l’honneur attachés à leurs faits pendant cette journée. Par ma longue résidence à Mont-Saint-Jean, mon élude constante de la surface du champ de bataille, ma connaissance de la composition et même de la tenue des différents corps des troupes françaises qui se tenaient devant nous, et en attachant une attention soutenue aux remarques faites par beaucoup de braves camarades venant revoir le terrain, j’ai réussi dans de grandes proportions à concilier des contradictions que peut-être nul autre n’aurait pu expliquer.
De la sorte, je suis enhardi à penser que ma Voix de Waterloo présente à la généralité des lecteurs tous les faits principaux de cette lutte si pleine d’événements, sous une forme si concise et à un prix si modéré, qu’ils lui assureront la préférence sur toute autre narration de la bataille.
Quoique n’appartenant pas strictement à Une voix de Waterloo, j’ai ajouté, comme un chaînon se rattachant au récit, une carte ébauchée et un croquis des opérations militaires de la campagne de 1815.
Excessivement préoccupé d’éviter l’accusation d’avoir employé les matériaux d’autrui sans le reconnaître, je demande à établir qu’indépendamment de diverses publications militaires périodiques, j’ai fait usage de : l’Histoire de la guerre en France et en Belgique, du capitaine Siborne ; La Vie militaire du duc de Wellington, par le major Basile Jackson et le capitaine Rochfort Scott ; les Dépêches et Ordres généraux de Wellington, par le colonel Gurwood ; La Chute de Napoléon, par le colonel Mitchell ; La Vie politique et militaire de Napoléon et l’Art de la guerre, par le général Jomini ; l’Histoire de la Légion allemande du roi, par le major Beamish ; l’Histoire prussienne de la campagne de 1815, par le général Grollmann, etc.
Quant à la manière dont j’ai accompli ma tâche, je reconnais donner prise à la critique. Sans doute, beaucoup de mes remarques seront considérées comme trop digressives. Quelques personnes penseront que je suis trop dur envers Napoléon : en cela mes autorités sont plus souvent françaises qu’anglaises. D’autres me jugeront trop partial à l’égard de l’immortel Wellington.
Waterloo a été défini par Napoléon « un concours de fatalités inouïes ! une journée incompréhensible ! Y a-t-il eu trahison ? N’y a-t-il eu que du malheur ? »
Wellington a dit que « jamais auparavant il n’avait soutenu aussi rude combat – ni remporté si grande victoire ». Si le lecteur retire la même impression de l’attention qu’il aura accordée à Une voix de Waterloo, je serais satisfait, car j’aurais réussi.
ÉDOUARD COTTON,
Guide à Waterloo, et descripteur de la bataille.
Mont-Saint-Jean, février 1849.
PRÉFACE
DU TRADUCTEUR
L’ouvrage intitulé : A Voice from Waterloo étant l’œuvre minutieusement exacte d’un militaire, qui prit une part active à tous les événements qu’il raconte, je me suis uniquement attaché à rendre le plus exactement possible en français, les idées et même les mots de l’auteur. Cette traduction n’a donc aucune prétention littéraire.
Les mots en italique sont en français dans le texte.
GUST. SLUSE.
Nivelles, le 12 mai 1874.
CHAPITRE PREMIER
Le 26 février 1815, Napoléon, accompagné d’environ mille de ses gardes, et de tous ses officiers tant civils que militaires, quitta secrètement l’île d’Elbe, et aborda le 1er mars, près de Cannes, sur les côtes de la Provence. L’empereur marcha immédiatement sur la capitale de la France et arriva à Paris dans la soirée du 20, le même jour que Louis XVIII en partait pour se rendre à Gand.
Escorté par toutes les troupes qui avaient été envoyées pour le combattre, Napoléon se trouva en état de rétablir son autorité sur la France. Parmi ceux qui se joignirent à lui se trouvait le maréchal Ney, « Le brave des braves » ; lui qui s’était si chaudement déclaré en faveur de la restauration des Bourbons, et qui, lorsqu’il fut désigné pour commander un corps de troupe à opposer à son ancien maître, avait déclaré, en baisant la main du roi, que : « Il ramènerait Napoléon dans une cage de fer. » Ney et la cage de fer étaient le sujet principal de toutes les conversations à Paris, lorsque la nouvelle de sa jonction à Napoléon avec son corps d’armée parvint dans cette capitale¹.
Les grandes puissances de l’Europe, alors assemblées en congrès à Vienne, déclarèrent instantanément que Napoléon, en rompant la convention qui l’avait institué souverain indépendant de l’île d’Elbe, avait détruit le seul titre légal dont dépendait son existence politique, s’était mis hors la loi, et avait prouvé au monde qu’il ne pouvait y avoir avec lui ni paix ni trêve. Par conséquent, les puissances alliées dénonçaient Napoléon comme l’ennemi et le perturbateur du repos de l’Europe, et prenaient la résolution d’unir immédiatement leurs forces contre lui et son parti pour conserver, si possible, la paix générale.
Malgré la déclaration de guerre des souverains alliés, ils eussent été complètement hors d’état de mettre leurs armées en campagne sans ce tout-puissant levier, l’or anglais, véritable nerf de la guerre. La dépense de la Grande-Bretagne, en 1813, ne fut pas moindre que 110 000 000 de livres sterling ; de cette somme immense, 10 000 000 de livres furent distribuées comme subventions entre les puissances contractantes : l’Autriche reçut 1 796 220 livres ; la Russie 3 211 919 ; la Prusse 2 382 823 ; et le Hanovre, l’Espagne, le Portugal, la Suède, l’Italie et les Pays-Bas avec les États secondaires de l’Allemagne partagèrent entre eux le restant.
Malgré l’apparence menaçante des dispositions des alliés envers Napoléon, et malgré l’état imposant de leurs armées se réunissant contre lui, il se mit hardiment et résolument en état de défense. L’aspect général de la France à cette époque était extrêmement belliqueux, la nation presque tout entière semblait être électrisée et bouclée dans son armure pour partir à l’annonce de la guerre. Toutefois l’exaltation de Napoléon se trouva tout à coup glacée par l’arrivée à Paris de la déclaration des puissances alliées. Ce document était peu fait pour produire une impression favorable au succès des entreprises de l’empereur. Le cri de guerre de presque tous les États de l’Europe était « Aux armes ! Tirez l’épée et jetez loin de vous le fourreau, jusqu’à ce que l’usurpateur soit complètement réduit et ses adhérents anéantis ! »
Cependant Napoléon n’en parut pas découragé, et s’efforça, par tous les moyens possibles, de cacher la résolution arrêtée de l’Europe à la nation française, qui, pour la plupart, répondit gaiement à l’appel de son chef. Des troupes s’organisèrent dans tout le pays, comme par enchantement. Les vétérans balafrés de cent combats, eux qui avaient suivi leur « petit caporal » à travers maints combats sanglants, entendirent avec joie la voix de leur empereur adoré, les convoquant de nouveau à une guerre glorieuse et au champ de bataille. Il y avait là toute une génération d’hommes emportés, intrépides, ne respirant que la guerre, toujours prêts à se ranger sous les bannières impériales. Davoust rapporte que la France, au retour de Napoléon, était inondée de soldats, qui venaient d’être relâchés des prisons de l’Europe, dont la plupart comptaient autant de batailles que d’années, et qui accoururent tout de suite en foule se ranger autour des aigles impériales. On voyait se mouvoir de tous les côtés, vers les frontières, des transports d’artillerie et d’armes, des caissons de munitions avec tout le matériel de guerre. La France, en un instant, avait pris l’aspect d’un vaste camp.
Entourer complètement Paris de fortifications, comme Louis-Philippe l’a fait depuis, était aussi l’intention de Napoléon, qui demanda à Carnot combien de temps et d’argent cela exigerait. « Trois ans et deux cents millions, répondit le ministre, et quand ce sera terminé, je ne demanderais que soixante mille hommes et vingt-quatre heures pour démolir le tout. »
Dans les premiers jours du mois d’avril 1815, les troupes alliées commencèrent à se rassembler en Belgique. L’armée anglo-hanovrienne, commandée par le prince d’Orange (devenu Guillaume II), était venue occuper les régions basses pour protéger la Belgique et la Hollande, que le congrès de Vienne venait d’ériger en une nouvelle monarchie, sous le nom de royaume des Pays-Bas. Cette armée comptait environ 28 000 hommes, dont 15 000 de troupes anglaises et allemandes ; les premiers étaient les restes de l’armée de lord Lyndoch, et les autres de jeunes Hanovriens. 20 000 Hollando-Belges avaient été levés pour agir de concert avec eux. L’aspect général de l’armée est décrit en ces termes par Henry, actuellement lord Hardinge, dans une lettre à lord Stewart : « Cette armée est conforme à la description que fait lord Radcliffe d’une meute de chiens français : chiens d’arrêt, caniches et tournebroches mêlés tous ensemble et courant avec une navrante confusion. »
Le duc de Wellington arriva à Bruxelles, venant du congrès de Vienne, dans la nuit du 4 avril, et prit le commandement de l’armée alliée, mais l’armée hollando-belge n’avait pas été placée sous le commandement immédiat du duc. Sa Grâce, fermement convaincue que son droit de régler le mouvement de ces troupes ne devait pas être entravé par des conflits ou des disputes, demanda sur ce point du roi des Pays-Bas la décision la moins équivoque. Il ne fallut rien moins que cette mesure pour rendre ces troupes utiles à la cause de leur pays. Telle était encore la puissance fascinatrice du nom de Napoléon sur des contrées, où son autorité et les conscriptions avaient subjugué et énervé les esprits. Le 4 mai, Wellington reçut la copie du décret du roi le nommant feld-maréchal à son service et plaçant l’armée hollando-belge entièrement sous son commandement². Le duc mit immédiatement les choses dans de meilleures conditions, et informa le prince d’Orange du moyen d’entretenir les communications nécessaires³. Il transféra le corps du prince Frédéric à lord Hill⁴, prévint le commandant prussien à Charleroi, le duc du Berry, et tous les autres intéressés d’être sur leurs gardes : il leur fournit également des rapports exacts sur les mouvements et les forces de l’ennemi entre Valenciennes et Maubeuge. Tout cela fut accompli par le duc, avant le 10 mai. Le 11, il écrivit à Henry Hardinge, alors attaché au quartier général prussien pour le service des communications, qu’il évaluait à 110 000 hommes les forces de l’ennemi sur les frontières et qu’il voyait avec plaisir Blücher rapprocher ses forces de celles de l’Angleterre. Sa Grâce adopta les mesures les plus efficaces pour mettre toutes les villes fortifiées et les places fortes en état d’embarrasser l’ennemi et malgré les objections faites par les parties intéressées, contre les inondations nécessaires, il fut inébranlable dans son ordre de les produire partout où la sûreté publique l’exigeait. Le duc envoya d’habiles ingénieurs pour limiter, autant que possible, les dégâts devant provenir de l’irruption des eaux ; et pour inonder avec de l’eau douce au lieu d’eau salée, lorsque c’était praticable. En retour de ce soin opportun des intérêts généraux, et même, en tant qu’il était possible, des intérêts privés, il ne rencontra que des plaintes incessantes des autorités des différentes villes où ces mesures avaient été appliquées. Mais le duc fit son devoir avec fermeté et, après quelques reproches de la part de grondeurs déraisonnables, les força à faire le leur. Le 7 juin, il émit ses ordres pour la défense des villes d’Anvers, d’Ostende, de Nieuport, d’Ypres, de Tournay, d’Ath, de Mons et de Gand Les gouverneurs respectifs de ces villes furent requis de les déclarer en état de siège, du moment où l’ennemi mettrait le pied sur le territoire belge : ces villes devaient être défendues jusqu’à la dernière extrémité et, si un gouverneur se rendait avant d’avoir soutenu au moins un assaut, et sans le consentement de son conseil de défense, il serait déclaré coupable, non seulement de désobéissance militaire, mais encore de haute trahison. Ces mesures si rigoureuses étaient rendues nécessaires par suite de la loyauté douteuse de beaucoup de ceux qui occupaient un rang, civil ou militaire, dans les Pays-Bas. Le roi avait agi prudemment en investissant Wellington de ces importants pouvoirs, et personne autre n’eût pu les exercer plus efficacement.
La cour de France (Louis XVIII et sa suite) fut informée comment elle pourrait se sauver en se retirant à Anvers, dans le cas où l’ennemi réussirait à tourner l’aile droite des Anglais : on la priait de ne rien craindre, et de ne pas s’alarmer sur de simples rumeurs, mais d’attendre des informations précises. Ayant ainsi pourvu aux besoins militaires et même aux craintes de ceux qui étaient derrière lui, le duc appliqua toute son attention à l’armée et à mesure que l’orage approchait, il multipliait ses avertissements aux Prussiens, par l’envoi incessant de dépêches à Henry Hardinge. Il envoya aussi de fréquentes instructions à ses propres officiers les plus proches de l’ennemi, pour qu’ils eussent à être vigilants.
Le régiment auquel j’appartenais débarqua à Ostende le 21 avril, et nous trouvâmes bientôt qu’il y avait de la besogne. Les épées devaient être fourbies et bien affilées, et les fréquentes inspections d’armes, des munitions, des équipages de camp, etc., nous annonçaient suffisamment que bientôt nous entrerions en campagne. L’armée, aussitôt après notre arrivée, et en suite d’un mémorandum secret adressé par le duc de Wellington aux officiers commandants en chef, s’était massée davantage, dans l’attente probable d’une attaque ; et notre illustre adversaire n’était pas homme à nous prévenir du lieu ni de l’heure. Louis XVIII avec sa suite et une foule de partisans, étant comme nous à Gand, nous n’étions pas dépourvus de renseignements. Napoléon était tout aussi bien informé de tout ce qui transpirait en Belgique que si cela eût eu lieu aux Tuileries.
Les choses continuèrent en cet état jusqu’au mois de juin, où, par suite de rumeurs diverses, nous commençâmes à être plus en alerte.
Au commencement des opérations, l’armée du duc de Wellington comptait à peu près 103 000 hommes, y compris les troupes de garnisons, et se composait d’environ 35 000 Anglais, 6 000 hommes de la légion allemande du roi, 21 000 Hanovriens, 7 000 Brunswickois et 32 000 Hollando-Belges et troupes de Nassau avec 196 canons.
Beaucoup de ceux qui étaient dans les rangs des troupes citées en dernier lieu avaient servi sous Napoléon, et il prédominait encore parmi eux la plus puissante prévention en sa faveur. Il était naturel, dès lors, que nous n’eussions pas en eux une trop grande confiance, toutes les fois qu’ils se trouveraient opposés à leurs anciens compagnons d’armes.
L’armée anglo-alliée était divisée en deux corps, de cinq divisions chacun. Le 1er était commandé par le prince d’Orange, son quartier général était à Braine-le-Comte. Celui du second corps, sous le commandement de lord Hill, était à Grammont. La cavalerie, divisée en onze brigades, était commandée par le comte d’Uxbridge, actuellement marquis d’Anglesey, quartier général à Ninove. Le quartier général de Sa Grâce était à Bruxelles, où se trouvaient, ainsi que dans les environs, nos réserves de toute arme, prêtes à être lancées sur n’importe quel point de notre ligne que l’ennemi attaquerait, comme à garder le terrain jusqu’à ce que le reste de l’armée pût être réuni.
L’armée prussienne, commandée par le prince Blücher, consistait en près de 15 000 hommes, divisés en quatre corps, composés de quatre brigades. Le quartier général du 1er corps de Zieten était à Charleroi ; du 2e corps de Pirch, à Namur, où était également celui de Blücher ; du 5e corps de Thielmann, à Ciney ; et du 4e corps de Bulow, à Liège.
À chaque corps était attachée une réserve de cavalerie, commandée respectivement par les généraux Röder, Jurgass, Hobe, et le prince Guillaume. Leur artillerie comptait trois cent douze canons.
L’armée prussienne était postée à la frontière, sur notre gauche, depuis Charleroi jusqu’à Maëstricht. Notre gauche, communiquant avec la droite de Blücher, était à Binche et notre droite s’étendait jusqu’à la mer.
Une grande partie des troupes britanniques était composée de faibles seconds et troisièmes bataillons, formés de miliciens et de recrues qui n’avaient jamais été au feu⁵ ; la plupart de notre infanterie d’Espagne, la mieux exercée, vainqueurs dans maints combats acharnés, était en route revenant de l’Amérique. Les troupes étrangères, à l’exception de la vieille et brave légion allemande de la Péninsule, étaient principalement composées de nouvelles levées, incorporées à la hâte, et très imparfaitement exercées, sans aucune expérience de la guerre, ignorantes recrues dans toute la force du terme, et complètement étrangères aux troupes britanniques et même entre elles. L’armée prussienne non plus n’était plus ce qu’elle avait été. L’ancienne armée de Silésie ne l’était pas davantage : beaucoup de soldats venaient à peine d’être incorporés, et des milliers avaient combattu sous les aigles impériales.
L’armée française du Nord, commandée par l’empereur en personne, et destinée à opérer en Belgique, fut divisée en six corps dans les premiers jours de juin, et cantonnée : le 1er, ou d’Eilon, à Lille ; le 2e, ou de Reille, à Valenciennes ; le 3e, de Vandamme, à Mézières ; le 4e, de Gérard, à Metz ; et le 6e, de Lobau, à Laon. La garde impériale était à Paris. La cavalerie de réserve, commandée par les généraux Pajol, Exelmans, Milhaut et Kellermann, était cantonnée entre l’Aisne, la Meuse et la Sambre. Il y avait trois cent cinquante pièces d’artillerie.
Le 16 mai, nous reçûmes avis qu’il y avait 110 000 hommes de troupes françaises devant nous. Le 1er juin, le bruit se répandit que nous allions être attaqués. Napoléon devait être à Laon le 6 et des préparatifs extraordinaires devaient se faire pour le transport en voiture des troupes, de Paris à la frontière. Le duc fut informé, le 10 du même mois, que Napoléon était arrivé à Maubeuge et passait la frontière. Le 12, il fut affirmé, pour certain, que l’armée française était réunie et sur le point de franchir la frontière⁶, mais le duc, pour des raisons que nous donnerons ci-après, ne crut pas à propos de mouvoir ses troupes avant d’être exactement renseigné sur le point où Napoléon ferait son attaque. Ce point fut reconnu devoir être Charleroi, sur la grand-route de Bruxelles, où s’appuyaient la gauche des armées alliées et la droite de l’armée prussienne ; endroit qu’on a représenté comme le plus favorable pour défaire les deux armées en détail, ce dont je suis porté à douter. Vu les positions des armées alliées et de l’armée prussienne, Napoléon, en essayant d’introduire son armée entre les deux, était passablement certain de les avoir toutes les deux sur les bras : il n’aurait pu porter un coup à l’un de ses ennemis sans être assailli par l’autre en flanc ou en queue.
Bruxelles, capitale de la Belgique, est située juste au centre de ce pays, qui, d’après la déclaration du général Gneisenau, chef de l’état-major prussien, est un bastion formidable menaçant efficacement le flanc de toute invasion tentée par la France contre la Prusse, et servant en même temps de tête de pont à l’Angleterre.
Napoléon avait en Belgique de nombreux amis et partisans, qui secrètement épousaient sa cause, et qui, sans aucun doute, l’auraient secondé dans sa tentative d’annexer de nouveau ce pays à l’Empire français. De son côté, le peuple, par aucun moyen, n’avait pu se faire à l’union que lui avait imposée le congrès de Vienne, avec une nation différant avec lui de religion et de coutumes et les masses ainsi que les troupes de la Belgique auraient probablement fait un mouvement en faveur des Français, si Napoléon eût pu s’emparer de la capitale. Il est de toute évidence, d’après la teneur de la lettre de Napoléon à Ney et de ses proclamations à l’armée et aux Belges⁷, que l’empereur s’attendait à une manifestation de cette espèce. Cela aurait certainement ajouté à sa cause cette force morale
