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Un VERRE DE TROP
Un VERRE DE TROP
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Livre électronique362 pages3 heures

Un VERRE DE TROP

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À propos de ce livre électronique

JUSTINE
Tous les week-ends, je me saoule pour échapper à mon quotidien. Ça me rend plus drôle, plus confiante. Il m’arrive de regretter certains comportements qui me mettent dans l’embarras, mais malgré mes inquiétudes, je me dis que je contrôle la situation.
Je bois seulement pour m’amuser, il n’y a pas de mal à ça…

RAPHAËL
L’alcoolisme de mon père me pourrit la vie. À cause de ses excès, chaque moment censé être joyeux se transforme en cauchemar. Le voir perdre pied a fait naître en moi une résolution de fer : ne jamais toucher à l’alcool. Pourtant, quand la belle Justine m’invite à trinquer lors d’une soirée, je sens ma détermination vaciller.
Un seul verre, qu’est-ce que ça pourrait changer ?

La première expérience d’ivresse se produit généralement entre treize et quinze ans. Puisque la consommation d’alcool est banalisée et socialement encouragée même à l’adolescence, elle peut vite devenir une habitude. Toutefois, les risques de développer un trouble lié à l’usage de l’alcool sont bien présents.
LangueFrançais
ÉditeurÉditions de Mortagne
Date de sortie3 sept. 2025
ISBN9782897927875
Un VERRE DE TROP
Auteur

Amélie Bibeau

Native de Windsor, en Estrie, Amélie Bibeau a exploré tour à tour presque toutes les sphères du milieu du livre : libraire, critique, lectrice de manuscrit, autrice. Détentrice d’une maîtrise en lettres françaises de l’Université d’Ottawa, elle a été présidente de l’Association des écrivains québécois pour la jeunesse (AÉQJ) de 2020 à 2024 et elle anime un balado qui présente les écrivains membres de l’association. Elle a publié plus de trente romans pour le public âgé de 5 à 17 ans. Récipiendaire du prix littéraire Suzanne-Pouliot-Antoine-Sirois de l’Association des écrivaines et des écrivains de l’Estrie en 2019, ses romans font partie de nombreuses sélections et sont utilisés par divers intervenants et enseignants pour sensibiliser les jeunes. En 2025, elle publie Éclipsée, un roman inspiré de son histoire personnelle avec sa sœur et son premier grand amour, ainsi qu'Un verre de trop, dans la populaire collection TABOU aux Éditions de Mortagne.

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    Aperçu du livre

    Un VERRE DE TROP - Amélie Bibeau

    Raphaël

    24 décembre, deux ans plus tôt

    Tout est calme. Tellement, que c’en est alarmant. Seuls les gyrophares qui illuminent les murs blancs de la salle de bain où je me terre m’indiquent qu’ils sont toujours là.

    Rouge. Bleu. Rouge. Bleu. Rouge. Bleu.

    Je me fais tout petit. Peut-être qu’on m’a oublié ? Probablement pas, puisque j’entends des voix en provenance de la cuisine.

    Des pas lourds s’approchent de ma cachette de fortune. Je sursaute et lance un cri lorsqu’on frappe à la porte.

    — Mon gars ? Tout va bien, maintenant. Tu peux sortir.

    Je ne reconnais pas cette voix rauque. Je ne suis certainement pas « son » gars.

    Il est hors de question que je bouge d’ici.

    Les coups reprennent, plus fort cette fois.

    — Je suis le sergent Bolduc de la Sûreté du Québec. Laisse-moi entrer. Je te ferai aucun mal.

    Au bout du fil, le répartiteur du service d’urgence me recommande d’ouvrir la porte. J’essaie de lui répondre, mais ma voix m’a lâché. De toute façon, même si je voulais me lever, mes membres ne peuvent accomplir le moindre mouvement tellement je tremble. Mes oreilles se mettent à bourdonner de plus en plus fort, si bien que ce que me dit le policier, de l’autre côté de la porte, devient inaudible.

    Un grand bang ! me sort de ma torpeur. Je sursaute et me retrouve, je ne sais trop comment, sur mes pieds, à affronter un homme beaucoup plus costaud que moi.

    — Eh oh, c’est fini, me dit-il d’une voix ferme. C’est fini, tit gars !

    Mais je ne me contrôle pas. D’une simple clé de bras, il me coince les épaules entre ses biceps proéminents. Je crie, je hurle, je me débats, mais en raison de la poigne solide du policier, je suis incapable de me sortir de ma mauvaise posture.

    Je réalise alors à quel point je suis vulnérable. Même si je suis plutôt grand pour un adolescent de quatorze ans, je ne suis encore qu’un gamin. Faible et chouineur. Impuissant.

    À quoi bon lutter ? Je suis à sa merci…

    Je m’abandonne contre lui. Mou et liquéfié.

    Le policier me retient et m’empêche de m’écrouler contre le carrelage. Il me dépose doucement au sol. À genoux, je pleure comme un forcené.

    L’homme est patient. Il prononce des paroles rassurantes que j’entends sans vraiment les comprendre. Il attend que je me calme et, lorsqu’il constate que mes jambes ont repris du service, il me demande de le suivre.

    Apathique, je me rends avec lui à la cuisine. Sa collègue m’offre une guenille. Bien que la table et le plancher soient recouverts d’une substance rouge et collante, le moment me semble mal choisi pour les nettoyer… Voyant le sergent Bolduc essuyer son plastron et ses mains ensanglantées, je comprends que je dois faire de même. La policière me demande si je suis blessé et je réponds que non d’une voix faible.

    Je n’ai rien… Rien qui soit visible, du moins.

    — Tu as quelqu’un à appeler ? me demande le policier. Quelqu’un de ta famille, précise-t-il.

    Je baisse la tête.

    Ma mère sera furieuse…

    1

    Assis à une table d’où je vends sacs de croustilles, chocolats, jus et boissons gazeuses, j’explore la faune d’adolescents qui s’amusent devant moi. La plupart d’entre eux sont soit saouls, soit gelés, soit les deux. Ils sont ridicules ! Ils rient fort, dansent n’importe comment, s’accrochent au cou de leurs amis ou embrassent le premier venu.

    Je déteste les partys !

    La seule raison pour laquelle je me trouve ici, à cette danse de la Saint-Valentin, c’est parce que j’en suis l’un des bénévoles responsables. Je suis membre du comité des finissants de ma polyvalente et les recettes de la soirée nous serviront à financer une partie de notre bal de fin d’année qui aura lieu en juin prochain.

    — Hé, Raf, tout se passe bien pour toi ? me demande Amandine.

    Celle que je surnomme « madame la présidente », parce qu’il s’agit de son rôle dans notre organisation, s’appuie contre ma table et me fixe de son regard vert intense. Cette fille est intimidante. Audacieuse, confiante, engagée ; elle est une leader née.

    — Ouais, super bien. Il reste presque plus de Gatorade et c’est ma dernière Caramilk… Si tu la veux, c’est ta chance !

    — Génial ! Et, non merci, je te la laisse. En passant, j’ai compté la caisse de l’entrée et on a amassé trois cents dollars. Si on les ajoute à nos ventes en ligne, ça représente pas loin de sept cents piasses. Malade, hein ?

    — Fou raide ! dis-je en frappant sur le poing qu’elle me présente.

    Ce chiffre ne m’étonne pas. Il y a foule ! À part les étudiants de cinquième secondaire avec qui je partage des cours, je ne connais presque personne, car je n’habite dans « la grande ville » que depuis juillet dernier. En vérité, il s’agit d’une municipalité banale, mais je l’ai surnommée ainsi, puisqu’avant je vivais dans un village perdu dans le fin fond d’une région éloignée. Ici, tout me semble grandiose. Cela me plaît infiniment d’avoir accès à des autobus de ville, un centre commercial, deux cinémas, une salle de jeux et toutes sortes d’activités.

    J’aime tout particulièrement mon anonymat. Après la soirée désastreuse du réveillon de Noël, je m’enfonçais peu à peu dans la dépression. Ma mère a cru que changer d’environnement m’aiderait à me remettre de cet événement qui m’a marqué au fer rouge. Cette décision est l’une des meilleures qu’elle ait prises, tout de suite après celle d’avoir quitté mon père.

    Je suis enfin parvenu à tourner la page sur ce qui s’est passé, il y a deux ans. Je ne parle plus à mes anciens copains et ceux-ci m’ont oublié. Je les ai même bloqués de mes contacts. C’est mieux ainsi… De toute façon, avant mon déménagement, il y avait des mois qu’ils sortaient sans même m’inviter. J’en ressentais alors une forme de soulagement. Je n’avais plus à faire semblant d’aller bien pour leur plaire ni à trouver des excuses pour rester enfermé dans ma chambre à gamer

    — Merci d’être là, continue Amandine. Je suis au courant que ç’a été difficile de te faire remplacer à ta job, et je l’apprécie vraiment.

    — Ça me fait plaisir. C’est pas mal plus le fun de vendre des chips que de laver de la vaisselle, t’sais.

    — Quand même, c’est sharp de ta part, Raf. Et ça fait du bien de te voir en dehors de l’école. Tu sors pas beaucoup, toi, hein ?

    J’approuve d’un hochement de la tête. Je travaille énormément afin d’aider ma mère qui en arrache financièrement depuis notre déménagement. C’est ma faute si nous avons dû quitter le village où je suis né, alors c’est normal que je pallie le fait qu’ici, tout coûte plus cher.

    Depuis fin juillet, j’occupe le poste de plongeur à la Brasserie du Coin. J’ai dû faire des pieds et des mains pour trouver un remplaçant en ce vendredi soir de la Saint-Valentin. Malgré mon aversion pour les partys, je me sentais responsable envers mon équipe. Surtout, je savais que Justine Lefebvre avait acheté son billet pour assister à la fête. Ma motivation a grimpé d’un cran lorsque la jolie blonde au sourire ravageur m’a demandé si j’y serais, moi aussi.

    Je la cherche du regard dans la mêlée. Elle porte une robe moulante asymétrique qui dévoile l’une de ses épaules et met en valeur sa silhouette. Je dois admettre que ça valait amplement le coup d’être présent juste pour la voir s’amuser sur la piste de danse. J’aimerais bien la faire tournoyer au son de la musique trop forte…

    — Si jamais t’as le goût de danser, mon père peut te remplacer un peu plus tard, me propose Amandine, comme si elle lisait dans mes pensées.

    — Nice. C’est sûr que ça me tente. C’est l’homme près de la porte, là-bas, c’est ça ?

    — Oui, c’est lui. Bon, je file, mais… On se voit tantôt !

    — Oui, madame la présidente…

    Elle glousse à la mention de son surnom qui est plus que mérité. Cette fille est la personne la plus dévouée que j’aie jamais rencontrée. C’est elle qui m’a convaincu de m’impliquer dans le comité. À mon arrivée à la poly, elle a été ma guide pendant les premières semaines et elle prenait son rôle très au sérieux. C’est grâce à elle que j’ai pu m’habituer à ma nouvelle vie aussi rapidement.

    Elle m’a également présenté Liam Saint-Germain, un gars timide, mais amusant quand on prend la peine de le connaître. Solitaire, il s’adapte à tous les groupes, mais ne fait partie d’aucun d’eux. Nous avons été jumelés pour exécuter plusieurs tâches pour le comité des finissants et, entre nous, ça a tout de suite cliqué. Depuis, nous pouvons passer des soirées entières à gamer en ligne ou à jaser de nos spec de jeux.

    Liam a des allures de gamins et agit parfois comme tel, mais ce n’est que parce qu’il n’a vécu aucun drame de toute sa vie. Il possède encore la pureté des enfants, s’imagine que le monde, il est beau et merveilleux. Je pourrais être jaloux de la chance qu’il a eue de naître dans une famille fonctionnelle, mais dans les faits, sa naïveté me fait du bien. Avec lui, je me sens serein. Son optimisme me contamine… Et surtout, il ne connaît rien de mon passé.

    Grâce à son amitié, j’arrive même à croire que la vie a du bon à m’offrir, par exemple, ce voyage que nous planifions depuis le mois de novembre. Cela ne faisait que quelques semaines qu’il me connaissait lorsqu’il m’en a parlé : à la fin de ses études secondaires, en juin, il souhaite aller passer l’été en Colombie-Britannique et travailler dans un hôtel dans les Rocheuses canadiennes.

    Emerald Lake est un endroit prisé par les touristes. J’ai vite compris pourquoi quand j’ai fait une recherche sur Internet. Il s’agit d’un paradis terrestre avec ses montagnes aux neiges éternelles et son étendue d’eau turquoise. C’est presque trop beau pour être vrai… J’ai immédiatement senti le désir fou de suivre mon ami. Devant mon enthousiasme, Liam s’est montré tout aussi emballé que moi à l’idée que je l’accompagne dans son périple et depuis, il s’agit de notre projet à tous les deux.

    Mis à part ce voyage, mon implication dans le comité des finissants, mes jeux vidéos et mon emploi de plongeur, je ne fais pas grand-chose. Maman prétend que je devrais sortir plus, mais en même temps, je crois que ça la rassure de me savoir au boulot ou à la maison, et loin des partys…

    Elle a peur que je ressemble à mon ivrogne de père.

    Que je devienne pareil comme lui.

    Il s’agit aussi de ma pire hantise.

    Là d’où je viens, Ghyslain Benoit est reconnu pour ses « problèmes de boisson ». Ma mémoire est saturée de toutes les fois où il m’a fait honte. C’est pourquoi je refuse de boire, puisque la génétique augmente considérablement le risque de devenir alcoolique. Malheureusement, il semble que je partage beaucoup de similitudes avec cet homme que je hais du plus profond de mon être. Brun aux yeux foncés, teint basané, grand, frisé, mâchoire robuste, lèvres charnues ; plus je vieillis, plus je lui ressemble. Ma mère me dit que c’est une chance, puisqu’il est très beau. Enfin, il l’était, car même s’il n’a que trente-quatre ans, il paraît en avoir dix de plus. Les ravages provoqués par son style de vie…

    Bref, je suis plus prédisposé que les autres à développer des problèmes de consommation. Et s’il faut que l’alcool me fasse le même effet, je préfère encore mourir !

    2

    — Hé, salut, Raf ! Je prendrais deux cokes, s’te plaît…

    Je sursaute. Perdu dans mes pensées, je n’avais pas remarqué que Justine s’était approchée de ma table. En raison de sa seule présence, mon pouls augmente d’un coup. Cette fille hante mes nuits. Nous habitons le même immeuble résidentiel et, tous les jours depuis bientôt quatre mois, nous marchons ensemble pour nous rendre à l’école et revenir à la maison. Elle est drôle, cultivée, allumée et… très belle. En particulier ce soir…

    — Euh, ouais… Bien sûr… Normal ou diète ?

    — Pourquoi tu me demandes ça, tu me trouves grosse ?

    Merde ! L’ai-je insultée ?

    — Hein ? Non, ben non… c’est juste que… ah, OK, tu me niaises, c’est ça ?

    — Je ferais jamais ça, voyons…

    Son rire cristallin me prouve tout le contraire. C’est l’une des choses que j’apprécie le plus chez elle : son humour insolent. J’aime, moi aussi, la taquiner en retour.

    Pour éviter de m’humilier encore davantage, je me penche et lève le couvercle de la glacière sous la table. Tandis que je sors la bouteille de coca de son lit de glace à moitié fondue, je vois ma voisine ouvrir son immense sac à main qui ressemble à un animal mort. Je me demande comment elle peut aimer cette sacoche poilue, mais les filles semblent trouver ces accessoires « trop mignons ». Lorsque je remplis les verres, elle me fait un clin d’œil et verse subtilement un liquide brun dans les deux gobelets de plastique rouge. Elle en pousse un vers moi.

    — Tiens, cadeau !

    Pendant quelques secondes, je la fixe, incrédule. Elle y a ajouté du rhum, ou j’hallucine ?

    — Oh… c’est gentil, mais… pas pour moi, Ju… Je travaille.

    — Arrête, dit-elle en balançant sa chevelure blonde sur son épaule dénudée. T’es rien que bénévole, y vont certainement pas te foutre dehors, hein ? Pis un p’tit verre te fera aucun mal. Personne à part moi va le savoir.

    — Justement. Ça sert à quoi de boire si je peux pas me saouler ?

    Je lève les sourcils et secoue la tête, pour donner l’impression que cette idée m’attriste réellement. Je me suis habitué à mentir concernant ma consommation. Pourtant, chaque fois, je me sens comme un animal de foire puisque je suis le seul qui demeure sobre lors des partys.

    Justine balaie ma réponse d’un revers de la main. Elle se penche vers moi et susurre :

    — Bah, j’en ai assez pour nous deux, si t’en veux plus. Anyway, Jacob est loin d’être à jeun, lui.

    Elle me pointe du menton le D.J. de la soirée, qui, une fille assise sur ses genoux, semble avoir complètement oublié sa mission.

    — Il fait jouer une playlist. Sa job est facile !

    — Oh, c’est vrai que la tienne est hyper difficile, se moque-t-elle. Au fait, t’as vendu combien de chips dans la dernière heure, champion ?

    — Hum… trois, mais… attends, la gang là-bas va avoir son trip de bouffe dans pas long.

    Je pointe trois gars visiblement intoxiqués. Justine s’en fiche éperdument, et maintient son regard noisette sur moi. Je poursuis mon argumentation, malgré son air peu convaincu :

    — Je dois aussi compter ma caisse à la fin de la soirée et… et… tu me dois quatre piasses.

    — Garde la monnaie, dit-elle en me tendant un billet de cinq dollars.

    — OK, merci…

    — T’es capable de faire le calcul, Einstein ? Même avec un verre ou deux, tu y arriverais, tu penses ?

    Son clin d’œil moqueur finit de m’achever. Je capitule. Impossible de me sortir de mon impasse : il est hors de question de perdre la face devant celle qui fait battre mon cœur un peu trop fort dans ma poitrine.

    — Argh, c’est correct, mais juste un.

    — Là, tu parles… Tchin, Raf !

    — Tchin-tchin…

    Je peux bien boire un soupçon de rhum pour impressionner cette fille sublime. Ce n’est qu’un verre, après tout.

    3

    Après avoir englouti mon troisième verre, je commence à me sentir plus relax. Justine s’est assise à mes côtés et la discussion coule toute seule. Un sourire niais étire mes lèvres. L’alcool aidant sans doute, j’ai l’impression de voguer sur un bateau. Je me laisse bercer par mon état et j’apprécie la chaleur qui s’accentue dans mon bas-ventre.

    Justine rit très fort, ce qui m’encourage à faire le pitre. Nos joutes verbales m’amusent beaucoup, moi aussi, et plus je bois, plus ma langue se délie. Je commence à perdre certaines voyelles dans mes phrases, sauf que la situation est loin d’être catastrophique. C’est même assez drôle, en fait. Quelques clients nous interrompent de temps en temps, mais ma voisine avait raison : je suis très capable d’accomplir ma mission, malgré le taux d’alcool dans mon corps.

    Justine me propose de préparer deux autres verres.

    — C’est mon tour de payer, là, hein ? demande-t-elle en fronçant les sourcils.

    — Non, c’est à moi, sauf que… ouf, j’ai assez bu, Ju… Pas de rhum dans le mien, OK ?

    — Ah ouin ? T’es déjà « feeling » ? Ça t’en prend pas gros, mais c’est cool de même. J’imagine que tu bois rarement, toi,

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