À propos de ce livre électronique
''LES CHOSES VISIBLES ONT ETE FAITES PAR LES INVISIBLES'' et ''LE PEUPLE MEURT FAUTE DE CONNAISSANCE''
La puissance dont vous avez toujours rêvé est déjà en vous. Ce livre vous y conduit.
Et si le véritable pouvoir n'était pas dans ce que vous attirez,
mais dans ce que vous devenez ?
·Indépendamment de ce que vous avez ou n'avez pas, vous sentez-vous prisonnier d'une vie que vous n'avez pas choisie ?
·Avez-vous l'impression de répéter les mêmes échecs, malgré vos efforts ?
·Les méthodes de "visualisation" et de "loi d'attraction" vous ont-elles laissé sur votre faim ?
Vous cherchez la prospérité, mais savez-vous ce qui l'empêche vraiment d'entrer dans votre vie ?
·Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines personnes semblent progresser malgré les difficultés… pendant que d'autres sombrent malgré les opportunités ?
·Un homme est-il capable de créer la réalité qu'il désire ? Si oui comment ?
Êtes-vous prêt à bâtir une vie solide, non pas sur des promesses, mais sur des principes éternels ?
Voulez-vous découvrir une sagesse qui ne promet pas la facilité, mais offre la transformation réelle ?
Mansa Moussa, Marc Aurèle, Mandela, Bouddha, Abraham Lincoln, Thomas Sankara, Alexandre le Grand, Confucius, le Roi David, Lao Tseu, Gandhi, Rumi, Yahuwshuwah Ha Machiyah, avaient tous un secret : la fidélité à des lois invisibles mais éternelles, tous ont compris que la transformation de soi précède toute transformation du monde
Quelles sont ces lois éternelles qu'ils connaissaient et que nous ignorons ?
Là où plusieurs proposent des effets comme solution a la manifestation, James Allen vous ramène aux causes.
Car changer sa vie, ce n'est pas changer ce qu'on voit, c'est changer celui qui voit.
Y a-t-il une démarche pratique ?
Pas de magie. Pas de vœux.
Mais la découverte du pouvoir authentique déjà en vous
Ceci n'est pas un livre, mais une clé :
· Qui brise les chaînes de l'ignorance et vous introduit dans le temple de la connaissance.
·Qui ouvre les portes des prisons de la peur, des passions, de l'égoïsme, déracine votre souffrance, et vous installe dans le sanctuaire de la liberté, du calme et de la sérénité.
·Qui vous délivre de la faiblesse du moi, du monde de l'illusion des effets, et vous établit dans l'origine des causes, la source de votre vraie puissance.
Pour la première fois en Français 19 livres en deux volumes tels que
✔ De la pauvreté à la puissance
✔ La maîtrise du destin
✔ Les huit piliers de la prospérité
✔ L'homme est ce qu'il pense... et bien d'autres joyaux.
Si vous voulez aller à la racine de votre souffrance, et à la source de votre puissance,
Si vous sentez au fond de vous qu'il y a plus que ce monde matérialiste, mais que vous ne savez pas comment y accéder,
Si vous recherchez une paix stable au cœur des tempêtes, et un sens profond à votre existence,
Si vous aspirez à marcher dans la lumière, sans bruit mais avec grandeur.
Ce livre est pour vous.
James Allen n'apporte rien de nouveau mais il dévoile Un trésor spirituel longtemps ignoré, plus puissant que les lois d'attraction et visualisation.
Lisez-le lentement. Méditez-le profondément. Vivez-le pleinement.
"Tous les bénéfices issus de ce livre sont réinvestis dans sa traduction, sa diffusion mondiale, et la création de ressources gratuites pour les lecteurs démunis."
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Avis sur L'ESPRIT EST LE MAITRE
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Aperçu du livre
L'ESPRIT EST LE MAITRE - JAMES ALLEN
1864 – 1912
« Comme un homme pense en son cœur, tel il est. »
— Proverbes 23:7
THE COMPLETE WORKS OF JAMES ALLEN
1864–1912
Traduit de l’anglais par AYISSI Lionel Philippe (2025)
Œuvres contenues dans cette édition :
Comme un homme pense (1902)
De la pauvreté à la puissance, ou la réalisation de la prospérité et de la paix (1901)
Toutes ces choses ajoutées (1903)
À travers les portes du Bien (1903)
Les chemins secondaires vers la Béatitude (1904)
Sorti du cœur (1904)
La vie triomphante : Maîtriser le cœur et l’esprit (1908)
La maîtrise du destin (1909)
Au-dessus des turbulences de la vie (1910)
De la passion à la paix (1910)
Les huit piliers de la prospérité (1911)
L’homme : Roi de l’esprit, du corps et des circonstances (1911)
Lumière sur les difficultés de la vie (1912)
Pierres fondatrices du bonheur et du succès (1913)
Les hommes et les systèmes (1914)
La porte resplendissante (1915)
Le livre de méditations et de pensées quotidiennes pour chaque jour de l’année
Licence de traduction
© 2025 Ayissi Lionel Philippe
Cette traduction est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC BY-NC-ND 4.0
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
Vous pouvez :
✔ Partager — copier, distribuer et transmettre cette œuvre.
Sous les conditions suivantes :
Attribution — Vous devez créditer le traducteur (Ayissi Lionel Philippe).
Pas d’utilisation commerciale — Vous ne pouvez pas utiliser ce travail à des fins commerciales.
Pas de modification — Vous ne pouvez pas modifier, transformer ou créer une œuvre dérivée à partir de cette traduction.
Introduction du traducteur
Traduire James Allen est bien plus qu’un travail littéraire : c’est une immersion profonde dans une pensée noble, lucide et spirituellement exigeante. C’est entrer dans un dialogue avec une âme silencieuse mais puissante, dont les paroles résonnent encore plus fortement aujourd’hui qu’au moment de leur écriture.
Né en 1864 et disparu en 1912, James Allen n’a pas eu une vie longue, ni une renommée tapageuse. Et pourtant, ses écrits ont traversé les siècles, portés par la force tranquille de leur vérité intérieure. Il ne parle pas d’idéologies, de dogmes, ni d’opinions : il parle de l’homme, de la pensée, de la volonté, de la paix et du pouvoir intérieur.
J’ai entrepris cette traduction complète pour rendre accessible au lecteur francophone un corpus trop peu connu, souvent réduit à son ouvrage le plus célèbre As a Man Thinketh (L’homme est ce qu’il pense). Or, c’est dans l’ensemble de ses textes que se révèle toute la richesse de sa vision : une philosophie de la responsabilité individuelle, de la maîtrise de soi, et d’une prospérité fondée sur la droiture intérieure.
J’ai voulu respecter le style simple, direct et méditatif de James Allen. La beauté de son écriture ne tient pas à l’effet littéraire, mais à la limpidité de la vérité vécue. Traduire, ici, c’est écouter, honorer, puis transmettre sans trahir.
Ce travail a été mené avec soin, fidélité et humilité. Je le dédie à celles et ceux qui cherchent, à travers les tempêtes de la vie, une lumière stable, une pensée juste, une paix profonde.
Puisse cette traduction contribuer à faire rayonner encore un peu plus la voix de James Allen dans le monde francophone.
Ayissi Lionel Philippe
Traducteur
Cameroun, 2025
Préface du Traducteur
La lecture des œuvres de James Allen est une rencontre avec la sagesse intérieure, une invitation à réfléchir, à s’élever, à se transformer. Ce penseur britannique du début du XXe siècle, discret mais profond, a laissé une empreinte durable dans la littérature du développement personnel et de la spiritualité pratique.
Traduire l'intégralité de ses écrits a été pour moi bien plus qu’un travail littéraire : ce fut une démarche intérieure, une école d’écoute et de discernement. Dans chaque ouvrage, Allen nous rappelle que nos pensées ne sont pas neutres : elles sculptent notre caractère, déterminent nos actions, et façonnent silencieusement notre destinée. Il nous appelle à devenir les artisans lucides de notre vie, en cultivant l'ordre, la paix, la droiture et la maîtrise de soi.
À travers cette traduction française, mon souhait est de rendre accessible à tous les lecteurs francophones cette richesse d’idées et de principes, si utiles à quiconque cherche à vivre avec intention et intégrité.
Puisse ce recueil, dans son unité comme dans la diversité de ses textes, être pour vous un guide, une lumière, ou un compagnon de route — dans les moments de doute comme dans les élans de foi.
Ayissi Lionel Philippe
Traducteur
Cameroun, 2025
Un génie méconnu et non récompensé : la vie de James Allen
James Allen est un homme mystérieux de la littérature. Ses écrits inspirants ont influencé des millions de personnes de manière positive. Et pourtant, aujourd’hui, il reste presque inconnu. Aucun de ses livres ne donne de détails sur sa vie, sauf la mention de son lieu de résidence : Ilfracombe, en Angleterre. On ne trouve guère son nom dans les grandes encyclopédies, ni à la Bibliothèque du Congrès, ni même au British Museum.
Qui était donc cet homme qui croyait au pouvoir de la pensée pour apporter gloire, richesse et bonheur ? Ou, comme le dit Henry David Thoreau, suivait-il un autre tambour ?... James Allen n’a jamais connu la gloire ni la richesse. C’était un génie tranquille, non reconnu. Il gagnait à peine assez avec ses écrits pour couvrir ses frais.
Allen est né à Leicester, au centre de l’Angleterre, le 28 novembre 1864. L’entreprise familiale a échoué au bout de quelques années, et en 1879, son père est parti tenter sa chance aux États-Unis. Malheureusement, il fut volé et assassiné avant d’avoir pu faire venir sa famille. Ce drame a plongé les Allen dans une crise financière grave, forçant James à quitter l’école à 15 ans.
Il devint ensuite secrétaire privé – ce que l’on appellerait aujourd’hui assistant administratif – dans plusieurs entreprises anglaises. En 1902, il abandonna tout pour se consacrer entièrement à l’écriture.
Sa carrière littéraire fut brève, durant seulement neuf ans, jusqu’à sa mort en 1912. Mais durant ce laps de temps, il écrivit dix-neuf ouvrages pleins d’idées puissantes qui continuent d’inspirer les générations suivantes.
Peu après la parution de son premier livre, De la pauvreté à la puissance, il s’installa à Ilfracombe, sur la côte sud-ouest de l’Angleterre. Ce village tranquille aux hôtels victoriens et aux collines verdoyantes lui offrit l’environnement idéal pour approfondir sa philosophie.
Tel que l’homme pense fut son deuxième livre. Malgré sa postérité impressionnante, Allen en fut insatisfait. Bien qu’il s’agisse de son ouvrage le plus concis et le plus puissant, il ne reconnut pas sa valeur. C’est sa femme, Lily, qui dut le convaincre de le publier.
James Allen aspirait à une vie simple, à l’image de celle prônée par Léon Tolstoï : pauvreté volontaire, travail manuel, autodiscipline. Comme Tolstoï, il cherchait à s’élever, à vivre heureux, à développer toutes les vertus. Il voulait montrer que le bonheur est possible sur terre.
Il commençait chaque journée à Ilfracombe par une marche avant l’aube vers le Cairn, une colline rocheuse surplombant la mer. Il y méditait durant une heure. Puis il rentrait écrire toute la matinée. L’après-midi était réservé au jardinage, qu’il adorait. Le soir, il échangeait avec ceux qui s’intéressaient à son œuvre.
Un ami le décrivait ainsi :
« Un petit homme frêle, à l’apparence christique, avec une masse de cheveux noirs... Je me souviens surtout de lui en costume de velours noir, le soir. Il parlait doucement à un petit groupe – Anglais, Français, Autrichiens et Indiens – de méditation, de philosophie, de Tolstoï ou du Bouddha, et de ne tuer aucune créature, pas même une souris. »
Il impressionnait par sa présence, sa douceur et sa dévotion spirituelle. Chaque matin, il allait communier seul avec Dieu sur la colline.
La philosophie d’Allen devint possible grâce à l’abandon du dogme chrétien strict selon lequel l’homme est pécheur par nature. En lieu et place, un courant nouveau affirma la bonté et la rationalité divines de l’homme. Ce changement, selon William James, fut la plus grande révolution du XIXe siècle.
Charles Darwin lui-même, dans La Descendance de l’homme, écrivait :
« Le plus haut stade de culture morale est atteint lorsque nous comprenons que nous devons contrôler nos pensées. »
Le travail d’Allen est un pont entre cette vision chrétienne libérale et la pensée bouddhiste. Le Bouddha dit :
« Tout ce que nous sommes est le résultat de ce que nous avons pensé. »
Allen cite la Bible :
« Tel que l’homme pense dans son cœur, tel il est. »
Il insiste sur le pouvoir de l’individu à forger son propre caractère et créer son bonheur.
« Pensée et caractère sont une seule et même chose, dit-il. Et comme le caractère ne peut se manifester que par les circonstances extérieures, ces dernières sont toujours liées à notre état intérieur. »
Cela ne veut pas dire que nos conditions de vie à un moment donné reflètent toute notre personnalité, mais qu’elles sont nécessaires à notre développement, en lien avec un élément de pensée fondamental.
Allen nous pousse à réfléchir, même quand nous préférerions agir. Il nous montre comment transformer nos pensées en réalité, comment faire de nos rêves des vérités. Sa philosophie a inspiré des millions, notamment à travers La puissance de la pensée positive de Norman Vincent Peale et La paix de l’âme de Joshua Liebman.
« Nous devenons riches spirituellement, écrit Allen, quand nous découvrons l’aventure intérieure ; quand nous ressentons l’unité de toute vie ; quand nous connaissons le pouvoir de la méditation ; quand nous nous sentons unis à la nature. »
Son message est un message d’espoir :
« Oui, l’humanité est agitée par la passion, envahie par le chagrin, ballottée par l’anxiété... Mais seul l’homme sage, celui dont les pensées sont contrôlées et purifiées, peut commander aux vents et aux tempêtes de son âme. »
Et il conclut :
« Âmes tourmentées, où que vous soyez, dans quelque condition que ce soit, sachez ceci : dans l’océan de la vie, des îles de félicité vous sourient, et le rivage ensoleillé de votre idéal vous attend. »
Allen nous enseigne deux vérités essentielles :
Aujourd’hui, nous sommes là où nos pensées nous ont conduits.
Demain, nous serons là où nos pensées nous conduisent dès maintenant.
Selon sa femme, James Allen n’écrivait que lorsqu’il avait un message qu’il avait vécu lui-même. Il écrivait donc des vérités éprouvées par sa propre expérience.
LUMIÈRE SUR LES DIFFICULTÉS DE LA VIE
James Allen
––––––––
Table des matières
Préface
La lumière qui conduit à la paix parfaite
Lumière sur les faits et les hypothèses
Lumière sur la cause et l’effet dans la vie humaine
Lumière sur les valeurs — spirituelles et matérielles
Lumière sur le sens de la proportion
Lumière sur la fidélité au principe
Lumière sur le sacrifice du moi
Lumière sur la gestion de l’esprit
Lumière sur la maîtrise de soi
Lumière sur les actes et leurs conséquences
Lumière sur la voie de la sagesse
Lumière sur le tempérament
Lumière sur la liberté individuelle
Lumière sur la bénédiction et la dignité du travail
Lumière sur les bonnes manières et le raffinement
Lumière sur la diversité des croyances
Lumière sur la loi et le miracle
Lumière sur la guerre et la paix
Lumière sur la fraternité humaine
Lumière sur les douleurs de la vie
Lumière sur les changements de la vie
Lumière sur la vérité de l’impermanence
La lumière qui ne s’éteint jamais
Préface
Lorsqu’un homme entre dans une pièce obscure, il n’est pas sûr de ses mouvements ; il ne peut pas voir les objets autour de lui, ni les localiser correctement, et il risque de se blesser en les heurtant soudainement. Mais qu’on y introduise une lumière, et immédiatement toute confusion disparaît. Chaque objet devient visible, et il n’y a plus de danger de blessure.
Pour la majorité des gens, la vie est une telle pièce obscure, et leurs blessures fréquentes — leurs déceptions, perplexités, chagrins et douleurs — sont causées par le contact soudain avec des principes qu’ils ne voient pas, et auxquels ils ne sont donc pas préparés à faire face. Mais lorsque la lumière de la sagesse pénètre dans l’intelligence obscurcie, la confusion s’évanouit, les difficultés se dissipent, toutes choses sont vues dans leur juste place et proportion, et dès lors, l’homme marche les yeux ouverts et sans heurt, dans la claire lumière de la compréhension sage.
James Allen
Moi, Vérité, suis ton Rédempteur. Viens à Moi ;
Dépose ton péché, ta douleur et ton agitation sauvage ;
Et Je calmerai la mer orageuse de ton esprit,
Répandant l’huile de paix sur ta poitrine :
Ami de personne, sans amour — Je demeure avec toi.
Vaincu et abandonné, rejeté,
Quel refuge as-tu ? Où peux-tu fuir ?
Sur Mon sein immuable, dépose tes fardeaux ;
Je suis ton refuge certain, c’est Moi :
Tout passe ; Moi seul demeure.
Vois, Moi, le Grand Délaissé, suis l’Ami
Des délaissés ; Moi, que l’homme méprise,
Je défends les faibles, les sans défense, les méprisés ;
J’apaise les cœurs souffrants et les yeux en pleurs ;
Repose-toi en Moi, Je suis la fin de ton chagrin.
Amour, amis et richesses, plaisir et renommée —
Tout cela échoue, change, et tombe en décrépitude ;
Je ne te blâme pas, ni ne détourne Mon visage :
Cache ton péché et ta honte dans Mon sein paisible.
––––––––
1. La lumière qui conduit à la paix parfaite
Ce livre est destiné à être un compagnon solide et bienveillant, ainsi qu’une source de renouveau et d’inspiration spirituels pour ceux qui aspirent à une vie bien menée, forte et sereine. Il aidera ses lecteurs à se transformer en le caractère idéal qu’ils souhaiteraient être, et à faire de leur vie ici-bas cette chose bénie que la majorité espère seulement dans une autre vie.
Notre vie est ce que nous en faisons par nos pensées et nos actions. C’est notre propre état et notre attitude d’esprit qui déterminent si nous sommes heureux ou malheureux, forts ou faibles, pécheurs ou saints, insensés ou sages. Si quelqu’un est malheureux, cet état d’esprit lui appartient, et prend sa source en lui-même. C’est un état qui réagit à certains événements extérieurs, mais dont la cause est intérieure et non dans les circonstances.
Si quelqu’un est faible de volonté, c’est lui qui s’est amené à cette condition et y demeure par le cours de pensées et d’actions qu’il a choisi et qu’il continue de choisir. Si quelqu’un est pécheur, c’est parce qu’il a commis, et continue de commettre, des actes pécheurs. S’il est insensé, c’est parce qu’il fait des choses insensées.
Un homme n’a pas de caractère, d’âme ou de vie indépendamment de ses pensées et de ses actes. Ce qu’ils sont, il l’est. Au fur et à mesure qu’ils sont modifiés, il change aussi. Il est doté d’une volonté, et peut modifier son caractère. Comme le menuisier transforme un bloc de bois en un meuble magnifique, ainsi l’homme fautif et chargé de péchés peut-il se transformer en un être sage et amoureux de la vérité.
Chaque homme est responsable des pensées qu’il pense, des actes qu’il accomplit, de son état d’esprit et de la vie qu’il mène. Aucun pouvoir, aucun événement, aucune circonstance ne peut le contraindre à faire le mal ou à être malheureux. Il est lui-même son propre maître. Il pense et agit de sa propre volonté. Aucun être, aussi sage et grand soit-il — même le Suprême — ne peut le rendre bon et heureux. Il doit lui-même choisir le bien, et ainsi trouver le bonheur.
Et c’est à cause de cela — que lorsqu’un homme désire et veut, il peut trouver le Bien et le Vrai, et jouir de leur félicité et de leur paix — qu’il y a une joie éternelle dans les Cours de la Vérité, et une sainte allégresse parmi les Êtres Parfaits.
Les Portes du Ciel sont toujours ouvertes, et personne n’en est empêché d’entrer par aucune volonté ni aucun pouvoir sauf le sien. Mais nul ne peut entrer dans le Royaume des Cieux tant qu’il est épris et fait le choix des séductions de l’enfer, tant qu’il se résigne au péché et à la douleur.
Il existe une vie plus grande, plus haute, plus noble, plus divine que celle du péché et de la souffrance, qui est si répandue — dans laquelle, en vérité, presque tous sont plongés — une vie de victoire sur le péché et de triomphe sur le mal ; une vie sage et heureuse, bienveillante et paisible, vertueuse et sereine. Cette vie peut être trouvée et vécue dès maintenant, et celui qui la vit demeure ferme au milieu des changements ; tranquille parmi les agités ; en paix, bien qu’entouré de conflits.
Si la mort le confronte, il reste calme. Bien qu’assailli par la persécution, il ne connaît aucune amertume, et son cœur est compatissant, rempli de joie. Dans cette vie suprêmement belle, il n’y a pas de mal : le péché et la douleur sont abolis, les cœurs souffrants et les yeux en larmes ne sont plus.
La vie triomphante n’est pas pour ceux qui se satisfont de conditions inférieures. Elle est pour ceux qui en ont soif et qui sont prêts à l’atteindre ; qui désirent la justice comme l’avare désire l’or. Elle est toujours à portée de main, et offerte à tous, et bénis sont ceux qui l’acceptent et l’embrassent. Ils entreront dans le Monde de la Vérité ; ils trouveront la Paix Parfaite.
2. Lumière sur les faits et les hypothèses
Quand la liberté de pensée et la liberté d’expression abondent, il y a beaucoup de controverses et beaucoup de confusion. Et pourtant, c’est de cette confusion controversée que surgissent les faits simples de la vie, qui nous attirent par leur éternelle uniformité et harmonie, et nous touchent puissamment par leur invisible simplicité et leur vérité.
Nous vivons à une époque de liberté et de conflit mental. Jamais les sectes religieuses n’ont été si nombreuses. Les écoles philosophiques, occultes et autres foisonnent, et chacune est avide de perpétuer et d’imposer sa propre explication de l’univers. Le monde est en état de fermentation mentale.
La contradiction a atteint un point tel que le chercheur sincère de la Vérité ne trouve aucun roc solide de refuge dans les systèmes opposés qui lui sont présentés. Il est ainsi rejeté sur lui-même, sur les faits incontestables de sa propre existence, qui sont toujours avec lui — qui sont, en vérité, lui-même, sa vie.
La controverse tourne autour des hypothèses, non autour des faits. Le fait est fixe et définitif ; l’hypothèse est variable et évanescente. À son stade actuel de développement, l’homme n’est pas éveillé à la belle simplicité des faits, ni au pouvoir de satisfaction qu’ils contiennent en eux-mêmes. Il ne perçoit pas la beauté intrinsèque de la vérité, mais doit y ajouter quelque chose. Ainsi, lorsqu’un fait est nommé, surgit presque toujours la question : « Comment pouvez-vous expliquer ce fait ? », et alors vient une hypothèse, qui mène à une autre hypothèse, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le fait soit complètement perdu de vue au milieu d’un amas de suppositions contradictoires. C’est ainsi que naissent les sectes et les écoles controversées.
La perception claire d’un fait conduit à la perception d’autres faits, tandis qu’une supposition, tout en semblant éclairer un fait, le dissimule en réalité. Nous ne pouvons réaliser la noble splendeur de la Vérité en jouant avec les jouets brillants et attrayants des jolies hypothèses. La vérité n’est pas une opinion, et aucune opinion ne peut l’agrandir ni l’embellir. Le fait et la supposition sont éternellement séparés, et la jonglerie intellectuelle la plus habile — bien qu’elle puisse divertir et tromper même les élus — ne peut en aucune manière altérer un fait ou affecter la nature des choses telles qu’elles sont.
C’est pourquoi le véritable enseignant abandonne le chemin détourné des hypothèses et traite seulement avec les faits simples de la vie. Il fixe l’attention des hommes et des femmes sur ces faits, au lieu d’accroître la confusion et d’intensifier les luttes verbales en imposant une nouvelle supposition à un monde déjà perdu et désorienté dans un labyrinthe d’hypothèses.
Les faits de la vie sont toujours devant nous, et peuvent être compris et connus si nous abandonnons notre égoïsme et les illusions aveuglantes qu’il crée. L’homme n’a pas besoin d’aller au-delà de son propre être pour trouver la sagesse, et les faits de cet être fournissent une base suffisante pour ériger un temple de connaissance d’une beauté et de dimensions telles qu’il émancipera et glorifiera aussitôt.
L’homme est ; et tel qu’il pense, tel il est. La perception et la réalisation de ces deux seuls faits — l’existence de l’homme et sa pensée — mènent dans une vaste avenue de connaissance qui ne saurait s’arrêter avant d’avoir atteint la plus haute sagesse et perfection.
L’une des raisons pour lesquelles les hommes ne deviennent pas sages, c’est qu’ils se perdent dans des spéculations interminables au sujet d’une âme séparée d’eux-mêmes — c’est-à-dire séparée de leur propre esprit — et se rendent ainsi aveugles à leur nature et être réels. L’hypothèse d’une âme séparée voile les yeux de l’homme, si bien qu’il ne se voit pas lui-même, ne connaît pas sa propre mentalité, et ignore la nature de ses pensées — sans lesquelles il n’aurait pas de vie consciente.
La vie de l’homme est réelle ; ses pensées sont réelles ; sa vie est réelle. S’occuper de l’étude des choses qui sont, voilà le chemin de la sagesse. L’homme considéré comme étant au-dessus, au-delà, et séparé de l’esprit et de la pensée, est spéculatif et non réel ; s’occuper de choses qui ne sont pas, voilà le chemin de la folie.
L’homme ne peut être séparé de son esprit ; sa vie ne peut être séparée de ses pensées. L’esprit, la pensée, et la vie sont aussi inséparables que la lumière, la radiance et la couleur, et n’ont pas plus besoin d’un autre facteur pour les élucider que la lumière, la radiance et la couleur. Les faits sont suffisants en eux-mêmes et contiennent le fondement de toute connaissance les concernant.
L’homme, en tant qu’esprit, est sujet au changement. Il n’est pas une entité « faite » et achevée une fois pour toutes, mais il a en lui la capacité de progresser. Par la loi universelle de l’évolution, il est devenu ce qu’il est, et devient ce qu’il sera. Son être est modifié par chaque pensée qu’il pense. Chaque expérience affecte son caractère. Chaque effort qu’il fait transforme sa mentalité. Là réside le secret de la dégradation de l’homme, mais aussi de sa puissance et de son salut — s’il utilise cette loi du changement dans le bon choix de pensée.
Vivre, c’est penser et agir ; penser et agir, c’est changer. Tant que l’homme ignore la nature de la pensée, il continue à changer pour le meilleur et pour le pire. Mais, en devenant conscient de la nature de la pensée, il accélère intelligemment et dirige le processus de changement — et seulement vers le meilleur.
Ce que l’ensemble des pensées d’un homme est, cela il est. Il n’y a pas la moindre déviation de cette identité entre pensée et être. Il y a un changement de résultat selon l’ajout ou la soustraction de pensée, mais la loi mathématique est une qualité invariable.
Puisque l’homme est esprit, que l’esprit est composé de pensée, et que la pensée est sujette au changement, il s’ensuit que changer délibérément sa pensée, c’est changer l’homme.
Toutes les religions agissent sur le cœur, la pensée de l’homme, dans le but de la diriger vers des canaux plus purs et plus élevés. Le succès en ce sens — partiel ou complet — est appelé « salut » ; c’est-à-dire délivrance d’un type de pensée, d’un état d’esprit, par la substitution d’une autre pensée, d’un autre état.
Il est vrai que les dispensateurs de religion aujourd’hui ne savent pas cela, à cause du voile hypothétique qui les sépare du fait. Mais ils le font sans le savoir, et les grands Maîtres qui fondèrent les diverses religions s’appuyèrent sur ce fait, comme leurs préceptes le montrent clairement.
Les choses principales sur lesquelles ces Maîtres insistent avec tant de force et répètent sans cesse — comme la purification du cœur, la pensée juste, les bonnes actions — que sont-elles sinon des appels à une manière plus noble et plus élevée de penser ? Des forces vivantes qui exhortent hommes et femmes à faire l’effort de choisir des pensées qui les élèveront vers des sphères de plus grande puissance, de plus grand bien, de plus grand bonheur ?
L’aspiration, la méditation, la dévotion — voilà les moyens principaux que les hommes, de tous temps, ont employés pour atteindre des modes de pensée plus élevés, des souffles de paix plus larges, des royaumes de connaissance plus vastes, car « tel qu’un homme pense dans son cœur, tel il est. » Il est sauvé de lui-même — de sa propre folie et de sa souffrance — en créant en lui de nouvelles habitudes de pensée, en devenant un nouveau penseur, un homme nouveau.
Si un homme, par un effort suprême, parvenait à penser comme Jésus pensait — non par imitation, mais par la réalisation soudaine de sa puissance intérieure — il serait comme Jésus.
Dans les écrits bouddhistes, il est raconté qu’un homme — qui n’était ni particulièrement pieux ni sage — demanda à Bouddha comment atteindre la sagesse suprême et l’illumination. Bouddha répondit : « En cessant tout désir. » Il est rapporté que cet homme abandonna aussitôt tout désir personnel, et réalisa instantanément la plus haute sagesse et illumination.
L’un des enseignements de Bouddha dit : « Le seul miracle dont le sage s’occupe est la transformation d’un pécheur en saint. » Emerson fait aussi référence à ce pouvoir transformateur du changement de pensée lorsqu’il dit : « Il est aussi facile d’être grand que petit, » ce qui est proche de cette autre grande maxime, souvent répétée mais peu comprise : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. »
Et, après tout, quelle est la différence fondamentale entre un grand homme et un petit homme ? C’est une question de pensée, d’attitude mentale. C’est vrai, c’est aussi une question de connaissance — mais alors, la connaissance ne peut être séparée de la pensée.
Chaque substitution d’une meilleure pensée à une pire est une force de transformation qui marque un progrès important dans la connaissance. Dans toute l’étendue de la vie humaine — du plus bas sauvage au plus haut type d’homme — la pensée détermine le caractère, la condition, la connaissance.
La masse de l’humanité avance lentement sur la voie de l’évolution, poussée par l’impulsion aveugle de ses pensées dominantes, telles qu’elles sont stimulées par les choses extérieures. Mais le vrai penseur, le sage, progresse rapidement et intelligemment sur un chemin qu’il a lui-même choisi.
Les foules, ignorantes de leur nature spirituelle, sont les esclaves de la pensée ; mais le sage est le maître de la pensée. Elles suivent aveuglément ; il choisit intelligemment. Elles obéissent à l’impulsion du moment, pensant à leur plaisir immédiat ; il commande et soumet l’impulsion, reposant sur ce qui est juste en permanence. Elles, obéissant à l’impulsion aveugle, violent les lois de la justice ; lui, conquérant l’impulsion, obéit à la loi de la justice.
Le sage se tient face à face avec les faits de la vie. Il connaît la nature de la pensée. Il comprend et obéit à la loi de son être.
Mais la victime accablée de douleur, esclave de l’impulsion aveugle, peut ouvrir les yeux de son esprit et voir la vraie nature des choses, dès qu’il le désire. Le sage — intelligent, rayonnant, calme — et le sot — confus, assombri, agité — ne font qu’un en essence, et ne sont séparés que par la nature de leurs pensées. Quand le sot se détourne et abandonne ses pensées insensées, et choisit et adopte des pensées sages, le voilà devenu un sage.
Socrate a vu l’unité essentielle de la vertu et de la connaissance, et tout sage la voit aussi. L’érudition peut accompagner la sagesse, mais ne conduit pas à elle. Seul le choix de pensées sages — et, nécessairement, l’accomplissement d’actions sages — conduit à la sagesse. Un homme peut être érudit dans les écoles, mais insensé dans l’école de la vie. Ce n’est pas la mémorisation de mots, mais l’établissement en soi de pensées plus pures, d’une pensée plus noble, qui mène aux révélations pacifiques de la vraie connaissance.
La folie et la sagesse, l’ignorance et l’illumination, ne sont pas seulement les résultats de la pensée — elles sont la pensée elle-même. La cause et l’effet, l’effort et le résultat, sont contenus dans la pensée.
Tout ce que nous sommes est le résultat de ce que nous avons pensé. C’est fondé sur nos pensées ; c’est formé de nos pensées.
L’homme n’est pas un être possédant une âme. Il est âme. Il est lui-même le penseur et l’agent, l’acteur et le connaisseur. Sa mentalité composée, c’est lui-même. Sa nature spirituelle est délimitée par son champ de pensée. C’est lui qui désire et souffre, qui aime et hait. L’esprit n’est pas l’instrument d’une âme métaphysique et surhumaine. L’homme est âme ; l’esprit est être ; l’esprit, c’est l’homme.
L’homme peut se découvrir lui-même. Il peut se voir tel qu’il est. Lorsqu’il est prêt à se détourner du monde illusoire et auto-créé des hypothèses dans lequel il erre, et à se tenir face à la réalité, alors il se connaîtra tel qu’il est.
De plus, il peut se représenter tel qu’il souhaite être, et il peut créer en lui le nouveau penseur, l’homme nouveau. Car chaque moment est un moment de choix — et chaque heure est destinée.
3. Lumière sur la loi de cause à effet dans la vie humaine
Combien de fois les gens associent-ils le mot « loi » à la dureté et à la cruauté ! Elle semble incarner pour eux rien d’autre qu’une tyrannie inflexible. Cela vient en partie de leur incapacité à concevoir des principes indépendamment des personnes, et en partie de l’idée que la fonction première de la loi est de punir.
Vue sous un tel angle, la notion de loi est vaguement perçue comme une sorte de personnalité indéfinie dont la mission serait de traquer les transgresseurs et de les écraser sous des punitions écrasantes.
Or, bien que la loi punisse, sa fonction première est de protéger. Même les lois humaines sont établies pour protéger l’homme contre ses propres passions les plus basses. La loi de notre pays est instituée pour la protection de la vie et des biens ; elle n’entre en jeu comme agent punitif que lorsqu’elle est violée. Les contrevenants la considèrent sans doute comme cruelle, et la craignent ; mais pour ceux qui lui obéissent, elle est un protecteur constant, un ami fidèle, et ne saurait susciter de crainte.
Il en est de même avec la Loi Divine, soutien de l’univers, cœur et vie du cosmos : elle est ce qui protège et soutient ; et elle est tout aussi protectrice dans ses pénalités que dans ses bénédictions paisibles. Elle est, en vérité, une protection éternelle, jamais retirée ne serait-ce qu’un instant, et elle protège tous les êtres contre eux-mêmes, en amenant toute violation — qu’elle soit ignorante ou volontaire — à l’annihilation par la douleur.
La loi ne peut être partielle. Elle est un mode d’action invariable, dont la désobéissance entraîne la souffrance, et l’obéissance, le bonheur. Ni protection ni supplication ne peuvent l’altérer ; car si elle pouvait être changée ou annulée, l’univers s’effondrerait et le chaos régnerait. Il n’est pas moins bienveillant que nous subissions la peine de nos fautes que de jouir de la récompense de nos bonnes actions. Si nous pouvions échapper aux conséquences de notre ignorance et de notre péché, toute sécurité serait perdue ; nous serions alors tout aussi incertains des effets de notre sagesse que de ceux de notre folie. Un tel système serait arbitraire et cruel, tandis que la loi est un principe de justice et de bonté.
En vérité, la loi suprême est le principe de la bonté éternelle, sans faille dans son action et infinie dans son application. Elle n’est rien d’autre que :
L’Amour Éternel, toujours plein,
Toujours librement répandu,
dont le chrétien chante les louanges, et dont les préceptes et la poésie bouddhistes célèbrent la « compassion infinie ».
La loi qui nous punit est celle qui nous préserve. Quand, dans leur ignorance, les hommes chercheraient à se détruire eux-mêmes, ses bras éternels se referment sur eux dans une protection pleine d’amour — parfois douloureuse, certes — mais salvatrice.
Chaque douleur que nous souffrons nous rapproche de la connaissance de la Sagesse Divine. Chaque bénédiction dont nous jouissons nous parle de la perfection de la Grande Loi, et de la plénitude de bonheur qui sera celle de l’homme lorsqu’il atteindra l’héritage de la Connaissance Divine.
Nous progressons par l’apprentissage, et nous apprenons, jusqu’à un certain point, par la souffrance. Lorsque le cœur s’adoucit par l’amour, la loi de l’amour se révèle dans toute sa merveilleuse bonté. Quand la sagesse est acquise, la paix est assurée.
Nous ne pouvons altérer la loi des choses, qui est d’une perfection sublime, mais nous pouvons nous transformer nous-mêmes afin de comprendre davantage cette perfection, et faire nôtre sa grandeur. Vouloir abaisser le parfait à l’imparfait est la plus grande des folies, mais élever l’imparfait vers le parfait est la plus grande des sagesses. Les voyants du Cosmos ne se lamentent pas sur l’ordre des choses : ils voient l’univers comme un tout parfait, et non comme un désordre de parties mal assemblées. Les Grands Maîtres sont des hommes et des femmes de joie durable et de paix céleste.
Le prisonnier aveugle du désir impur pourra bien s’écrier :
Ah, Amour ! Si toi et moi,
Pouvions conspirer avec lui,
Pour saisir ce triste dessein en entier,
Ne le briserions-nous pas en morceaux,
Et ne le remodelerions-nous pas
Selon les désirs du cœur ?
Tel est le vœu de la nature charnelle : jouir de plaisirs illégitimes sans subir de conséquences douloureuses. Ce sont de tels hommes qui voient dans l’univers un « triste dessein ». Ils veulent que l’univers se plie à leur volonté et à leur désir ; ils veulent l’anarchie, non la loi.
Mais l’homme sage plie sa volonté et soumet son désir à l’Ordre Divin, et il voit dans l’univers la glorieuse perfection d’une infinité de parties.
Bouddha appelait toujours la loi morale de l’univers la Bonne Loi, et en effet, on ne la perçoit justement que si on la considère comme essentiellement bonne ; car il ne peut y avoir en elle le moindre grain de mal, ni aucun élément de cruauté. Elle n’est pas un monstre au cœur de fer, écrasant les faibles et détruisant les ignorants, mais une tendresse apaisante et une compassion bienveillante, protégeant les plus fragiles du danger et empêchant les plus puissants d’abuser de leur force.
Elle détruit tout mal, elle préserve tout bien. Elle entoure de soin la plus infime semence, et anéantit l’injustice la plus colossale d’un simple souffle. La percevoir, c’est la vision béatifique. La connaître, c’est la béatitude suprême ; et ceux qui la perçoivent et la connaissent sont en paix. Ils sont dans la joie pour toujours.
Telle est la loi qui gouverne la droiture,
Que nul, à la fin, ne peut détourner ni arrêter ;
Son cœur est l’amour ; son terme est la paix,
Et l’accomplissement doux : obéis.
4. Lumière sur les valeurs — spirituelles et matérielles
C’est un vieil adage que « tout a son prix ». Tout le monde le sait dans le domaine des affaires, mais combien le savent spirituellement ? Le commerce consiste en un échange mutuel de valeurs équitables. Le client donne de l’argent et reçoit des marchandises, et le commerçant donne des marchandises et reçoit de l’argent. Cette méthode est universelle et est considérée par tous comme juste.
Dans les choses spirituelles, la méthode est la même, mais la forme d’échange est différente. Pour les choses matérielles, une chose matérielle est donnée en échange. Or, ces deux formes d’échange ne peuvent être transposées ; elles sont de natures opposées et demeurent éternellement distinctes. Ainsi, un homme peut apporter de l’argent dans une boutique et demander de la nourriture, des vêtements ou des livres, et il recevra des biens pour la valeur de son argent. Mais s’il apportait un dollar à un enseignant de la Vérité et lui demandait un dollar de religion, de justice ou de sagesse, il se verrait répondre que ces choses ne peuvent s’acheter avec de l’argent, que leur nature spirituelle les exclut des transactions commerciales.
Cependant, le sage enseignant lui dirait aussi que ces nécessités spirituelles doivent être acquises. Bien que l’argent ne puisse les acheter, elles ont un prix, et quelque chose doit être abandonné avant de pouvoir les recevoir. En un mot, au lieu d’offrir de l’argent, il doit offrir son moi, ou plutôt son égoïsme. Pour autant d’égoïsme abandonné, autant de religion, de justice et de sagesse seront immédiatement reçus, sans faute et avec parfaite équité. Car si un homme est sûr de recevoir de la nourriture et des vêtements périssables en échange de l’argent qu’il donne, à combien plus forte raison recevra-t-il la subsistance spirituelle impérissable et la protection pour l’égoïsme qu’il abandonne ! La loi fonctionnerait-elle dans les petites choses et échouerait-elle dans les plus grandes ? L’homme peut négliger d’observer la loi, mais la loi est infaillible.
Un homme peut aimer son argent, mais il doit s’en séparer avant de recevoir les conforts matériels de la vie. De même, un homme peut aimer ses gratifications égoïstes, mais il doit les abandonner avant de recevoir les consolations spirituelles de la religion.
Or, lorsqu’un commerçant donne des biens contre de l’argent, ce n’est pas pour garder l’argent, mais pour l’échanger contre d’autres biens. La fonction première du commerce n’est pas de permettre à chacun d’amasser de l’argent, mais de faciliter l’échange des marchandises. L’avare est le plus grand de tous les échecs, et il peut mourir de faim ou d’exposition alors même qu’il est millionnaire, parce qu’il adore la lettre de l’argent et ignore son esprit — l’esprit d’échange mutuel.
L’argent est un moyen, non une fin ; son échange est le signe que des biens sont justement donnés et reçus. Ainsi, le commerce, avec toutes ses innombrables ramifications, se résume à un principe fondamental : l’échange mutuel des nécessités matérielles de la vie.
Suivons maintenant ce principe dans la sphère spirituelle et traçons son application. Lorsqu’un homme spirituel donne des choses spirituelles — la bonté, la sympathie, l’amour — et reçoit du bonheur en retour, ce n’est pas pour garder ce bonheur pour lui seul, mais pour le transmettre à d’autres, et ainsi recevoir de nouveau des choses spirituelles. La fonction première de la spiritualité n’est pas d’amasser du plaisir personnel, mais de rendre effectif l’échange des bénédictions spirituelles.
Le plus égoïste des hommes — celui dont l’objectif principal est de rechercher le bonheur personnel — est un avare spirituel. Son esprit peut périr dans la misère spirituelle, bien qu’il soit entouré d’objets acquis pour flatter son plaisir, car il adore la lettre du bonheur et ignore son esprit — l’esprit de l’échange désintéressé. L’objectif de l’égoïsme est l’obtention de plaisir ou de bonheur personnels ; l’objectif de la religion est la diffusion de la vertu. Ainsi, la religion, avec toutes ses innombrables doctrines, peut être ramenée à un principe fondamental : l’échange mutuel des bénédictions spirituelles.
Quels sont donc ces dons spirituels ? Ce sont : la bonté, la fraternité, la bienveillance, la sympathie, la patience, la confiance, la paix, l’amour inconditionnel et la compassion illimitée. Ces bénédictions, ces nécessités pour l’esprit affamé de l’homme, peuvent être obtenues, mais leur prix doit être payé. L’méchanceté, le manque de charité, la malveillance, la dureté, le mauvais caractère, l’impatience, la suspicion, la discorde, la haine et la cruauté — tout cela, ainsi que le plaisir personnel qu’ils procurent, doivent être abandonnés.
Ces pièces mortes d’un point de vue spirituel doivent être abandonnées, et une fois qu’elles le sont, on recevra immédiatement leurs contreparties spirituelles — des bénédictions vivantes et impérissables, dont elles étaient le moyen et le signe.
Pour conclure : lorsqu’un homme donne de l’argent à un marchand et reçoit des biens en retour, il ne souhaite pas récupérer son argent. Il s’en est volontairement séparé à jamais et est satisfait de l’échange. De même, lorsqu’un homme renonce à l’injustice pour recevoir la justice, il ne souhaite pas retrouver ses plaisirs égoïstes. Il les a abandonnés pour toujours, et il est satisfait et en paix.
Ainsi aussi, lorsqu’on fait un don, même matériel, on n’attend pas du bénéficiaire qu’il nous en rende la valeur en argent, parce qu’il s’agit d’un acte spirituel et non d’une transaction commerciale. La chose matérielle représente alors l’échange de bénédictions spirituelles, et la félicité qui l’accompagne est celle d’un don offert et d’un don reçu.
« Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou ? »
Tout dans l’univers — chaque objet et chaque pensée — a une valeur. Les choses matérielles ont une valeur matérielle, les choses spirituelles ont une valeur spirituelle, et confondre ces valeurs n’est pas sage. Chercher à acheter des bénédictions spirituelles avec de l’argent, ou des luxes matériels avec de la vertu, c’est suivre la voie de l’égoïsme et de la folie. C’est confondre le troc et la religion, et faire du troc une religion. La sympathie, la bonté, l’amour ne peuvent être achetés ni vendus ; ils ne peuvent qu’être donnés et reçus. Quand un don est payé, il cesse d’être un don.
Parce que tout a une valeur, ce qui est donné librement est gagné en abondance. Celui qui abandonne le moindre bonheur de l’égoïsme gagne le plus grand bonheur de l’altruisme. L’univers est juste, et sa justice est si parfaite que celui qui l’a perçue ne peut plus douter ni craindre. Il ne peut que s’émerveiller et se réjouir.
5. Lumière sur le sens des proportions
Dans un cauchemar, il n’y a aucune relation entre les choses ; tout est désordonné, et règne une confusion générale, accompagnée de misère. Les sages ont comparé la vie égoïste à un cauchemar. Il y a une forte ressemblance entre une vie égoïste — dans laquelle le sens des proportions est si altéré que les choses ne sont vues qu’en fonction de leurs effets sur les objectifs égoïstes — et cet état de sommeil troublé qu’on appelle cauchemar, avec ses excitations fiévreuses, ses ennuis accablants et ses désastres.
Dans un cauchemar aussi, la volonté contrôlante et l’intelligence lucide dorment ; et dans une vie égoïste, la nature supérieure et les perceptions spirituelles sont plongées dans un profond sommeil.
L’esprit inculte manque de sens des proportions. Il ne voit pas la juste relation entre les objets naturels, et il est de ce fait insensible à la beauté et à l’harmonie qui l’entourent.
Et qu’est-ce que ce sens des proportions, sinon la faculté de voir les choses telles qu’elles sont ? C’est une faculté qui demande à être cultivée, et sa culture, lorsqu’elle est appliquée aux choses naturelles, élargit l’intelligence entière et affine le caractère moral. Mais elle s’applique aussi aux choses spirituelles, et c’est là qu’elle manque le plus, et qu’elle est le plus nécessaire. Car voir les choses telles qu’elles sont dans le domaine spirituel, c’est ne trouver aucun fondement au chagrin, ni d’abri à la lamentation.
D’où viennent donc tout ce chagrin, cette anxiété, cette peur et ces troubles ? N’est-ce pas parce que les choses ne sont pas comme les hommes et les femmes voudraient qu’elles soient ? N’est-ce pas parce que la multiplicité des désirs les empêche de voir les choses dans leur juste perspective et leur proportion réelle ?
Quand quelqu’un est accablé de douleur, il ne voit rien d’autre que sa perte ; sa proximité avec lui efface tout le reste de la vie. La chose en elle-même peut être insignifiante, mais pour celui qui souffre, elle prend une ampleur démesurée, hors de proportion avec le reste de la vie.
Tous ceux qui ont dépassé la trentaine peuvent repenser à des moments de leur vie où ils étaient angoissés, submergés de chagrin, voire au bord du désespoir, à cause d’événements qui, vus maintenant avec du recul, étaient insignifiants.
Si quelqu’un, prêt à se suicider aujourd’hui, suspendait son geste et attendait dix ans, il s’émerveillerait alors de sa folie passée, face à un problème qui était comparativement petit.
Lorsque l’esprit est possédé par la passion ou paralysé par le chagrin, il a perdu le pouvoir de juger.
Il ne peut ni peser ni considérer. Il ne perçoit pas les valeurs relatives et les proportions des choses qui le troublent. Éveillé et actif, il se meut pourtant dans un cauchemar qui tient ses facultés en esclavage.
Le partisan passionné manque d’un tel sens des proportions que, pour lui, son propre camp ou point de vue représente tout ce qui est juste et bon, et celui de son adversaire tout ce qui est mauvais et faux. À cette partialité, sa raison est enchaînée, si bien que toute la raison qu’il peut invoquer est mobilisée au service de son biais, et non exercée pour trouver la juste relation entre les deux parties. Il est si convaincu que son propre parti a entièrement raison, et que l’autre, pourtant également intelligent, a entièrement tort, qu’il lui est impossible d’être impartial et juste. La seule chose qu’il comprend sous le nom de justice est d’obtenir gain de cause ou de placer un pouvoir dirigeant entre les mains de son parti.
De même que le sens des proportions dans les choses matérielles met fin à l’esprit de répugnance, dans les choses spirituelles il met fin à l’esprit de discorde. Le véritable artiste ne voit la laideur nulle part ; il ne voit que beauté. Ce qui est répugnant pour les autres occupe, pour lui, sa juste place dans la nature, et apparaît dans son tableau comme une chose de beauté. Le véritable voyant ne voit le mal nulle part ; il voit le bien universel.
Ce qui est haïssable aux yeux des autres, il le voit dans sa juste place dans le plan de l’évolution, et il le tient dans son esprit avec détachement comme objet de contemplation.
Les hommes et les femmes s’inquiètent, s’affligent et se battent parce qu’ils manquent de ce sens des proportions, parce qu’ils ne voient pas les choses dans leurs justes relations. Les objets de leur tumulte ne sont pas des choses en soi, mais leurs propres opinions sur ces choses, des ombres qu’ils ont créées eux-mêmes, les créations irréelles d’un cauchemar égoïste.
La culture et le développement du sens éthique des proportions transforment le partisan enflammé en un doux artisan de paix, et donnent la clairvoyance du prophète à celui qui n’était jusque-là qu’un instrument aveugle dans le jeu conflictuel des forces égoïstes.
Le sens spirituel des proportions apporte la santé mentale ; il restaure la sérénité de l’esprit ; il confère l’impartialité et la justice, et révèle un univers d’harmonie parfaite.
6. Lumière sur la fidélité aux principes
L’homme de Vérité ne dévie jamais des principes divins qu’il a embrassés. Il peut être menacé par la maladie, la pauvreté, la douleur, la perte d’amis ou de position, voire même par la mort imminente, et pourtant il n’abandonne pas les principes qu’il sait être éternellement vrais.
Pour lui, il est une chose plus grave, plus à craindre et à fuir que tous les maux précités réunis, et c’est l’abandon des principes. Devenir lâche à l’heure de l’épreuve, renier sa conscience, se joindre à la cohorte des passions, désirs et peurs pour tourner le dos, accuser et crucifier le Christ éternel du Principe Divin, sous prétexte que ce principe ne lui a pas donné la santé, l’aisance ou l’abondance personnelles — voilà, pour l’homme de Vérité, le mal suprême, le péché des péchés.
Nous ne pouvons échapper à la maladie et à la mort. Même si nous les évitons longtemps, elles finiront par nous atteindre. Mais nous pouvons éviter le mal, nous pouvons éviter la peur et la lâcheté. Lorsque nous évitons habituellement le mal et rejetons la peur, les maux de la vie ne peuvent nous vaincre lorsqu’ils nous atteignent, car nous les aurons maîtrisés. Au lieu de les éviter un temps, nous les aurons vaincus sur leur propre terrain.
Il en est qui enseignent qu’il est juste de faire le mal quand c’est pour protéger autrui ; qu’il est bon, par exemple, de mentir lorsque c’est pour le bien d’un autre — autrement dit, qu’il est juste d’abandonner un principe de vérité sous l’épreuve sévère. Un tel enseignement n’est jamais sorti des lèvres des Grands Maîtres. Il n’a pas même été prononcé par ces hommes moins grands, mais superbement nobles que sont les prophètes, les saints et les martyrs, car ces hommes illuminés savaient parfaitement qu’aucune circonstance ne peut transformer un mal en bien, et qu’un mensonge n’a aucun pouvoir de salut ou de protection.
Le mal est un mal plus grand que la douleur, et le mensonge est plus mortel et destructeur que la mort. Jésus a réprimandé Pierre pour avoir tenté de protéger la vie de son Maître par un acte répréhensible, et aucune personne droite n’accepterait la vie au prix de la conscience morale d’un autre, même si cela semblait possible.
Tous les hommes admirent et révèrent les martyrs, ces hommes et femmes fermes qui craignaient le mal, la lâcheté et le mensonge, mais qui ne craignaient ni la douleur ni la mort ; ceux qui restèrent fermes et calmes dans leur fidélité au principe, même lorsqu’ils furent poussés à l’extrême limite de l’épreuve. Oui, même lorsque les railleries des ennemis les assaillaient et que les pleurs et les supplications des êtres aimés les suppliaient, ils ne fléchirent pas, ne reculèrent pas, sachant que le bien futur et le salut du monde entier dépendaient de leur fermeté dans cette heure suprême. C’est pourquoi ils demeurent à jamais comme des monuments de vertu, des centres de puissance salvatrice et édifiante pour toute l’humanité.
Mais celui qui a menti pour se sauver, ou pour les deux ou trois êtres qu’il aimait personnellement, est rarement retenu dans la mémoire. Car à l’heure de l’abandon du principe, sa puissance s’en était allée. Et s’il est mentionné, ce n’est pas pour ce mensonge qu’on l’honore. Il est toujours vu comme quelqu’un qui a échoué quand l’épreuve s’est présentée ; en tant qu’exemple de la plus haute vertu, il est rejeté par tous les hommes de toutes les époques.
Si tous les hommes avaient cru qu’un mensonge est justifiable en des circonstances extrêmes, nous n’aurions eu ni martyrs ni saints ; la fibre morale de l’humanité aurait été minée, et le monde serait resté à tâtonner dans des ténèbres toujours plus profondes.
L’attitude qui considère que faire le mal pour les autres est la bonne chose à faire repose sur l’hypothèse tacite que le mal et le mensonge sont des maux moindres que le malheur, la douleur ou la mort. Mais l’homme de vision morale sait que le mal et le mensonge sont les maux suprêmes, et donc il ne les commet jamais, même si sa propre vie ou celle des autres semble en jeu.
Il est facile pour un homme, dans la saison fleurie de la prospérité ou les beaux jours de l’aisance, de se persuader qu’il est fermement attaché aux principes. Mais lorsque la douleur le saisit, lorsque l’ombre du malheur commence à l’envelopper et que la pression des circonstances l’accule — alors commence son épreuve, il est entré dans le temps du test. C’est en cette saison qu’il sera révélé s’il s’accroche à lui-même ou s’il s’attache à la Vérité.
Les principes sont là pour nous sauver à l’heure du besoin. Si nous les abandonnons à ce moment-là, comment pourrions-nous être sauvés des pièges et douleurs de l’égo ?
Si un homme agit contre sa conscience, croyant ainsi éviter une souffrance immédiate ou pressante, il ne fait qu’augmenter la douleur et le mal. Le juste est moins soucieux d’éviter la douleur que de commettre le mal.
Il n’y a ni sagesse ni sécurité à abandonner des principes permanents et protecteurs lorsque notre bonheur semble menacé.
Si nous abandonnons le vrai pour l’agréable, nous perdrons à la fois l’agréable et le vrai. Mais si nous abandonnons l’agréable pour le vrai, la paix de la vérité apaisera notre chagrin.
Si nous troquons le supérieur pour l’inférieur, le vide et l’angoisse nous rattraperont, et alors, ayant abandonné l’Éternel, où sera notre roc de refuge ? Mais si nous cédons l’inférieur pour le supérieur, la force et la satisfaction du supérieur resteront avec nous, une joie plénière nous envahira, et nous trouverons dans la Vérité un roc de refuge contre les maux et les peines de la vie.
Trouver ce qui est permanent au milieu de tous les changements de la vie, et, l’ayant trouvé, y rester fidèle en toutes circonstances — voilà le seul vrai bonheur, voilà le seul salut et la seule paix durable.
7. Lumière sur le sacrifice de soi
LE SACRIFICE DE SOI est l’un des principes fondamentaux dans les enseignements des grands Maîtres spirituels. Il consiste à renoncer au moi, ou à l’égoïsme, afin que la Vérité devienne la source de la conduite. Le moi n’est pas une entité qu’il faut rejeter, mais un état d’esprit à convertir.
La renonciation au moi ne signifie pas l’anéantissement de l’être intelligent, mais bien l’anéantissement de tout désir sombre et égoïste. Le moi, c’est l’attachement aveugle aux choses périssables et aux plaisirs éphémères, par opposition à la pratique intelligente de la vertu et de la droiture. Le moi, c’est le cœur qui convoite, qui désire, qui s’attache — et c’est cela qui doit être abandonné avant que la Vérité puisse être connue, avec sa paix infinie et son calme durable.
Renoncer aux choses matérielles ne suffit pas ; c’est le désir pour ces choses qu’il faut sacrifier. Même si un homme sacrifie la richesse, la position, les amis, la famille, la renommée, la maison, la femme, l’enfant — oui, même la vie elle-même — cela ne servira à rien si le moi n’est pas renoncé.
Bouddha a renoncé au monde et à tout ce qui lui était cher, mais ce n’est qu’après six années d’errance, de recherche et de souffrance, et après avoir abandonné les désirs de son cœur, qu’il parvint à l’illumination et à la paix.
Renoncer seulement aux objets de l’auto-indulgence ne mènera pas à la paix, mais au tourment. C’est l’auto-indulgence elle-même, le désir de ces objets, qu’il faut abandonner — alors la paix entrera dans le cœur.
Le sacrifice est douloureux tant qu’il reste la moindre trace du moi dans le cœur. Tant qu’il demeure un désir caché pour un objet ou un plaisir indigne qu’on a pourtant sacrifié, il y aura des périodes de souffrance intense et de tentation ardente. Mais lorsque ce désir est définitivement mis de côté, et que le sacrifice est complet et parfait, alors, concernant cet objet ou plaisir particulier, il ne peut plus y avoir ni souffrance ni tentation.
Ainsi, lorsque le moi dans son intégralité est sacrifié, le sacrifice dans son aspect douloureux prend fin, et la connaissance parfaite et la paix parfaite sont atteintes.
La haine, c’est le moi. La convoitise, c’est le moi. L’envie et la jalousie, c’est le moi. La vanité et la vantardise, c’est le moi. La gourmandise et la sensualité, c’est le moi. Le mensonge et la tromperie, c’est le moi. Médire de son prochain, c’est le moi. La colère et la vengeance, c’est le moi.
Le sacrifice de soi consiste à abandonner toutes ces conditions sombres de l’esprit et du cœur. Le processus est douloureux dans ses débuts, mais bientôt une paix divine descend à intervalles réguliers sur le pèlerin. Plus tard, cette paix demeure plus longtemps avec lui, et finalement, lorsque les rayons de la Vérité commencent à se diffuser dans le cœur, elle demeure en permanence.
Ce sacrifice mène à la paix ; car dans la vie parfaite de la Vérité, il n’y a plus de sacrifice, et plus de douleur ni de chagrin. Là où le moi n’existe plus, rien ne reste à abandonner. Là où l’esprit ne s’attache plus aux choses périssables, rien n’est à renoncer. Là où tout a été placé sur l’autel de la Vérité, l’amour égoïste est absorbé dans l’amour divin. Et dans cet amour divin, il n’y a plus de pensée de soi, car il y a perfection de la clairvoyance, illumination et immortalité — et par conséquent, la paix parfaite.
8. Lumière sur la gestion de l’esprit
À LA SUITE DU CHAPITRE PRÉCÉDENT, quelques conseils sur la gestion de son propre esprit seront sans doute opportuns. Avant qu’un homme puisse même voir la nécessité d’un gouvernement de soi complet et rigoureux, il devra rejeter une grande illusion dans laquelle beaucoup sont plongés — l’illusion de croire que ses manquements de conduite sont entièrement dus aux autres, et non entièrement à lui-même.
« Je pourrais faire beaucoup plus de progrès si je n’étais pas gêné par les autres », ou « Il m’est impossible d’avancer, puisque je vis avec des gens irritables », sont des plaintes fréquentes qui naissent de l’erreur qui consiste à attribuer à autrui la responsabilité de sa propre faiblesse.
L’homme violent ou irritable blâme toujours les gens qui l’entourent pour ses accès de colère, et en vivant constamment dans cette illusion, il devient de plus en plus enchaîné à ses
