Chemins cisterciens: éclairés par les « quatre évangélistes de Cîteaux » Saint Bernard de Clairvaux - Saint Aelred de Rievaulx - Bienheureux Guillaume de Saint Thierry - Bienheureux Guerric d’Igny
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-François Fyot laïc cistercien, secrétaire d’ARCCIS tout en vivant une carrière dans un grand groupe sidérurgique français (recherche appliquée, fabrication, commerce et directeur de région dans une filiale), après une thèse de psychologie sociale, visiteur de prison a assuré avec le soutien d’une communauté religieuse la responsabilité d’une maison d’accueil de familles de personnes incarcérées en Centre de détention. Il a en outre animé des ateliers mémoire dans plusieurs établissements pénitentiaires de l’Est de la France, ainsi que des ateliers de préparation à la sortie avec des psychologues cliniciennes en Maison d’Arrêt. Il est également intervenu sous forme de conférences débats auprès des futurs directeurs en formation à l’ENAP d’Agen ainsi qu’auprès de juges sur Paris. Il est toujours visiteur de prison pour des longues peines et assure des accompagnements extérieurs.
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Aperçu du livre
Chemins cisterciens - Jean-François Fyot
Page de titre
Jean-François Fyot
Chemins cisterciens
Éclairés par les 4 évangélistes de Cîteaux
Saint Bernard de Clairvaux
Saint Aelred de Rievaulx
Bienheureux Guillaume de Saint Thierry
Bienheureux Guerric d’Igny
Textes
Textes : Œuvres complètes de Bernard de Clairvaux (extraits)
Éditions Dion et Charpentier 1882
Traduction revue
Textes recueillis et présentés
par Jean-François Fyot
ARCCIS
Préface
Au fil des rencontres fraternelles, nombreux sont celles et ceux qui nous disent qu’ils sont « jaloux », c’est la vivacité de leur quête de Dieu qui parle, jaloux de la richesse de notre Patrimoine cistercien. Et comme on les comprend !
Ce n’est pas la première fois que les amateurs éclairés qui composent la ruche laborieuse d’Arccis proposent aux lecteurs des extraits toujours aussi attrayants de textes du « Pain de Cîteaux » ! Le volume préparé ici par J.-F. Fyot, Secrétaire d’Arccis, nous propose aujourd’hui deux parcours complémentaires, comportant chacun d’importants extraits d’écrits de ceux qu’on ose nommer, à la suite de Dom Anselme Le Bail, les « Quatre Évangélistes » de Cîteaux : Saint Bernard, le Bienheureux Aelred de Rievaulx, le Bienheureux Guillaume de Saint Thierry, et le Bienheureux Guerric d’Igny.
La sélection qui s’ouvre devant nous est plus large que celle d’éditions précédentes : le choix inclut des passages d’œuvres moins connues par le « grand public », qui se laisse parfois effaroucher par la finesse et la densité de la pensée théologique, anthropologique, monastique et patristique de ces auteurs. Nous y trouvons également des extraits de catéchèses du Pape Benoît XVI. Son goût délicat et l’acuité de sa recherche de sens spirituel, menée chez tant d’auteurs, fait de lui un véritable guide pour notre quête de repères sur la route qui ouvre à Dieu et à une profonde communion, à partir de cette ouverture, avec nos frères et sœurs en humanité.
La seconde partie du volume nous accompagne de façon tout aussi cistercienne, au long de l’année liturgique. Nous restons en compagnie des quatre auteurs cités plus haut. Tous les mystères de la vie du Christ se donnent à contempler, avec les regards différents mais si complémentaires de nos Pères.
La densité de certains passages nous laisse parfois surpris de la profondeur théologique du texte, nous obligeant à ralentir notre lecture, à la reprendre, parfois, et à nous arrêter, souvent. Nous voici contraints par la richesse de l’écrit que nous recevons, à pratiquer réellement la progression de la lectio : lectio, meditatio et contemplatio…
Que cette lecture cordiale soit pour les chercheurs de Dieu que nous voulons être, un modeste instrument qui nous aidera à découvrir au long de ces « Chemins cisterciens », des voies sûres par lesquelles l’Esprit nous conduit.
Sœur Marie-Pascale Dran
Abbaye N.-D. de Brialmont B – 4130 TILFF
Vice-présidente d’Arccis.
Saint Bernard de Clairvaux
1090-1153
Catéchèse
de Benoît XVI (extraits)
Bernard naquit en 1090 à Fontaines, en France, dans une famille nombreuse et assez aisée. Dans son adolescence, il se consacra à l’étude de ce que l’on appelle les arts libéraux – en particulier la grammaire, la rhétorique et la dialectique – à l’école des chanoines de l’église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine et il mûrit lentement la décision d’entrer dans la vie religieuse. Vers vingt ans, il entra à Cîteaux, une fondation monastique nouvelle, plus souple par rapport aux anciens et vénérables monastères de l’époque et, dans le même temps, plus rigoureuse dans la pratique des conseils évangéliques. Quelques années plus tard, en 1115, Bernard fut envoyé par saint Étienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, pour fonder le monastère de Clairvaux. C’est là que le jeune abbé (il n’avait que vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception de la vie monastique, et s’engager à la traduire dans la pratique. En regardant la discipline des autres monastères, Bernard rappela avec fermeté la nécessité d’une vie sobre et mesurée, à table comme dans l’habillement et dans les édifices monastiques, recommandant de soutenir et de prendre soin des pauvres. Entre-temps, la communauté de Clairvaux devenait toujours plus nombreuse et multipliait ses fondations.
Au cours de ces mêmes années, avant 1130, Bernard commença une longue correspondance avec de nombreuses personnes, importantes aussi bien que de condition sociale modeste. Aux multiples Lettres de cette période il faut ajouter les nombreux Sermons, ainsi que les Sentences et les Traités. C’est toujours à cette époque que remonte la grande amitié de Bernard avec Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et avec Guillaume de Champeaux, des figures parmi les plus importantes du xiie siècle. À partir de 1130, il commença à s’occuper de nombreuses et graves questions du Saint-Siège et de l’Église. C’est pour cette raison qu’il dut sortir toujours plus souvent de son monastère, et parfois hors de France. Il fonda également quelques monastères féminins, et fut le protagoniste d’une vive correspondance avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny. Il dirigea surtout ses écrits polémiques contre Abélard, le grand penseur qui a lancé une nouvelle manière de faire de la théologie en introduisant en particulier la méthode dialectique-philosophique dans la construction de la pensée théologique. Un autre front sur lequel Bernard a lutté était l’hérésie des Cathares, qui, méprisant la matière et le corps humain, méprisaient en conséquence le Créateur. En revanche, il sentit le devoir de prendre la défense des juifs, en condamnant les vagues d’antisémitisme toujours plus diffuses. C’est pour ce dernier aspect de son action apostolique que, quelques dizaines d’années plus tard, Ephraïm, rabbin de Bonn, adressa un vibrant hommage à Bernard. Au cours de cette même période le saint abbé rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme les très célèbres Sermons sur le Cantique des Cantiques. Au cours des dernières années de sa vie – sa mort survint en 1153 – Bernard dut limiter les voyages, sans pourtant les interrompre complètement. Il en profita pour revoir définitivement l’ensemble des Lettres, des Sermons, et des Traités. (…)
Je voudrais à présent m’arrêter sur deux aspects centraux de la riche doctrine de Bernard : elles concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge Marie, sa Mère. Sa sollicitude à l’égard de la participation intime et vitale du chrétien à l’amour de Dieu en Jésus Christ n’apporte pas d’orientations nouvelles dans le statut scientifique de la théologie. Mais, de manière plus décidée que jamais, l’abbé de Clairvaux configure le théologien au contemplatif et au mystique. Seul Jésus – insiste Bernard face aux raisonnements dialectiques complexes de son temps – seul Jésus est « miel à la bouche, cantique à l’oreille, joie dans le cœur (mel in ore, in aure melos, in corde iubilum) ». C’est précisément de là que vient le titre, que lui attribue la tradition, de Docteur mellifluus : sa louange de Jésus Christ, en effet, « coule comme le miel ». (…)
Pour Bernard, la véritable connaissance de Dieu consiste dans l’expérience personnelle et profonde de Jésus Christ et de son amour. Et cela, chers frères et sœurs, vaut pour chaque chrétien : la foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, et doit faire l’expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour, et ce n’est qu’ainsi que l’on apprend à le connaître toujours plus, à l’aimer et le suivre toujours plus. Que cela puisse advenir pour chacun de nous !
Dans un autre célèbre Sermon le dimanche entre l’octave de l’Assomption, le saint Abbé décrit en termes passionnés l’intime participation de Marie au sacrifice rédempteur du Fils. « Ô sainte Mère – s’exclame-t-il –, vraiment, une épée a transpercé ton âme ! … La violence de la douleur a transpercé à tel point ton âme que nous pouvons t’appeler à juste titre plus que martyre, car en toi, la participation à la passion du Fils dépassa de loin dans l’intensité les souffrances physiques du martyre » (14 : PL 183-437-438). Bernard n’a aucun doute : « per Mariam ad Iesum », à travers Marie, nous sommes conduits à Jésus. Il atteste avec clarté l’obéissance de Marie à Jésus, selon les fondements de la mariologie traditionnelle. (…)
Ces réflexions, caractéristiques d’un amoureux de Jésus et de Marie comme saint Bernard, interpellent aujourd’hui encore de façon salutaire non seulement les théologiens, mais tous les croyants. On prétend parfois résoudre les questions fondamentales sur Dieu, sur l’homme et sur le monde à travers les seules forces de la raison. Saint Bernard, au contraire, solidement ancré dans la Bible, et dans les Pères de l’Église, nous rappelle que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la prière et par la contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel, et perdent leur crédibilité. La théologie renvoie à la « science des saints », à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à leur sagesse, don de l’Esprit Saint, qui deviennent un point de référence de la pensée théologique. Avec Bernard de Clairvaux, nous aussi nous devons reconnaître que l’homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu « avec la prière qu’avec la discussion ». À la fin, la figure la plus authentique du théologien et de toute évangélisation demeure celle de l’apôtre Jean, qui a appuyé sa tête sur le cœur du Maître.
Je voudrais conclure ces réflexions sur saint Bernard par les invocations à Marie, que nous lisons dans une belle homélie. Dans les dangers, les difficultés, les incertitudes – dit-il –, pense à Marie, invoque Marie. Qu’elle ne se détache jamais de tes lèvres, qu’elle ne se détache jamais de ton cœur ; et afin que tu puisses obtenir l’aide de sa prière, n’oublie jamais l’exemple de sa vie. Si tu la suis, tu ne te tromperas pas de chemin ; si tu la pries, tu ne désespéreras pas ; si tu penses à elle, tu ne peux pas te tromper. Si elle te soutient, tu ne tombes pas ; si elle te protège, tu n’as rien à craindre ; si elle te guide, tu ne te fatigues pas ; si elle t’est propice, tu arriveras à destination…
Catéchèse 2009
Notre condition humaine
Le cœur humain est entouré par les fossés de la convoitise, clôturé par la muraille de l’égocentrisme, et, dans son espace intérieur, se dresse la tour de Babel.
Sermon 5 pour l’Assomption (extraits)
Pauvres de nous, nés pour notre malheur, puisque notre lot c’est de naître dans l’affliction, de vivre dans la peine, de mourir dans la douleur. Recevant et donnant la vie, nous sommes nés pécheurs d’un pécheur… Nous croyons être quelque chose alors que nous ne sommes rien (Ga 6, 3).
Regarde le genre humain, se presser du lever au coucher du soleil vers les foires de ce monde. Les uns recherchent la richesse, d’autres courent après les honneurs, d’autres encore sont séduits par l’agrément de la popularité.
Mais en quoi consistent ces richesses ? N’est-ce pas avec peine qu’on les acquiert, avec crainte qu’on les possède, avec douleur qu’on les perd ? Tu fais des réserves sans savoir ce que tu entasses (Ps 38, 7). Vois quel labeur tu te mets sur le dos pour des biens périssables…
Fils des hommes, jusqu’à quand ces cœurs fermés, ce goût du néant, cette course au mensonge (Ps 4, 3) ? Que signifie cette course démentielle fils d’Adam ?
Voilà pour les richesses. Et les honneurs, en quoi consistent-ils ? Tu as été placé au plus haut rang, on t’a établi pour chef. Mais regarde, n’est-ce pas pour être jugé par tous, exposé aux critiques de tous, déchiré par tous ? … Pourrait-on être à l’honneur sans être dans la douleur, occuper une responsabilité sans connaître la tribulation, se voir élevé sans ressentir de vanité ?
Voilà pour les honneurs. Qu’en est-il de la gloire ? La gloire, d’où te vient-elle, poussière puante, terre vaseuse, récipient d’outrages ? Non pas à toi, non pas à toi, mais au nom de Dieu réserve la gloire (Ps 113, 9) ! Laisse sa gloire à celui qui est glorieux parmi les saints (Ps 67, 36). C’est lui qu’il faut louer, lui que les anges louent dans les hauteurs (Ps 148, 1s). N’est-elle pas complètement vide la gloire qui ne consiste qu’en une vaine enflure de son pour les oreilles ? Il est d’ailleurs impossible de recevoir cette gloire sans devenir objet d’envie. Regarde les hommes sur qui tu as préséance, et pense qu’à tous tu as fourni des germes d’envie. Tous sont enflammés contre toi et te regardent de travers ; ton bonheur les tourmente, ta gloire les brûle. Ainsi la raison de ta gloire est aussi la raison pour laquelle on te hait. Que la cause de ton élévation soit donc aussi celle de ton humilité ; et que le motif de ta sécurité soit pour toi une cause de préoccupation.
Remarque-le : si c’est en raison de ta gloire que tu cours, tu te rues vers l’envie ; et si c’est le bonheur que tu poursuis, c’est dans le malheur que tu seras détruit. Tu le vois, c’est bien en vain que tout homme se tracasse (Ps 38, 12).
Sermon divers 42 (extraits)
Qu’il verse au sud ou au nord, l’arbre demeure là où il est tombé (Si 11, 3) … L’arbre donc s’abat dans la mort, et de quelque côté qu’il verse, il demeure. Ainsi Dieu te jugera au lieu même où il t’aura trouvé. Car, je le répète, on y est sans changement ni retour possible. Que l’arbre, donc, avant de tomber, se préoccupe de savoir de quel côté il tombera, car après sa chute il ne pourra se relever (Ps 40, 9), même si c’est seulement pour changer de sens. Mais de quel côté l’arbre va-t-il tomber ? Si tu veux le savoir, observe ses branches. Pas de doute : c’est du côté où les branches sont les plus nombreuses et les plus lourdes qu’il tombera, si à ce moment-là on le coupe. Or ses branches, ce sont nos désirs : par eux nous nous étendons vers le sud, s’ils sont spirituels, mais vers le nord s’ils sont charnels. Si par sa situation médiane, c’est le corps qui indique où sont les désirs qui pèsent le plus lourd. Car ceux d’entre eux qui remportent tirent le corps avec eux. De fait, notre corps constitue ainsi le milieu entre l’esprit qu’il doit servir et les désirs charnels qui font la guerre à l’âme (1 P 2, 11) ou encore les puissances des ténèbres.
Sermon divers 85 (extraits)
La Foi
La foi chemin de connaissance
Ne pourrait-on point aussi mettre au nombre
