Si Je Ne T'aimais Pas Autant
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À propos de ce livre électronique
Un amour sincère et véritable peut-il transcender la mort ? Monseigneur Sintra nous offre un roman d'époque bouleversant qui raconte le dénouement malheureux du couple Sylvie et François-Armand. Avec pour toile de fond la France du XIXe siècle, l'intrigue aborde également des aspects de l'œuvre d'Al
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Aperçu du livre
Si Je Ne T'aimais Pas Autant - Valter Turini
Paroles d'auteur spirituel
Dans les annales de l'histoire de l'humanité, le dix–neuvième siècle a été, peut–être, le plus étonnant de tous. À cette époque, chaque jour qui passe, les gens voient les merveilleux et stupéfiants « miracles » que la science leur présente, remplis d'émerveillement naturel : des machines nouvelles et efficaces sont apparues, facilitant les tâches humaines les plus ardues ; de nouvelles découvertes extraordinaires en médecine, en physique et en chimie ont suscité des exclamations de surprise et d'admiration et de nouveaux concepts philosophiques très étranges, voire étranges, sont apparus, qui ont accéléré le développement des consciences encore émoussées par la dépression dans laquelle elles étaient plongées, depuis les interminables millénaires qui se sont écoulés, et toujours entourés de liberté d'action et de création – attributs immanents à l'homme et dérivés du besoin naturel particulier et extraordinaire des créatures d'observer, d'analyser, de comprendre, de transformer et de créer – caractéristiques dotées, depuis le début des temps, par la bonté infinie et la sagesse suprême du Créateur!
Heureusement, après d'innombrables années d'esclavage et de torture, sous le gant impitoyable de la foi aveugle et de l'imposition de rites vides et inoffensifs, pour s'occuper uniquement et exclusivement de la forme extérieure – pratiques absurdes et même cruelles ! – institué arbitrairement par le christianisme qui, plein d'orgueil et d'arrogance, se vantant d'être l'héritier unique et exclusif de l'héritage chrétien, avait toujours été, en réalité, étranger et indifférent aux véritables finalités de la Création, l'homme, enfin, fut libéré... ! Combien de luttes furent menées, sous le poids de tant de sueur et de sang versés, pour que, millimètre par millimètre, les lumières de la connaissance s'avancent sur ce monde d'obscurité et d'ignorance... ! Si la religion commandait ne serait–ce qu'aux rois de la terre, sans parler du commun des ignorants... ! Jusqu'alors, en matière de foi, personne d'autre n'avait autorité pour parler que les « représentants de Dieu sur terre », et la science et la philosophie étaient emprisonnées et étroitement bâillonnées, devant se limiter à ce que Dieu leur permettait.... Ainsi le christianisme, au lieu d'éclairer et de libérer les âmes, les a asservies, fuyant ainsi la plus sacrée des conquêtes de l'Esprit : le libre arbitre... !
Mais ceux qui pensent que le christianisme et la chrétienté sont identiques se trompent profondément... ! Ils ont en effet très peu de choses en commun... ! La poussière des siècles s'est déposée, régulièrement et inexorablement, sur les claires vérités apportées par le Christ ; une avalanche de débris, considérés comme des « articles de foi », s'est déposée sur le Message immaculé et très clair de l'Evangile, au point de lui faire perdre, en principe, le contenu réel dont il était revêtu, lorsqu'il fut prêché et, principalement, dans son intégralité, vécu par l'éminent Jésus... !
Une grande partie de l'essence chrétienne s'était apparemment perdue dans les voies du temps, vilipendée et gaspillée dans le seul but de servir les intérêts immédiats d'une minorité fallacieuse et indécente qui s'érigeait comme « directeur spirituel de l'humanité... » ! Profondément conscient des passions et des vices humains, Jésus lui–même y avait fait allusion, annonçant qu'il faudrait, plus tard, rétablir les choses à leur juste valeur et promettant d'envoyer sur terre le Consolateur, l'Esprit de Vérité, car, à ce moment–là, les hommes ne porteraient pas toute la connaissance qu'impliquait la Grande Réalité¹.... Il faudrait d'abord faire mûrir les esprits avant de révéler l'existence du monde des esprits et les lois qui en découlent et qui régissent la vie ici et dans l'au–delà... ! Chaque chose en son temps.... La Loi du Progrès elle–même s'en charge et, malgré tout le pouvoir temporel
dont sont constituées les institutions terrestres faillibles et précaires, elle, la Loi du Progrès, continue à travailler subrepticement, silencieusement et constamment, même en l'absence de ceux qui sont censés porter sur leurs lèvres la volonté de Dieu....
Tupi Paulista, été 2008
Eusébio Sintra
Chapitre 1 – Confrontation des idéaux
Prudemment, le garçon écarte les rideaux de dentelle de la fenêtre et ses yeux bruns scrutent la rue avec attention. Dans sa main droite, il tient le revolver armé, qu'il maintient soigneusement pointé vers le haut.
– Je crois qu'ils sont partis, Lulu... murmure–t–il.
– Quand est–ce que ça va finir... ? – dit la femme, comme pour se défouler, en s'asseyant lourdement dans le fauteuil de velours rouge. Puis, fouillant dans les poches de sa robe de chambre en soie rose, elle prend son étui à cigarettes et allume nerveusement une cigarette.
– Viens, assieds–toi là... ! – l'invite–t–il doucement, en soufflant une longue bouffée de fumée gris–bleu.
Le garçon démonte soigneusement le chien du revolver, le met à sa ceinture et retourne à l'intérieur.
– Tu en veux une... ? – demande–t–elle en lui tendant l'étui à cigarettes. Le lieutenant Berg craque une allumette, allume la cigarette et la suce, avalant placidement, lourdement. Puis, petit à petit, il laisse échapper la fumée, en partie par la bouche et en partie par le nez, tandis que son regard parcourt le plafond recouvert de papier à fleurs bleus, jaunes et rouges.
– Je ne sais pas comment tu peux te maintenir dans cette froideur... ! – dit Lulu en le regardant dans les yeux – cette fois, tu as failli te faire prendre... ! Et si je n'étais pas à la fenêtre, à regarder dans la rue... ? Où te cacherais–tu de ces fous qui te poursuivaient... ?
– Oh, je m'y suis habitué, ma chère! – s'exclame–t–il en la regardant dans les yeux. Et avec un léger sourire, il poursuit :
– Vous n'imaginez certainement pas ce qu'est un champ de bataille... !
Lulu se contente de hausser les épaules et de regarder la cendre de sa cigarette qui s'est allongée, formant un bout fragile, blanchâtre et tordu, prêt à s'effondrer à tout moment. Avec précaution, il se lève et dépose la cendre de la cigarette dans un lourd cendrier en verre posé sur l'accoudoir du fauteuil. Il tire ensuite une dernière bouffée de sa cigarette, presque entièrement consumée, plisse les yeux, qui piquent à cause de la fumée piquante, puis presse le bout de la cigarette contre le fond du cendrier, l'éteignant complètement. Elle cherche ensuite un mouchoir dans la poche de sa robe de chambre et essuie soigneusement la batiste blanche sur ses yeux en pleurs.
– Tu ne veux rien boire... ? Il est encore tôt, les filles sont endormies....
– Non... ! – dit Berg en se levant – Je ne suis pas venu ici pour m'amuser.... C'est seulement que votre porte, aujourd'hui, a été mon salut... ! – Et, s'inclinant élégamment, il baise la main de la matrone et continue :
– Merci beaucoup, mon amie... !² Je reviendrai une autre fois... !
– Prenez soin de vous... ! – Elle s'exclame, ouvrant un léger sourire sur ses lèvres décolorées, alors qu'elle est déjà très proche de la porte.
– Au revoir... ! – dit le lieutenant en se retournant légèrement.
Puis il ouvre la porte et sort. Il descend les escaliers et commence par épier prudemment la rue, ne dévoilant qu'une petite partie de son visage. Tout semble être rentré dans l'ordre : les fauteurs de troubles sont partis.
– Bande d'idiots... ! – marmonne Berg en commençant à descendre le trottoir, se mêlant aux passants qui se pressent dans les deux sens.
Ce matin de mars, l'air de Paris était apparu un peu plus agité que d'habitude. Le lieutenant Wilfred Berg avait quitté la maison pour se promener tranquillement sur le boulevard des Champs–Élysées ; il avait choisi de porter son uniforme, car il avait l'intention, plus tard dans la journée, de passer à son régiment pour rencontrer son commandant, le général Emmanuel–Théophile du Servey. Cependant, déambuler seul dans les rues du centre–ville en uniforme républicain était pour le moins imprudents... !
Les aristocrates ne pardonnent pas... ! S'ils pillaient un soldat révolutionnaire solitaire, ils allaient chasser, sans pitié ! A peine a–t–il tourné le coin de la rue du Commerce, où il cherchait un célèbre bijoutier, qu'il a le malheur de rencontrer un groupe d'émeutiers qui, l'identifiant comme un ennemi, se lancent immédiatement à sa poursuite, criant comme des forcenés et tirant des coups de revolver à droite et à gauche.
Et Berg, habitué à ces escarmouches, ne s'était pas laissé prendre ; à la légère, il s'était mis à courir en zigzaguant parmi les passants, et, bien mieux préparé que ses poursuivants, avait rapidement pris de l'avance et s'était engagé dans la rue Saint–Sulpice, jusqu'à ce qu'il aperçoive les cris de Lulu qui, du haut de sa fenêtre, l'invitait à monter l'escalier, lui permettant ainsi d'échapper plus facilement à cette folle course–poursuite.
Il est tôt le matin et Berg regarde sa montre à gousset : onze heures et quinze minutes. Il s'arrête et réfléchit un instant. Il avait fixé le général à deux heures ; s'il prenait une diligence, il aurait le temps d'aller à Montmartre. Il a besoin de la voir et, qui sait, peut–être ne déjeuneront–ils pas ensemble. Il s'inquiète de son état. Lorsqu'il l'a laissée à la porte de son domicile, le soir de la veille, elle pleurait ; c'était un cri profond, presque convulsif, plein de longs sanglots. Puis, une boule intense s'installe dans la gorge du garçon, et il avale plusieurs fois la salive épaisse, en essayant de ravaler la douleur qui commence à se manifester dans sa poitrine. La relation qu'ils entretenaient avec Céleste–Marie se détériore de jour en jour. « Je la sens de plus en plus mal... », lui avait dit la mère de la mariée, quelques jours auparavant, lorsqu'elles s'étaient rencontrées, légèrement, place Pigalle, – ... et voici encore une ordonnance du docteur Périgot ; mais je sens qu'elle ne s'améliore pas, au contraire, je vois sa santé se dégrader, au fur et à mesure que le temps passe... ! « Il faut avoir la foi, Marie–Louise... » – lui avait–il dit, plus dans l'intention de donner du courage à la mère désemparée que, en fait, de lui faire croire que sa fille pourrait/ pouvait être guérie du mal qui l'affligeait.
– La foi... – marmonne Berg et sourit amèrement, tout en marchant légèrement sur le trottoir, détournant habilement les foules de passants appréhendés venant en sens inverse. « Pauvre Marie–Louise...– pense–t–il, plein de regrets. – il pense, plein de regrets –, je suppose que je n'ai pas été très convaincant en suggérant que j'ai la foi, si je n'ai même pas cru en quoi que ce soit, dernièrement… »
En peu de temps, il est sur la place de la Concorde et s'approche d'une voiture de location.
– Pour Montmartre... ! – ordonne–t–il au chauffeur sollicité qui lui répond par un signe de tête respectueux.
La voiture courait vite dans les pavés et le lieutenant Berg se demande ce qu'il doit faire... ? Il était amoureux de Céleste–Marie depuis qu'ils étaient tous deux adolescents ; il s'était habitué à elle et ne pouvait imaginer vivre sans sa présence affectueuse. Lorsque son régiment revint à Paris, après les longues et terribles incursions de la guerre – la France est toujours engagée dans des guerres constantes... ! Même avant de passer dans la maison, c'est invariablement chez Céleste–Marie qu'il passait en premier... ! Sa mère ne lui a jamais pardonné cette impolitesse... ! « Tes premières visites à l'autre, n'est–ce pas, coquin... ? » – dit sa mère, brûlant de jalousie à l'égard de Céleste–Marie. La mère et la mariée ne s'entendaient pas ; elles s'échangeaient des coups de gueule, des manifestations de l'attachement excessif dont les femmes font parfois preuve. Berg s'amusait même de toute la jalousie de ses deux femmes, comme il se plaisait à appeler sa mère et sa fiancée.
Lorsque la voiture s'arrête au numéro 23 de la rue Constance à Montmartre, il est presque midi. Wilfred Berg ajuste sa casquette et, après avoir jeté un coup d'œil à la sobre façade de la maison, pousse le lourd portail de fer aux hautes grilles et entre.
– Je ne pensais pas que vous viendriez aujourd'hui... – dit Céleste – Marie, offrant son visage au marié qui l'embrasse, respectueusement –. Maman est partie tôt, elle ne m'a pas dit où elle allait....
– Je suis passée voir comment tu allais... – dit–elle en caressant le visage de la jeune fille du revers de la main –. Hier, tu m'as inquiétée... Tu ne pleures pour rien...
– J'ai mes raisons... ! – Elle s'exclame, presque durement, et soudain boudeuse –. En fait, c'est toi qui me donnes ces raisons... !
– Oh, ma belle... ! – dit–il en se levant de la chaise où il était assis, et en la prenant par le poignet, il continue :
Je crois que vous fantasmez.... Quelles raisons puis–je te donner pour que tu sois ainsi avec moi... ?
– Oui, tu donnes des raisons, Berg... ! – Elle s'exclame, essayant de se débarrasser de la main qui la serre, "Je crois que tu es distant... ! Tu n'es plus le même... !
– Oh, je crois que c'est bizarre dans ta tête, Céleste – Marie... ! Je crois que tu devrais savoir que les gens changent... ! Nous ne sommes plus des adolescents, toi et moi... Regarde : nous avons grandi, nous sommes deux adultes... ! J'ai presque trente ans, et toi tu en as déjà plus de vingt–cinq... ! C'est normal que ce soit différent... ! Toi aussi, tu as trop changé...
– Vous savez ce que je pense... ? – dit la jeune femme, après quelques instants de réflexion. – Je pense que vous en avez assez de moi... !
– Oh, espèce d'idiote... ! – s'exclame–t–il en l'attirant à lui et en la serrant fort dans ses bras. Comment pourrais–je me lasser de toi... ? – Et, sortant de la poche de sa tunique un petit sac de velours rouge vif, il le tend à Céleste – Marie !
– Regarde ce que je t'ai apporté... !
Les yeux de la jeune femme se sont soudain illuminés. Elle prend la pochette et l'ouvre nerveusement, regardant son contenu du bout des doigts, pleine d'impatience.
– Ils sont jolis... – dit–elle alors, fixant d'un regard vide les petits objets brillants qui reposent dans le creux de sa main, mais elle ne peut cependant pas cacher l'énorme déception qui l'envahit face à ce cadeau.
– Je ne crois pas que tu aies aimé les boucles d'oreilles ? – dit–il, très consterné par la réaction de la jeune femme. Si vous n'aimez pas le motif qu'elles présentent, vous pouvez les échanger contre d'autres qui vous plaisent ?
– Non... ! Ce n'est pas ça... ! – s'exclame–t–elle vivement, puis, jetant le sac de velours rouge sur un guéridon³, elle se laisse aller à s'asseoir, inconsolable et très grognon, sur le canapé.
– Pourquoi te comportes–tu ainsi, Céleste–Marie... ? – demande Berg en s'asseyant à côté d'elle sur le canapé – Tu ne te rends pas compte que, comme celui–ci, tu me blesses profondément... ?
– Et toi... ? – s'exclame–t–elle en le regardant d'un air étrange, "Tu ne vis pas pour me faire du mal tout le temps... ? – Et elle continue, les yeux mouillés de larmes :
– Je ne m'attendais pas à des boucles d'oreilles, Berg... ! Je m'attendais à une bague de fiançailles... ! Tu ne peux pas imaginer à quel point je l'attends... !
Le garçon la serre dans ses bras, de manière touchante. Puis elle se laisse emporter par l'émotion intense qui l'a envahie et pleure abondamment.
– Je suis désolé, ma chérie... – murmure–t–il en lui caressant les cheveux. – Je ne savais pas que tu l'aimais autant....
– Je sais que je vais finir par te perdre, Berg... ! – Elle le regarde dans les yeux, la voix brisée par des pleurs presque convulsifs. Tu vis trop loin, exposé à un danger constant, et je ne peux plus le supporter... ! Quand tu pars à la guerre, tu ne sais pas l'angoisse que je ressens, de te savoir au milieu de cet enfer... !
– Oh, mon amour... ! – S'exclame–t–il en la prenant dans ses bras et en l'embrassant passionnément. C'est donc ça... !
– Je voulais une bague de fiançailles de ta part... ! – dit–elle en lui prenant la main et en la baisant tendrement. Et pourtant, sans le regarder, alors qu'elle lui caresse les mains, avec une affection dévouée :
– Et aussi que tu te décharges de l'armée... Tu es riche.... Je suis riche... !!! Pourquoi est–ce que tu as besoin de t'attirer tant d'ennuis... ? J'en ai assez de voir tout ce sang versé, si légèrement... ! Dites–moi, sur quels critères les Français s'entretuent–ils aujourd'hui... ? Sur le plus absurde et le plus puéril que vous puissiez imaginer, n'est–ce pas ? D'abord, ils se sont entretués pour la république... Ensuite, nous avons repris la république... Ils ont cessé de s'entretuer... ? Non, maintenant ils s'entretuent pour le retour de la monarchie... ! Et, non contents de s'entretuer, ils se sont aussi déplacés en Afrique, en conquérant d'autres par la terreur... ! De la violence et encore de la violence... ! Oh, quand tout cela sera–t–il terminé pour de bon... ? – Puis elle tourne le visage et le regarde droit dans les yeux, et continue, d'une voix pleine de supplication :
– Regarde, nous allons nous marier et vivre à la campagne... ! Maman a une belle maison de campagne à Orly... ! Pourquoi n'y vivons–nous pas... ? Nous pourrons être heureux, et avoir nos enfants en paix, loin de tout ce bazar... ! Paris me dégoûte... ! – Et, appuyant sa tête sur son épaule, elle continue :
– Oh, Berg, j'en rêve tellement... !
Le jeune soldat réfléchit un instant. Parfois, il avait même envie de tout envoyer promener, de se retirer dans un coin avec Céleste–Marie. Mais le monde était en pleine ébullition, tant de changements étaient apparus du jour au lendemain.... Quelle sécurité y avait–il maintenant, en France ou dans toute l'Europe ? L'ancien régime⁴ s'est effondré, il y a déjà eu une tentative ratée d'instaurer une république, avec la Révolution⁵, mais qu'est–ce qui s'est institutionnalisé dans le pays, à part le chaos, la corruption, les méfaits, les émeutes ? Comment pouvait–il rester les bras croisés et laisser les choses se faire... ? Non, ce n'était pas sa façon de faire. Il était politicien, sa famille avait toujours fait de la politique, mais il commençait à s'en lasser. Quand, enfin, une paix durable... ?
– Tu as raison, mon amour... – dit–il en caressant les cheveux sombres et ondulés qui lui tombaient sur les épaules. Tu as tout à fait raison... ! Nous sommes tous fatigués de tant de sang versé, mais si une paix définitive n'est pas établie, quelle sécurité aurons–nous tous... Quelle vie léguerons–nous à nos enfants... ?
– Je ne sais pas si je veux payer un tel prix pour que les générations futures vivent mieux que nous... ? – murmure Céleste–Marie, avec un long soupir. Au fond, je pense que ce sont les hommes qui ont tort, pas les régimes qu'ils instaurent eux–mêmes... ! Si les hommes étaient bons, les institutions seraient bonnes, quel que soit leur caractère, républicain ou monarchique, ne croyez–vous pas ?
– Oui, ma belle, vous avez raison... ! Tant que les hommes ne seront pas suffisamment instruits et surtout ne parviendront pas à un consensus, par l'exercice de la raison légitime, seul le chaos subsistera.... – et, changeant de sujet, il poursuit, ouvrant un sourire malicieux :
– Ecoutez, vous n'allez pas m'offrir le déjeuner... ? Je meurs de faim...
– Non... ! – dit–elle en riant. – Vous êtes grossière... ! Comment osez–vous vous inviter comme ça... ? Madame votre mère ne vous a pas appris les bonnes manières, n'est–ce pas... ? – Et il éclate de rire :
– Ha... ! Ha... ! Ha... ! Ha... ! Ha... ! Quel plaisir d'entendre le rire de Céleste – Marie... ! Rire de cristal, rire innocent... La pauvre... ! – Berg la regarda dans les yeux. Il l'aimait, mais il avait peur : son grand amour était devenu fou... ! Depuis quelque temps, Céleste–Marie passait avec une extrême facilité de la lucidité aux signes de la démence...
– Dis–moi, Céleste – Marie – dit le garçon en lui prenant la main – tu ne veux pas m'accompagner au régiment... Nous pourrions déjeuner à la cité... ! Qu'en penses–tu... ?
– J'aimerais bien... – s'exclame–t–elle en se levant. – Attends deux minutes, je me maquille et on part bientôt... !
En attendant que la mariée se prépare, Wilfred Berg réfléchit. Il faut qu'il se décide. Il ne pouvait pas laisser Céleste–Marie comme ça, à l'attendre, pour toujours. Ils vieillissaient et il fallait prendre une position. Mais qu'en est–il de sa maladie ? Elle pouvait se marier, oui, et rester dans l'armée ; ils pouvaient avoir des enfants, elle pouvait les élever et peut–être même guérir la maladie. Et si elle n'était pas guérie... ? Et si la maladie était, en fait, irréversible... ? Il y avait de fortes indications qu'elle l'était... ! Si Céleste–Marie se mariait, avait des enfants, cela pouvait peut–être empirer... ? Peut–être ne savait–il pas comment affronter et résoudre les problèmes qui ne manqueraient pas de se poser dans l'administration d'un foyer.... Il est urgent qu'il rencontre Marie–Louise, la mère de sa fiancée, il faut qu'il ait une discussion sérieuse avec elle sur les questions qui tourmentent son âme.
– Allons – nous, M'sieur le lieutenant... ? – Céleste – Marie interrompt ses pensées intimes. Et, gracieusement, elle se promène, s'exprimant auprès de lui, très vainement :
– Comment te parêt – il... ?
– Magnifique, ma belle... ! – s'exclame–t–elle, après avoir poussé un sifflement d'admiration : Tu es superbe... !
Le centre–ville est animé. C'est le printemps et le ciel est d'un bleu spectaculaire. Céleste – Marie défile fièrement, bras dessus bras dessous avec son lieutenant, dans son impeccable uniforme bleu.
– Que diriez–vous du Boulanger, mon cher ? suggéra–t–elle.
– Parfait... ! – répond–elle en se fendant d'un sourire qui lui permet d'apercevoir le bout de ses dents blanches bien soignées.
Céleste – Marie est heureuse. Elle mâchait lentement, savourant la nourriture, tout en regardant Berg.
– Qu'est–ce qui te préoccupe... ? – demande–t–il en remarquant qu'elle ne quitte pas son visage des yeux.
– J'ai pensé à la beauté et à l'élégance de ton visage... ! – dit–elle en riant.
– Je crois que tu exagères... – dit–elle en souriant, fier. C'était un plaisir d'être flatté par Céleste – Marie... ! Et il continue à lui caresser tendrement la main :
– Vous êtes belle... !
– Mais cela me fait terriblement souffrir, Berg... ! – s'exclame la jeune femme, ignorant apparemment le compliment qu'il lui avait fait, et soudain, tristement, énormément, elle continue :
– Paris est plein de filles effrontées... ! – et continue à faire semblant de se moquer :
– D'ailleurs, je sais que lorsque vous pensez ne pas être en service, vous allez souvent Chez Lulu....
– Oh, les soldats ont besoin de s'amuser parfois... ! – Il dit, en rougissant un peu : Vous n'êtes pas d'accord... Et il faut oublier la dureté des champs de bataille... Et puis, toute la Force Nationale connaît Lulu Fontainebleau... !
– Espèce de canaille... ! – s'exclame–t–elle en lui pinçant le dos de la main.
– Non, ce n'est pas de la débauche, ma petite... ! – observe–t–il gravement.
– J'affirme, sans l'ombre d'un doute, qu'il n'y a pas dans tout Paris de créature plus sage et plus expérimentée que Lulu Fontainebleau... !
– Que peut bien savoir un tel canidé... ? – demande Céleste – Marie, pleine de méchanceté –. Seulement s'il s'agit des trucs de la séduction... !
– Oh, tu te trompes, malheureusement, mon cher ! – dit–elle en riant, "Même les hautes sphères de l'armée n'échappent pas à ses conseils avisés... !
– Vous n'allez pas me dire que ladite femme comprend aussi les stratégies militaires... ?
– Les stratégies de vie, ma belle... ! – Lulu Fontainebleau a été éduquée à l'école de la vie... ! Dans le difficile art de vivre... !
Lorsque Berg et Céleste–Marie arrivent à la caserne, il est un peu plus de deux heures.
– Le général doit déjà m'attendre... ! – s'exclame le jeune homme en accélérant le pas, Nous sommes déjà en retard... – et, jetant un coup d'œil de côté à la mariée, d'un air prétentieux de censure, il poursuit :
– Si mon patron me met à la porte, ce sera ta faute.... D'ailleurs, tu t'es arrêtée à toutes les vitrines de la rue du Commerce... !
– Oh, vous exagérez... ! – dit–elle en faisant de son mieux pour suivre le rythme des longues marches du long couloir menant à l'administration de la caserne. Et si vous avez peur, laissez–moi le général... ! Vous oubliez que mon père et lui étaient des amis très proches... Vous ne pouvez pas imaginer à quel point le général du Servey m'apprécie !
– Oh, j'oubliais que vous et votre famille étiez très proches du général et de Constance, sa femme... ! – s'exclame–t–elle. Et elle poursuit, ironique :
– En plus du très lourd Robert, le fils des deux ?
– Oh, tu es jaloux de Robert... ! – dit–elle en riant et en lui pinçant les côtes—. Imbécile... ! As–tu oublié que Robert et moi n'avons jamais rien eu et que, d'ailleurs, il est déjà marié à Amélie Roquefort et père de deux adorables petits enfants... ?
Bientôt, ils se trouvèrent devant la porte du bureau du général Emmanuel Théophile du Servey. Avant de frapper, Berg redressa sa casquette et redressa le col de sa tunique ; il regarda Céleste–Marie qui lui adressa un large sourire et un clin d'œil malicieux. Puis, résolument, le jeune soldat frappe à la porte d'une main fermée.
– Oh... Berg et Céleste–Marie... Quelle belle surprise vous faites à ce vieux cœur... ! – s'exclame le soldat en se levant de son secrétaire.
Et, après avoir trop serré la main du jeune ami, il se tourne vers son compagnon :
– Comme vous êtes belle, ma petite... Il y a longtemps que je ne vous ai pas vue... !
– Il y a longtemps que je ne t'ai pas vue... ! – s'exclame Céleste–Marie, se laissant embrasser et toucher par le vieil ami de la famille. Depuis que papa est parti, nous l'avons très peu vu, mon général... !
– Et Marie – Louise... ? – demande le vieux soldat, après qu'ils se soient tous installés sur un spacieux canapé en cuir.
– Maman va bien... – répond la jeune femme. Et elle se corrige :
– Relativement, bien, je veux dire... ! Depuis la mort de papa, elle n'est plus la même qu'avant.... Je la trouve souvent triste et boudeuse dans les coins....
– Ainsi va la vie... ! – s'exclame le général avec un profond soupir, c’est la vie... ! – Et, se tournant vers Berg, il poursuit :
– Nous avons des nouvelles pour toi, mon garçon... Le haut commandement vient de recommander votre promotion... ! Bientôt, j'en suis sûr, nous aurons la cérémonie... !
Les yeux de Berg s'illuminent. Céleste – Marie, elle, ne cache pas sa déception. Des traits de tristesse traversent ses yeux. L'armée n'arrête pas de me le voler ! – Et je ne sais pas si j'aurai assez de force pour ce combat ! Je suppose que je vais perdre cette bataille...
– Je suppose que tu n'as pas aimé la nouvelle, ma chérie... ! – La voix du général interrompt ses pensées –. Pour l'instant, il pense que Berg n'aura plus d'excuses pour ne pas vous emmener à l'autel... – Et de cligner des yeux ! Un regard malicieux vers le garçon continue, l'appelant délibérément par le nouveau brevet :
– Qu'en dites–vous, Capitaine Berg... !
– Je crois que vous avez raison, mon général... dit le garçon en baisant amoureusement les mains de la jeune fille, si elle m'aime...
– Oh, elle le fera... ! Je suis sûr qu'elle le fera... ! Les femmes veulent toujours se marier... ! – dit le général en riant et se levant, il va vers l'armoire sobre en bois sombre ; il ouvre la porte et prend une bouteille de vin. Puis, s'adressant à Céleste–Marie, il demande :
– Aide–moi à porter les verres, ma petite ... ! Il faut faire la fête... !
Après avoir trinqué chaleureusement, ils se sont assis sur le canapé en cuir en buvant leurs verres de vin. Puis un bref silence s'installe entre eux trois, qui semblent plongés dans des pensées intimes.
– Imaginez que vous deux, la nuit dernière, j'ai été témoin d'un étrange phénomène, chez la marquise Adèle Souvigny... ! – remarqua le général, rompant le silence qui s'était installé. Je crois que vous avez entendu parler de ces tables tournantes, n'est–ce pas... ?
– J'ai déjà assisté à une séance de ce genre, chez le colonel François – Henri de Mont – Parmis, l'hiver dernier, monsieur, répond le jeune homme.
– Impressionnant ce que j'ai vu, mes chéris... ! – Il y a eu la manifestation d'un phénomène étrange que je n'aurais jamais cru possible... ! La table a tout simplement dansé, suspendue dans les airs, avec tant d'élan, que cela frisait la folie... !
– Et on dit qu'elle parle... ! – observe Céleste – Marie.
– Oui... ! – acquiesce le général, très enthousiaste – Et elle répond aux questions qu'on lui pose avec beaucoup d'aisance... !
– Est–ce que c'est arrivé, avec une telle intensité ? – Le garçon est étonné. – Chez le colonel de Mont–Parmis, la table n'a fait que flotter dans l'air, quelques instants, rien de plus que... ! Et que l'on a eu beau insister par la suite, pendant longtemps, ce n'est plus un phénomène qui s'est produit cette nuit–là. Mais, bien que n'ayant pas présenté l'intensité que vous venez de rapporter, Général ; néanmoins, j'ai été impressionné... ! Cependant, monsieur, croyez–vous vraiment qu'il n'y a pas de fraude dans de telles manifestations ?
– A première vue, je pense que non… – répondit le général, – je vous assure que nous sommes entourés de toutes les précautions nécessaires pour éviter les escroqueries, pourtant....
– C'est vrai, car on ne sait jamais... ! – La prestidigitation est un art cultivé depuis des millénaires... ! Ne l'oublions pas... !
– Oui, et, quelle que soit la rapidité de nos yeux, qui peut démasquer un simple illusionniste de cirque dans son art magique... ? – observe pensivement la jeune femme. Ils sont si malins...
– Je suis d'accord avec ce que vous pensez, ma chérie... ! – Cependant, comme je vous l'ai déjà dit, nous nous sommes entourés au préalable de toutes les précautions, avant que les phénomènes ne se produisent : nous avons soigneusement sondé les alentours à la recherche de trappes, de fils de soie invisibles, de poulies éventuelles cachées dans le plafond ou derrière les rideaux ; mais les recherches ont été infructueuses... ! Il n'y a aucune preuve de fraude... ! Je crois pouvoir vous assurer qu'il n'y a pas eu la moindre possibilité qu'une quelconque forme de tromperie se soit produite... !
– Vous dites que la table a répondu à des questions, monsieur ? demande la jeune fille. – Quel genre de questions a–t–elle répondu ?
– Toutes sortes, ma chère... ! – Le général répond catégoriquement – Des plus graves aux plus infâmes et aux plus puériles prétentions que vous puissiez imaginer... Et, sans hésiter... !
– Je voudrais voir ces choses–là... ! – s'exclame Céleste – Marie. Et, après un moment de réflexion, elle poursuit :
– Mais comment un simple guéridon peut–il parler... Je ne comprends pas... ! Comment les gens de chez moi peuvent–ils ne pas parler... ?
– Oh, ma chère, ils ne parlent pas comme ça, comme nous, non... ! – regarde le garçon rire. Et, après avoir échangé un regard rapide et significatif avec le général, il poursuit :
– Les tables télégraphient... ! Ils utilisent un code Morse... ! Comprenez–vous... ?
– Comment cela se passe–t–il habituellement avec le télégraphe ?⁶ – demande–t–elle, encore un peu confuse.
– Exactement... ! – Ils suivent un code, très similaire à celui utilisé par les télégraphistes, et répondent aux questions, sous forme de coups, en s'élevant dans les airs, en tournant sur son propre axe et en frappant systématiquement l'une des jambes au sol, en faisant du bruit.
– Incroyable...! – s'exclame la jeune fille.
– Oui... ! – dit le général... Et ils répondent même aux questions posées par la pensée... !
– Ils lisent les pensées... ?! – Céleste – Marie est encore plus étonnée.
– Bien sûr que oui... – répondit le général – j'ai fait le test moi–même... ! et la table a répondu avec une précision totale... ! j'ai été vraiment impressionné... !
– J'aimerais être témoin de telles choses... ! – dit la jeune femme. Oh, Général, quand retournerez–vous chez la Marquise de Souvigny... ?
– D'ici la fin de la semaine... ! – Répond le soldat – Si vous voulez, Berg et vous serez mes invités... Oh, et si vous voulez bien y aller, je veillerai aussi à ce que Marie–Louise y aille... Je pense qu'elles s'amuseront beaucoup... ! Constance adore cela car les tables sont parfois très indiscrètes et livrent des secrets qui sont gardés sous clef... ! Ha... ! Ha... ! Ha... ! Ha... ! Ha... !! – Le général éclate de rire et continue :
– Vous devez voir la situation difficile à laquelle font face certaines demoiselles et de certains garçons dans notre société... !
Ainsi que certaines dames qui passaient pour modestes, et des hommes qui ont toujours été considérés comme de vénérables gentlemans... ! Et, comme vous pouvez l'imaginer, la table les a tous démasqués... !⁷
– Vraiment... ? – Céleste – Marie s'étonne – Ils nous disent des secrets si bien gardés... ? Et elle regarda de côté le visage du marié. Soudain, une idée lui vint à l'esprit : c'était la possibilité de savoir si le marié l'aimait vraiment, ou s'il ne l'avait pas trompée tout le temps....
– D'après vous, quelle est l'origine de tels phénomènes, Général... ? – demande le garçon.
– Parfois, je pense qu'il s'agit de forces qui se manifestent et dont nous ne sommes pas encore conscients ; d'autres fois, je qualifie ces phénomènes de possibles faces cachées de l'électricité qui, en elles–mêmes, étant invisibles à l'œil et fournissant une infinité de phénomènes jusqu'alors considérés comme impossibles
