À propos de ce livre électronique
Un voyage onirique autant qu’existentiel, servi par toute la virtuosité linguistique de Walter Rosselli."
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né en 1965 en Suisse italienne, Walter Rosselli vit dans le Jura. Auteur et traducteur indépendant, il est membre du comité de programmation du festival littéraire Lettere dalla Svizzera alla Valposchiavo. Il signe des chroniques paysagères mensuelles dans la revue « Agricoltore Ticinese » et est l’auteur de nombreux ouvrages poétiques ou en prose.
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Aperçu du livre
Glace Morte - Walter Rosselli
Se anche ti restasse solo un attimo ricordati di vivere.
Jovanotti
Quand le Nandou et la Schmied ont commencé à sentir le poids des années, lorsque même les plaisirs de la vie leur sont devenus pesants et que le vin descendait dans leur gosier sans plus les chatouiller, dans leur estomac sans plus les réchauffer, quand ils se sont rendu compte qu’ils ne servaient plus à grand-chose dans cette vallée de larmes, si ce n’était à donner un but à l’existence de leur grande sœur qui s’occupait d’eux depuis quelque temps déjà, ils ont décidé de quitter ce bas monde à la manière des vieillards inuits.
Les vieux Inuits, explique la Schmied à leur grande sœur, lorsqu’ils sentent que le poids des années et les courbatures de la misère les empêchent de se rendre utiles à leur communauté, ne serait-ce qu’en prenant soin de la descendance de leur descendance, lorsque même la source des histoires qu’ils aiment à raconter se tarit, que les veillées autour de la lampe à graisse leur deviennent pénibles, lorsqu’ils considèrent qu’ils ne sont plus que des bouches édentées et des ventres dilatés à remplir, ils retirent le foin de leurs kamiks, se font mener sur la glace et s’y asseyent, le dos bien droit, les jambes bien étirées, attendant patiemment que leur heure vienne, à l’aide du froid et des bêtes sauvages.
J’aurais toujours voulu avoir l’heur d’être source de nourriture pour les bêtes sauvages, déclare le Nandou dans un chuchotement, même seulement pour quelques petits vers qui me rongeraient dans un cercueil bien enterré. Mais à vrai dire je préfère d’abord être recyclé par des oiseaux et des mammifères, nos proches parents, et que les bas morceaux et la matière moins attrayante ne soient destinés que par la suite aux insectes, aux vers, puis aux bactéries et aux champignons, et qu’on en finisse, la boucle sera bouclée.
Oui, la réincarnation par l’incinération est beaucoup trop longue, précise la Schmied, qui n’a pas oublié le vieux traité d’histoire naturelle qu’elle consultait avec un intérêt passionné et sans cesse renouvelé il y a quelques années : tant de bonne matière organique calcinée, alors qu’elle pourrait être réutilisée directement ou presque. Toute cette panoplie d’acides nucléiques, de protéines, d’acides gras, de sucres, d’hormones et de neurotransmetteurs qui n’attendent que d’être absorbés et assimilés par d’autres organismes, en croissance ou du moins encore pleins de vie, c’est du gaspillage de les minéraliser et de forcer la nature à tout reconstruire depuis le début. Je ne prétends pas avoir un karma qui favoriserait une réincarnation avantageuse, mais j’estime que le vivant, même mort, mérite un certain respect et que les bestioles qui ont égayé nos aubes et soirées à la fenêtre et dans les bois ont droit à leur contrepartie. Tous ces renards, blaireaux, fouines, faucons, buses, milans, chouettes, faons, lièvres…
Attends, là, objecte doucement le Nandou en se couvrant légèrement la bouche du bout des doigts, le faon et le lièvre ne sont ni carnivores ni nécrophages.
Bien sûr que non, répond la Schmied, mais pendant que nos corps sans vie seront à la disposition des carnivores opportunistes ces derniers laisseront leurs proies tranquilles.
Par ailleurs, poursuit timidement le Nandou, la réincarnation concerne uniquement l’âme, immatérielle, non pas le corps et ses matériaux de construction.
Et qui diable t’assure que l’âme ne brûle pas lors de l’incinération ? rétorque la Schmied.
Vos cendres et vos âmes pourraient bien fertiliser les plantes de mon jardin que vous aimez tant et que tu as soignées avec tant d’amour, Nandou, argumente leur grande sœur dans une dernière tentative de les retenir, vous pourriez bien rester avec moi, je m’occuperais de vous jusqu’au bout et je veillerais à vous épandre au bon endroit, le moment venu.
Mais la Schmied et le Nandou sont inflexibles et ne se laissent pas cuisiner, en bons têtus de la lignée des Du Four croisée aux Des Saules. Ils veulent s’en aller à la mode inuite. Pourtant, là où ils habitent, un fond de vallée à deux centaines de mètres au-dessus du niveau de la mer, il n’y a pas de glace, pas de glacier, même pas tout au bout de la vallée aux Moulins, au-delà des alpages, à la naissance du torrent aux Moulins, là où il y a, tout au plus, quelques névés résiduels, des restes éphémères d’avalanches de l’hiver précédent dans les vallons encaissés à l’ubac, et il serait difficile, même en retirant leurs chaussons calfeutrés, d’espérer en une venue rapide et sereine, de préférence indolore, de l’ange de la mort.
Ils ont tout de même décidé de partir pour la montagne afin de mettre un peu de distance entre eux et le monde civilisé qui risquerait de les ramener trop vite en son sein, par des actions de sauvetage intempestives ou simplement par l’attrait de son confort. Par ailleurs, les nuits d’hiver en montagne sont plus froides qu’en plaine et il y a des chances qu’un peu de givre nocturne les surprenne enfin pour les achever aux alentours de Noël ou de Nouvel-An, si la fatigue, un accident, une chute de pierres ou les bêtes sauvages n’ont pas raison de leur vie avant. Et, puisqu’il faut mourir, autant que ce soit dans un beau paysage.
Ils ont donc pris congé de leur grande sœur, très émue, mais somme toute admirative, et ils ont empoigné leurs bâtons de pèlerins.
* * *
Tu te souviens encore du chemin ? demande la Schmied.
Je l’ai emprunté plusieurs fois quand j’étais gamin, puis jeune homme, répond le Nandou à mi-voix.
Moi aussi, lorsque j’étais gamine et puis jeune femme. Ça ne date pas vraiment d’hier.
Oh ! ça ne doit pas avoir changé des masses. La montagne reste quand même relativement invariable, figée, dirais-je même. Nos vieux disaient bien qu’il n’y a que les montagnes qui ne bougent pas.
Ben, je te signale, mon cher, que non loin d’ici, un demi-kilomètre après la sortie du village, il y a une zone où la montagne s’agite pas mal, il me semble. Une bonne quantité de roche vient de s’ébouler sans demander l’avis de personne, avec la forêt, la couche herbacée et l’humus qui la recouvraient. Sans compter qu’une partie des sentiers a pour ainsi dire perdu pied. Es-tu vraiment sûr de retrouver le chemin, de t’y retrouver ?
Tranquille, nous allons monter par le côté nord du village et par la vallée aux Moulins, là où les mayens du village voisin s’étirent comme les perles d’un chapelet qui monte de la plaine le long de l’arête formée par la confluence des deux vallées, pour continuer à s’étaler le long du versant à l’adret. Là, c’est du bon roc solide. La preuve : le torrent aux Moulins y creuse une vallée étroite et encaissée sur plusieurs kilomètres, à peine moins étranglée qu’une gorge. Le sentier est assez ardu au début, mais après c’est une belle promenade facile jusqu’au bout de la vallée, aux sources du torrent. Enfin, il y a encore une jolie montée vers la fin, mais d’ici là nous serons rodés, la forme physique sera acquise.
Ou nous serons déjà morts depuis belle lurette, voilà ce qui va se passer. C’est raide dès le départ, c’est vrai, je m’en souviens, et nous allons nous raidir vite fait, si bien qu’on va nous trouver et nous incinérer avant que les animaux ne puissent se repaître de nos pauvres carcasses.
Il n’y a pas de montagne qui ne soit un tantinet escarpée. Faut juste trouver le bon rythme, nous ne sommes pas pressés, non ? Tu verras, ce sera une chouette balade. En plus, nous serons sur le territoire du village voisin, les éventuels secouristes ne vont pas commencer à nous chercher par là. De toute façon, notre sœur est la seule à savoir où nous allons et elle est informée de nos intentions, de nos dernières volontés, si tu veux. Ce ne sera pas elle qui va donner l’alerte.
Je te rappelle que les villages ont fusionné avec la ville. Si on nous voit partir vers la montagne, on va nous rapatrier illico. Les services de secours sont désormais professionnels, ce ne sont plus juste des volontaires villageois pleins de bonne volonté et de vin rouge.
Saloperie de fusions, se laisse aller à proférer le Nandou, lui qui ne dit jamais de gros mots.
* * *
Ils n’ont pas été vus. Ils ont eu la clairvoyance de quitter le village à l’heure du dîner et du journal télévisé. Personne dans les vignes, personne dans les ruelles, personne aux fenêtres ni sur le pas des portes.
* * *
Il est inutile
