Mémoires sélectives
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À propos de ce livre électronique
Derrière les petits drames du quotidien se cachent souvent de grandes espérances… Un pétillant roman d’enquête qui révèle d’abord une plaisante galerie de personnages drolatiques !
À PROPOS DE L'AUTRICE
Catherine Deschepper vit à Bruxelles. Côté pile, elle enseigne la didactique du français à l’ULB. Côté face, elle écrit de la fiction. Son premier recueil de nouvelles, "Un kiwi dans le cendrier" (Quadrature), a reçu le prix Franz de Wever de l’Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique. En 2021, elle a rejoint la collection Plumes du Coq avec un roman humoristique "Le Complexe du gastéropode".
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Aperçu du livre
Mémoires sélectives - Catherine Deschepper
Jacques, le vrai
À Olivier, toujours
À Christian, aussi
PREMIÈRE PARTIE
I
L’église Notre-Dame de la Cambre était noire de monde.
Il esquissa un petit sourire fort mal à propos. Noire de monde. La bonne blague. Il faudrait qu’il la ressorte, celle-là ! Il s’assit et jeta par-dessus son épaule un œil vers l’arrière de l’édifice. Presque toutes les chaises semblaient déjà occupées, et sous la pluie battante, une batterie de parapluies se pressait encore sous le porche. Les retardataires seraient contraints d’assister à l’office debout, trempés et grelottants, dans les travées. Les usages vestimentaires (noir, sobre, sans provocation) avaient été respectés à la lettre. Ça sentait la bonne famille bourgeoise, connaisseuse des us et coutumes d’un enterrement de bon aloi. Même les plus jeunes portaient le veston. Les filles, sages, avaient veillé à garder le tissu sous le genou. Quelques kippas suggéraient un office tolérant, pourvu qu’on y respecte l’étiquette. Les vieilles dames de l’assemblée avaient couvert leur tête d’un foulard ouvragé, les plus jeunes d’un chapeau à voilette dentelée. Personne ne détonait. Pas un rebelle à la crinière décolorée, pas une petite amie inconsciente débarquée en minijupe au milieu d’une future belle-famille outrée, pas d’alcoolique invétéré au comportement gênant mais qu’il fallait bien accepter parce que, bon, c’était quand même un des proches du défunt. Rien de rien, que du beau monde endimanché. Des mines attristées et graves, conscientes – ou non – de l’enjeu du moment et savamment élaborées pour l’occasion. De la vraie tristesse et de la politesse guindée.
Ça allait être un tout bel enterrement !
Il était arrivé avec une légère avance. S’était posté dans un recoin sombre, le temps qu’apparaissent les premiers invités. Puis, comme à son habitude, il s’était fondu dans la masse au moment où le rythme des entrées dans l’église rendait impossibles des salutations trop appuyées. Il était donc installé là, dans le tiers du milieu, en bout de rangée à gauche, et personne ne pouvait se douter qu’il n’avait rien à faire dans les lieux. Ah, les enterrements, décidément, offraient des avantages incontestables en matière d’anonymat ! Plus encore que les mariages, à bien y réfléchir. Parce que, dans l’hypothèse peu probable où l’une ou l’autre des personnes présentes venait à s’interroger sur son identité de façon un peu trop insistante, il lui suffirait de se saisir d’un mouchoir et de s’éponger les yeux pour couper court à toute tentative de communication.
Les cloches de l’église avaient sonné la fin des brouhahas. Le cercueil progressait depuis le fond de l’allée centrale au rythme lent et professionnel des hommes qui le portaient et dont c’était le métier. La marche était bien huilée, les visages des préposés sans joie mais pas compassés, les costumes parfaitement repassés. C’était du beau travail. Certainement une entreprise haut de gamme. Venait ensuite la famille, procession vacillante de têtes baissées et coudes serrés, qui avançait cahin-caha, dans un désordre organisé. Cette marche-là gagnait en sincérité ce qu’elle perdait en expérience.
Il respira d’aise.
Enfin !
La cérémonie allait commencer…
II
Wilfrid
Le téléphone se mit à vibrer sur le bureau désordonné de l’inspecteur Zondag. Brrrr Brrrr. Wilfrid, qui s’était assoupi après un déjeuner arrosé, s’éveilla en sursaut. Brrrr Brrrr. Il souleva trois dossiers, fit tomber le contenu des deux premiers sur le sol, pesta, tenta de les remettre dans l’ordre, brrrr brrrr, se redressa, constata que le combiné ne se trouvait pas sous le troisième, qui menaçait de se répandre, tenta de consolider l’ensemble avant de voir le tout s’effondrer, brrrr brrrr, souleva un autre paquet de dossiers, brrrr brrrr, finit par ouvrir un énième tiroir pour enfin le trouver, et décrocher.
Trop tard.
Il entendit alors une nouvelle sonnerie retentir depuis le poste de son collègue Albert, à quelques mètres de lui dans le paysager. Une seconde plus tard, celui-ci lui tendait son combiné en soupirant. C’était pour lui. De l’autre côté de la ligne, le commissaire divisionnaire, furibard, lui lança une volée d’insultes avant de lui demander pour quelle raison valable il avait bien pu omettre de décrocher le téléphone. C’était vrai, quoi, « on n’attendait à peu près plus que cela de lui, et merde à la fin, on le payait déjà pour pas grand-chose, ce n’était quand même pas pour se prendre un vent quand on lui passait un coup de fil ». Wilfrid marmonna une vague excuse : non, il ne dormait pas, mais quelqu’un avait pris son appareil et l’avait mis quelque part, et le temps de le retrouver caché au fond du troisième tiroir…
Le commissaire l’interrompit froidement. On n’était pas là pour discuter le bout de gras. La maison de repos Les Charmilles avait appelé. Monsieur Vandervalken s’était encore échappé, et on n’avait pas la moindre idée de l’endroit où il était allé. Il avait profité de la présence d’une nouvelle aide-soignante dépourvue d’expérience pour prendre la poudre d’escampette. Le seul indice un tant soit peu valable qui pouvait aider l’enquête était le mot « caricole » que le fugitif avait mentionné à l’incompétente juste avant de s’évader. La jeune demoiselle, convaincue que c’était un compliment qui lui était adressé, avait rougi et, pensant le remettre à sa place, lui avait dit qu’on ne disait pas « caricole » mais « caracole » et qu’elle n’avait aucune intention de caracoler avec lui de quelque manière que ce soit à aucun moment que ce soit. Il lui avait dit « mais si, allons-y », elle avait répondu « il n’en est pas question » et il avait répliqué que, puisque c’était comme ça, il ne la retenait pas. Et la pauvre cruche l’avait pris au mot et s’en était allée soigner le dément d’à côté. Alors celle-là, avait précisé le commissaire divisionnaire, pour caracoler, elle caracolait en tête des imbéciles ignares de sa génération. En esquissant un pas de danse, le brave Monsieur Vandervalken l’avait gentiment accompagnée à la porte de sa chambre et s’était arrangé pour qu’elle oublie de la fermer à double tour en l’enrobant de compliments grivois. Le vieil homme lui avait tellement fait perdre la tête qu’elle s’était presque enfuie de là, le rouge au front et la cervelle aux abonnés absents. Un peu comme Wilfrid avec son téléphone, si celui-ci voyait ce que le commissaire voulait dire…
Wilfrid répondit froidement à son interlocuteur que, comme il le lui avait si bien signalé, on n’était pas là pour discuter le bout de gras et que, s’il le permettait, il allait raccrocher pour se rendre sur-le-champ à la foire du Midi où, en toute hypothèse, il pourrait retrouver le fugitif avant qu’il ne fasse tourner la tête d’une autre jouvencelle.
Vexé comme un pou, le commissaire marmonna une salutation lacunaire et menaça Wilfrid des pires maux de la terre s’il ne ramenait pas le vieillard sénile aux Charmilles avant la fin de la journée.
L’inspecteur soupira, leva sa carcasse de la chaise, attrapa son imperméable – il faisait dégueulasse, pour changer – et se mit en route. La foire du Midi. Allons bon. Il allait encore craquer pour une ou trois bières et un cornet de croustillons pour ensuite se faire engueuler par Sonia, mais puisque Monsieur Vandervalken avait décidé d’aller faire un festin de caricoles, il n’allait pas non plus se laisser mourir de faim dans l’exercice prétendu de ses fonctions.
* * *
Depuis qu’il avait été déclassé aux dossiers « Alzheimer en cavale », l’inspecteur Wilfrid Zondag vivait une crise professionnelle sans précédent. Il avait atteint la cinquantaine, et sa carrière empruntait davantage à celle des rares malfrats qu’il avait appréhendés qu’à celle de ses collègues montés en grade. Une longue courbe descendante qui allait en accélérant sur la fin, croisant celles, plus inspirantes, d’aspirants opportunistes et adéquats, dont la carrière, comme on disait dans ces cas-là, décollait.
Pourtant, quand il était entré dans la zone de police nord, vingt ans auparavant, il était plein d’espoir et son avenir plein de promesses. Il avait été intégré à temps partiel dans une équipe vieillissante, dont les cadres allaient offrir progressivement des perspectives de remplacement à temps plein. Les promotions seraient… inévitables. Et comme les jeunes recrues rechignaient à venir se perdre dans les commissariats pourris du nord de la ville, où, c’était bien connu, on trouvait les pires racailles sans les avantages touristiques du centre, la concurrence serait légère. En outre, Wilfrid, qui était titulaire d’un master en philosophie et n’avait glissé vers la criminologie qu’une fois ce premier diplôme en poche (parce que, bon, il fallait quand même bien l’avouer, la philo, c’était culturellement fécond, mais ça ne menait pas à grand-chose), présentait un curriculum vitae atypique propice à lorgner les sommets. Si on ajoutait au tableau général du poste à pourvoir qu’on lui avait proposé la présence de Sonia, une jeune et jolie secrétaire dévouée à sa tâche, et un abonnement gratuit à la salle de fitness située trois rues plus loin pour permettre aux gradés de ne pas se dégrader (oui, c’était de l’humour de caserne), on pouvait raisonnablement admettre que ce qu’on lui avait offert là ressemblait à peu de choses près à la définition du « job de rêve ». C’est du moins ce que lui avait laissé entendre le commissaire Remington, un homme à la carrure imposante, qui portait le couvre-chef à droite et avait fait ses armes dans les cantons rédimés.
Tout cela avait fini par convaincre Wilfrid.
« Engagez-vous », qu’ils disaient…
Alors trentenaire, tardivement émoulu d’un cursus académique qui l’avait peu inspiré, sans expérience professionnelle, sans famille ou ami pour le conseiller dans la carrière qu’il avait décidé d’embrasser, mais impatient de se trouver une vocation et convaincu de sa propre aptitude à faire éclater la vérité sur toutes les affaires sombres, passées, présentes et à venir de la zone de police nord, Wilfrid avait accepté, le cœur léger, la proposition qu’on lui a avait faite, convaincu d’avoir trouvé le poste dont il avait toujours rêvé.
Mais les choses ne s’étaient pas du tout passées comme prévu.
* * *
Wilfrid était arrivé Porte de Hal et entamait sa descente vers la foire du Midi. Autour de lui, une foule de jeunes gens se pressaient le survêt pour atteindre la longue allée occupée par les forains. Ça n’allait pas être simple de trouver Monsieur Vandervalken au milieu de ce capharnaüm d’humains en quête de jeux et de pains. « Prends ça dans la gueule, Monsieur le Divisionnaire », prononça-t-il tout bas. « Capharnaüm, tu ne connais pas, toi, hein ? Jamais mis un pied autour du lac de Tibériade, je parie ! Il serait peut-être temps de relire tes classiques. » C’était une petite vengeance de bon aloi (« Et aloi
, tu ne vois pas non plus ce que ça veut dire, hein, mon divi chéri ? ») qui ne coûtait rien et représentait à peu près ce que Wilfrid pouvait faire de mieux en matière d’insubordination. Sa joute verbale sans adversaire lui fit du bien et lui remonta le moral. Il savait qu’avec un peu de chance, il n’aurait pas à traverser toute la foire, si, du moins, le stand de caricoles se trouvait, cette année encore, au tout début du boulevard, à peu près en face des stands des chenilles volantes et des miroirs déformants, juste devant l’un de ces cafés du centre où les paumés de tous bords venaient noyer dans la bière la laideur des trottoirs.
Une aubaine.
Puisque son petit vieux du jour avait décidé de le sortir du commissariat et de lui faire faire une excursion bien au-delà du périmètre de sa zone, il aurait au moins la consolation de passer du pousse-café du déjeuner à l’apéritif du dîner sans solution de continuité. Après avoir jeté un bref coup d’œil à la petite échoppe d’escargots pour constater que son fugitif n’était pas là, Wilfrid s’installa à la terrasse du café attenant et commença à gribouiller sur son sous-verre en carton la liste des endroits alternatifs qu’il lui faudrait explorer quand un reflet dans sa deuxième bière lui fit relever la tête. Le palais des miroirs, en face, faisait bouger ses pans de murs mobiles et, en une fraction de seconde, révéla la présence d’un bout de tissu aux allures de pyjama. Allons bon ! Qui pouvait bien se promener en pyjama dans un palais des glaces ? Un coup d’œil au stand de caricoles confirma ses soupçons. La vieille dame qui remuait dans le bouillon était morte de rire. Visiblement, elle avait, elle aussi, remarqué le bout de tissu. Elle lui adressa la parole.
— Celui-là, il n’en manque pas une !
— Vous le connaissez ?
— Bah oui, c’est Gérard. Il venait tous les jours avant, mais je ne sais pas, depuis quelque temps, on ne le voit plus beaucoup. Et là, voilà qu’il redébarque en pyjama, m’achète des caricoles et les projette au sol dans le palais en face, comme le Petit Poucet.
— Bon Dieu ! C’est lui ! Je le tiens !
Wilfrid se précipita dans l’attraction pour appréhender son fugitif, pensant le récupérer en deux temps, trois mouvements. C’était compter sans les miroirs qui se déplaçaient sur leur axe, et rendaient les itinéraires aléatoires au sein d’un labyrinthe imprévisible. Les mouvements des panneaux compliquaient régulièrement toute tentative de poursuite. À quelques pas de lui, Monsieur Vandervalken était tout à la fois béat et hilare. Il se regardait dans les miroirs, se faisait à lui-même une petite courbette, disait « Enchanté, moi c’est Gérard » et repartait saluer une autre version de lui-même, plus épaisse ou ramassée, selon le cas. Wilfrid, qui suivait le chemin des caricoles, était constamment contraint de modifier son itinéraire et, tout occupé qu’il était à ne pas perdre sa cible des yeux, sans savoir s’il s’agissait bien d’elle ou d’un de ses reflets, s’égarait dans quelques mètres carrés. Soudain, plus rien ! Il avait perdu le vieillard. Il éructa un « merde » tonitruant et espérant se précipiter vers la sortie, entra en collision frontale avec un mur vitré. Il fut projeté au sol, glissa sur une coquille de caricole et s’effondra par terre, le front ouvert et la
