Narcisse: Poésie symboliste, introspection et beauté du langage : l'art poétique de Paul Valéry sublimé
Par Paul Valery
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À propos de ce livre électronique
Dans ce recueil, le lecteur découvrira une poésie ciselée, où chaque mot est pesé, chaque sonorité calculée pour créer une harmonie parfaite. Valéry déploie tout son art pour donner vie à Narcisse, figure emblématique de la mythologie grecque, et en fait le porte-parole de ses propres interrogations sur la nature de l'être et de la création.
« Narcisse parle » n'est pas seulement un exercice de style virtuose, c'est aussi une invitation à la méditation sur la condition humaine. À travers le regard de Narcisse contemplant son reflet, Valéry nous confronte à nos propres abîmes intérieurs, à notre fascination pour l'image de soi et à la fragilité de notre existence.
Ce recueil s'inscrit dans la grande tradition de la poésie française, tout en ouvrant la voie à la modernité. Valéry y démontre sa maîtrise absolue de la langue, jonglant avec les alexandrins et les formes poétiques classiques pour mieux les transcender. Son écriture, à la fois limpide et complexe, invite à de multiples lectures, révélant à chaque fois de nouvelles nuances et de nouvelles interprétations.
Paul Valery
Paul Valéry (1871-1945) fut l'un des poètes et penseurs français les plus influents du XXe siècle. Né à Sète, il développe très tôt un intérêt pour la poésie, les mathématiques et la philosophie, une combinaison qui façonnera son approche unique de la création littéraire. La publication de « Narcisse parle » en 1891 marque ses débuts poétiques, révélant déjà son talent pour le symbolisme poétique et sa quête d'une esthétique littéraire parfaite. Cependant, peu après, Valéry traverse une crise intellectuelle qui le conduit à abandonner la poésie pendant près de vingt ans, se consacrant à l'étude et à la réflexion. Son retour à la poésie avec « La Jeune Parque » en 1917 est triomphal. Ce long poème, suivi du recueil « Charmes » en 1922, établit sa réputation de maître de la poésie française. Valéry y déploie une conscience de soi aiguë et une maîtrise exceptionnelle du vers ciselé, poursuivant l'exploration des thèmes initiés dans « Narcisse parle ». Au-delà de son oeuvre poétique, Valéry est reconnu pour ses essais philosophiques et ses réflexions sur l'art, la science et la politique. Son « Introduction à la méthode de Léonard de Vinci » et ses « Cahiers », journal intellectuel tenu quotidiennement pendant plus de cinquante ans, témoignent de l'étendue de sa pensée. L'influence de Valéry sur la littérature et la pensée française du XXe siècle est considérable. Son approche rigoureuse de la création poétique, sa réflexion sur le langage et sa quête incessante de précision intellectuelle ont inspiré des générations d'écrivains et de penseurs. « Narcisse parle » reste ainsi non seulement un jalon important dans sa carrière, mais aussi une oeuvre fondatrice du symbolisme poétique moderne.
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Aperçu du livre
Narcisse - Paul Valery
Un poème sur le papier n’est rien qu’une écriture soumise à tout ce qu’on peut faire d’une écriture. Mais parmi toutes ses possibilités, il en est une, et une seule, qui place enfin ce texte dans les conditions où il prendra force et forme d’action. Un poème est un discours qui exige et qui entraîne une liaison continuée entre la voix qui est et la voix qui vient et qui doit venir . Et cette voix doit être telle qu’elle s’impose, et qu’elle excite l’état affectif dont le texte soit l’unique expression verbale. Ôtez la voix et la voix qu’il faut, tout devient arbitraire. Le poème se change en une suite de signes qui ne sont liés que pour être matériellement tracés les uns après les autres.
– (Paul Valery, Première leçon du cours de poétique .)
Sommaire
L’amateur de poèmes
I. NARCISSE PARLE
II. LA FILEUSE
III. HÉLÈNE
IV. NAISSANCE DE VÉNUS
V. FÉERIE
VI. BAIGNÉE
VII. AU BOIS DORMANT
VIII. LE BOIS AMICAL
IX. UN FEU DISTINCT…
Propos sur la poésie
X. ÉPISODE
XI. VUE
XII. VALVINS
XIII. ÉTÉ
XIV. ANNE
XV. SÉMIRAMIS
XVI. ÉBAUCHE D’UN SERPENT
XVII. LES GRENADES
XVIII. LE VIN PERDU
XIX. INTÉRIEUR
XX. LE CIMETIÈRE MAR
XXI. ODE SECRÈTE
XXII. LE RAMEUR
XXIII. PALME
XXIV. LA FAUSSE MORTE
XXV. L’INSINUANT
XXVI. AURORE
XXVII. AU PLATANE
XXVIII. CANTIQUE DES COLONNES
XXIX. L’ABEILLE
XXX. POÉSIE
XXXI. LES PAS
XXXII. LA CEINTURE
XXXIII. LA DORMEUSE
XXXIV. LA PYTHIE
L’amateur de poèmes
Si je regarde tout à coup ma véritable pensée, je ne me console pas de devoir subir cette parole intérieure sans personne et sans origine ; ces figures éphémères ; et cette infinité d’entreprises interrompues par leur propre facilité, qui se transforment l’une dans l’autre, sans que rien ne change avec elles. Incohérente sans le paraître, nulle instantanément comme elle est spontanée, la pensée, par sa nature, manque de style.
Mais je n’ai pas tous les jours la puissance de proposer à mon attention quelques êtres nécessaires, ni de feindre les obstacles spirituels qui formeraient une apparence de commencement, de plénitude et de fin, au lieu de mon insupportable fuite.
Un poème est une durée, pendant laquelle, lecteur, je respire une loi qui fut préparée : je donne mon souffle et les machines de ma voix ; ou seulement leur pouvoir, qui se concilie avec le silence.
Je m’abandonne à l’adorable allure : lire, vivre où mènent les mots. Leur apparition est écrite. Leurs sonorités concertées. Leur ébranlement se compose, d’après une méditation antérieure, et ils se précipiteront en groupes magnifiques ou purs, dans la résonance. Même des étonnements sont assurés : ils sont cachés d’avance, et font partie du nombre.
Mû par l’écriture fatale, et si le mètre toujours futur enchaîne sans retour ma mémoire, je ressens chaque parole dans toute sa force, pour l’avoir indéfiniment attendue. Cette mesure qui me transporte et que je colore, me garde du vrai et du faux. Ni le doute ne me divise, ni la raison ne me travaille. Nul hasard, — mais une chance extraordinaire se fortifie. Je trouve sans effort le langage de ce bonheur ; et je pense par artifice, une pensée toute certaine, merveilleusement prévoyante, — aux lacunes calculées, sans ténèbres involontaires, dont le mouvement me commande et la quantité me comble : une pensée singulièrement achevée.
I.
NARCISSE PARLE
O frères ! tristes lys, je languis de beauté
Pour m’être désiré dans votre nudité,
Et vers vous, Nymphes ! nymphes, nymphes des fontaines
Je viens au pur silence offrir mes larmes vaines.
Un grand calme m’écoute, où j’écoute l’espoir.
La voix des sources change et me parle du soir ;
J’entends l’herbe d’argent grandir dans l’ombre sainte,
Et la lune perfide élève son miroir
Jusque dans les secrets de la fontaine éteinte.
Et moi ! de tout mon corps dans ces roseaux jeté,
Je languis, ô saphir, par ma triste beauté !
Je ne sais plus aimer que l’eau magicienne
Où j’oubliai le rire et la rose ancienne.
Que je déplore ton éclat fatal et pur,
Si mollement de moi fontaine environnée,
Où puisèrent mes yeux dans un mortel azur
Mon image de fleurs humides couronnée.
Hélas ! L’image est vaine et les pleurs éternels !
À travers les bois bleus et les bras fraternels,
Une tendre lueur d’heure ambigüe existe,
Et d’un reste du jour me forme un fiancé
Nu, sur la place pâle où m’attire l’eau triste…
Délicieux démon, désirable et glacé !
Voici dans l’eau ma chair de lune et de rosée,
O forme obéissante à mes vœux opposée !
Voici mes bras d’argent dont les gestes sont purs !…
Mes lentes mains dans l’or adorable se lassent
D’appeler ce captif que les feuilles enlacent,
Et je crie aux échos les noms des dieux obscurs !…
Adieu, reflet perdu sur l’onde calme et close,
Narcisse… ce nom même est un tendre parfum
Au cœur suave. Effeuille aux mânes du défunt
Sur
