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Le livre des dragons
Le livre des dragons
Le livre des dragons
Livre électronique182 pages2 heures

Le livre des dragons

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À propos de ce livre électronique

Découvrez le grand classique « Le livre des dragon », de la célèbre autrice E. Nesbit.
Ces huit nouvelles passionnantes mettent en scène des dragons et les mondes dans lesquels ils vivent, qui sont parfois très proches du nôtre !
De grands récits fantastiques pour petits et grands.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie21 févr. 2024
ISBN9781667469959
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    Aperçu du livre

    Le livre des dragons - E. Nesbit

    I. Le livre des bêtes

    ––––––––

    Il était en train de construire un Palais quand la nouvelle arriva, et il en oublia les briques éparpillées au sol, laissant à sa nourrice le soin de les ramasser. Mais il faut bien avouer que la nouvelle était remarquable. Voyez-vous, quelqu'un avait frappé à la porte principale, et l'on avait entendu des voix en bas. Lionel avait pensé que c'était un homme qui venait s'occuper du gaz, que l'on n'avait plus pu allumer depuis que Lionel s'était fait une balançoire en attachant sa corde à sauter au tuyau.

    Et puis, tout à coup, la nourrice était entrée et avait dit :

    « Maître Lionel, mon enfant, ils viennent vous chercher pour que vous soyez Roi. »

    Ensuite, en toute hâte, elle avait changé sa blouse, lavé son visage et ses mains et brossé ses cheveux, et pendant tout ce temps, Lionel ne cessait de s'agiter, de se tortiller et de dire des choses comme « Oh, pas ça, Nourrice », ou « Je crois que mes oreilles sont assez propres comme ça », ou encore « Ne touchez pas à mes cheveux, ils sont très bien comme ils sont », et enfin « Ça ira comme ça ».

    « À vous voir, on croirait que vous allez être une anguille, et point un Roi, » déclara la nourrice.

    Dès que la nourrice le lâcha un instant, Lionel partit en courant, sans attendre qu'elle lui donnât son mouchoir propre. Il entra dans le salon, où se trouvaient deux messieurs à l'air très sérieux, vêtus de robes rouges ornées de fourrure, et coiffés de couronnes en or avec du velours au milieu, comme la crème des tartelettes à la confiture qui coûtent si cher.

    Ils s'inclinèrent tout bas devant Lionel, et le plus sérieux des deux annonça :

    « Sire, votre arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père, le Roi de ce pays, est mort, et à présent, vous devez nous suivre et devenir Roi.

    – D'accord, monsieur, » répondit Lionel. « Quand est-ce que ça commence ?

    – Vous allez être couronné cet après-midi, » répondit le monsieur qui avait l'air sérieux, mais pas autant que l'autre.

    « Est-ce qu'il faut que j'emmène ma nourrice, et à quelle heure viendra-t-on me chercher, et est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux que je mette mon costume en velours, celui avec le col en dentelle ? » demanda Lionel, qui avait assisté à de nombreux goûters.

    « Votre nourrice sera emmenée au Palais plus tard. Et non, ne vous inquiétez pas pour votre costume, l'Habit royal couvrira tout ça. »

    Les messieurs sérieux le conduisirent à un carrosse attelé de huit chevaux, qui s'approchait de la maison où Lionel vivait. C'était le numéro 7, du côté gauche de la rue en montant.

    Au dernier moment, Lionel se précipita à l'étage, embrassa sa nourrice et lui dit :

    « Merci de m'avoir lavé. J'aurais dû vous laisser faire l'autre oreille. Non... Je n'ai plus le temps. Donnez-moi le mouchoir. Au revoir, Nourrice.

    – Au revoir, mon caneton, » répondit la nourrice. « Soyez un gentil Roi, n'oubliez pas de toujours dire s'il vous plaît et merci, pensez à donner du gâteau aux petites filles, et ne vous resservez jamais plus d'une fois. »

    Et c'est ainsi que Lionel partit devenir Roi. Il ne s'attendait pas plus que vous à ce que cela lui arrive, alors tout lui parut très nouveau, si nouveau qu'il n'avait même jamais songé que ce pût être possible. Tandis que le carrosse traversait la ville, il dut se mordre la langue pour être certain que c'était vrai : si sa langue était réelle, c'était qu'il n'était pas en train de rêver. Une demi-heure plus tôt, il jouait avec ses briques dans sa chambre, et à présent, les rues étaient remplies de drapeaux, les fenêtres débordaient des gens qui agitaient des mouchoirs et lançaient des fleurs, les trottoirs étaient envahis par des soldats écarlates, toutes les cloches de toutes les églises sonnaient à tue-tête, et comme pour accompagner cette musique de leur chant, des milliers de personnes criaient : « Longue vie à Lionel ! Longue vie à notre petit Roi ! »

    Au départ, il était un peu triste de ne pas avoir mis ses plus beaux habits, mais très vite, il n'y pensa plus. S'il avait été une fille, cela l'aurait probablement dérangé tout du long.

    À mesure qu'ils avançaient, les deux messieurs, qui n'étaient autres que le Chancelier et le Premier Ministre, expliquèrent les choses que Lionel ne comprenait pas.

    « Je croyais que nous étions dans une république, » dit-il. « Je suis certain que nous n'avons pas eu de Roi depuis très longtemps.

    – Sire, votre arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père est décédé quand mon grand-père n'était encore qu'un enfant, » répondit le Premier Ministre. « Depuis ce jour, vos fidèles sujets ont mis de l'argent de côté pour vous acheter une couronne. Chacun a contribué un peu en fonction de ses moyens, vous comprenez ; ceux qui reçoivent beaucoup d'argent de poche donnaient six pennys par semaine, les moins fortunés n'en donnaient qu'un demi. Vous n'ignorez pas que la règle veut que la couronne soit payée par le peuple.

    – Mais mon arrière-arrière-je-ne-sais-plus-combien-grand-père, il n'avait pas une couronne ?

    – Si, mais il l'a fait plaquer d'étain, de peur d'être vaniteux, et il a fait retirer toutes les pierres précieuses, qu'il a vendues pour acheter des livres. C'était un homme étrange. Un très bon Roi, mais qui avait ses défauts ; il adorait les livres. C'est dans l'un de ses derniers souffles qu'il a envoyé la couronne chez l'étameur, et il n'a pas vécu assez longtemps pour payer la facture. »

    Le Premier Ministre essuya une larme, et au même moment, le carrosse s'arrêta, et on en sortit Lionel pour le couronner. Se faire couronner, c'est bien plus fatigant que l'on pourrait le croire. Quand ce fut terminé, Lionel avait porté l'Habit royal pendant une heure, voire deux, il s'était fait baiser la main par toutes les personnes qui étaient censées le faire, il était tout à fait épuisé, et il était fou de joie de pénétrer dans la chambre d'enfant du Palais.

    La nourrice était là, et le goûter était prêt : il y avait du gâteau aux graines, du gâteau aux pruneaux, de la confiture, des tartines beurrées toutes chaudes, la plus jolie des vaisselles, avec du rouge, du doré et des fleurs bleues, et du vrai thé, dont on pouvait boire autant de tasses qu'on voulait.

    Après le goûter, Lionel déclara : « Je crois que j'ai envie d'un livre. Pourriez-vous aller m'en chercher un, Nourrice ?

    – En voilà un qui ne manque pas d'air, » rétorqua la nourrice. « La royauté vous aurait-elle fait perdre l'usage de vos jambes ? Filez donc, et allez chercher vos livres vous-même. »

    Alors, Lionel descendit à la bibliothèque. Le Premier Ministre et le Chancelier étaient là. Quand il entra, ils s'inclinèrent très bas, et ils étaient sur le point de lui demander poliment pourquoi il venait encore leur casser les pieds quand il s'exclama : « Oh, tous ces livres ! Ils sont à vous ?

    – Ils sont à vous, Votre Majesté, » répondit le Chancelier. « Ils appartenaient à notre défunt Roi, votre arrière-arrière...

    – Oui, je sais, » rétorqua Lionel sans lui laisser le temps de finir. « Eh bien, je les lirai tous. J'adore lire. Je suis si content d'avoir appris à lire.

    – Si je puis me permettre de donner un conseil à Sa Majesté, » hasarda le Premier Ministre, « vous feriez mieux de ne pas lire ces ouvrages. Votre arrière...

    – Oui ? » lança promptement Lionel.

    « Il était un excellent Roi. Oui, un Roi exceptionnel à sa façon, mais il était un tantinet... étrange, disons.

    – Il était fou ? » demanda joyeusement Lionel.

    « Non, non. » Les deux messieurs étaient sincèrement choqués. « Il n'était pas fou, mais si vous me passez l'expression, il était trop intelligent pour son bien. Et je n'aimerais pas que mon petit Roi mette le nez dans ses livres. »

    Lionel semblait perplexe.

    « Pour tout vous dire, » continua le Chancelier en entortillant sa barbe rousse d'un air agité, « votre arrière...

    – Sautez cette partie, » coupa Lionel.

    « On disait que c'était un sorcier.

    – Mais il n'en était pas un ?

    – Bien sûr que non. C'était un grand Roi, votre arrière...

    – Je vois.

    – Mais si j'étais vous, j'éviterais de toucher à ses livres.

    – Juste celui-là ! » s'exclama Lionel, en mettant ses mains sur un grand livre marron qui était posé sur la table de lecture. Sa couverture en cuir brun était ornée de motifs dorés, de fermoirs en or dont les volutes étaient incrustées de turquoises et de rubis, et de coins en or destinés à empêcher le cuir de s'user trop rapidement.

    « Il faut que je voie celui-là, » insista Lionel, car au dos, en grandes lettres, l'on pouvait lire : Le livre des bêtes.

    Le Chancelier répliqua : « Ne soyez pas un petit Roi têtu. »

    Mais Lionel avait déjà défait les fermoirs, et ouvert le livre à la première page. On pouvait y admirer un beau Papillon tout rouge, marron, jaune et bleu, si joliment peint qu'il semblait être en vie.

    « Regardez, » dit Lionel, « c'est magnifique, non ? Pourquoi... »

    Mais, avant qu'il n'eût fini sa phrase, le beau Papillon se mit à battre de ses ailes multicolores, décolla de la page jaunie par le temps et s'envola par la fenêtre.

    « Fichtre ! » s'exclama le Premier ministre, dès qu'il fut débarrassé de la boule de surprise qui s'était logée dans sa gorge et avait failli l'étouffer. « Ça, c'est de la magie. »

    Mais, avant qu'il n'eût prononcé ces paroles, le Roi était passé à la page suivante, sur laquelle apparaissait un oiseau étincelant, dont toute la beauté se reflétait jusque dans chacune de ses plumes bleues. En dessous, il y avait la légende « Oiseau de paradis bleu », et alors que le Roi, comme envoûté, contemplait cette adorable image, l'Oiseau bleu battit des ailes sur le papier jauni et s'envola du livre.

    Alors, le Premier Ministre arracha le livre des mains du Roi, le referma sur la page blanche dont l'oiseau s'était échappé, et le posa sur une étagère très haute. Et le Chancelier secoua le Roi très fort en disant : « Vous êtes un vilain petit Roi, un Roi très désobéissant ! » On voyait bien qu'il était très en colère.

    « Je ne vois pas ce que j'ai fait de mal, » rétorqua Lionel. Il détestait se faire secouer, comme tous les garçons. Il aurait nettement préféré une gifle.

    « Vous n'avez rien fait de mal, dites-vous ? » demanda le Chancelier. « Ah, mais qu'en savez-vous ? Là est la question. Comment savez-vous ce qu'il y allait avoir à la page suivante ? Un serpent, un ver, un mille-pattes, un révolutionnaire ou autre chose du genre...

    – Eh bien, je suis désolé si je vous ai agacé, » répondit Lionel. « Venez, embrassons-nous, et soyons bons amis. » Il embrassa le Premier Ministre, et ils se mirent à jouer tranquillement au morpion tandis que le Chancelier allait faire ses comptes.

    Mais, quand Lionel fut au lit, il ne parvint pas à dormir, car il n'arrêtait pas de penser au livre. Alors, tandis que la pleine lune rayonnait de tout son éclat, il se leva et descendit à pas de loups à la bibliothèque, où il grimpa sur l'étagère pour s'emparer du Livre des bêtes.

    Il l'emporta sur la terrasse, où la lune offrait autant de lumière que l'astre du jour, et l'ouvrit. Il vit les pages blanches portant les légendes « Papillon » et « Oiseau de paradis bleu », et passa à la suivante. On y voyait quelque chose de rouge assis à l'ombre d'un palmier, et en dessous, il y avait la mention « Dragon ». Le Dragon ne bougea pas, et le Roi referma le livre avec une certaine précipitation avant de retourner se coucher.

    Mais le lendemain, il eut envie de regarder à nouveau le livre, alors il l'emporta au jardin, et quand il défit les fermoirs ornés de rubis et de turquoises, le recueil s'ouvrit tout seul à la page du Dragon. Puis, soudainement, un grand Dragon rouge sortit du livre, étendit ses vastes ailes écarlates et s'envola vers les collines du lointain. Lionel se retrouva seul face à la page presque vide, où il ne restait plus que le palmier vert, le désert jaune, et de petites marques rouges, là où le pinceau avait dépassé des contours crayonnés du Dragon rouge.

    Alors, Lionel comprit qu'il avait vraiment fait une bêtise. Il n'était pas Roi depuis vingt-quatre heures, et il avait déjà libéré un Dragon rouge qui allait probablement donner bien du souci à ses fidèles sujets. Eux qui avaient passé tout ce temps à économiser pour lui payer une couronne !

    Lionel se mit à pleurer.

    Le Chancelier, le Premier Ministre et la nourrice arrivèrent en courant pour voir ce qu'il se passait. Quand ils aperçurent le livre, ils comprirent, et le Chancelier s'exclama : « Quel vilain petit Roi ! Mettez-le au lit, Nourrice, qu'il réfléchisse à ce qu'il a fait.

    – Sire, » répondit le Premier Ministre, « peut-être vaudrait-il mieux qu'avant toute chose, nous sachions ce qu'il a fait, au juste. »

    Alors, Lionel, qui pleurait à chaudes larmes, expliqua : « C'est un Dragon rouge, et il s'est envolé vers les collines, et je suis vraiment désolé. Oh, je vous en prie, pardonnez-moi ! »

    Mais le Premier Ministre et le Chancelier étaient trop préoccupés pour songer à pardonner Lionel. Ils partirent en tout hâte s'adresser aux policiers pour voir ce qu'il était possible de faire. Chacun faisait ce qu'il pouvait. On réunissait des comités, on montait la garde, on attendait l'arrivée du dragon, mais il restait dans les collines, alors il n'y avait rien d'autre à faire. Pendant tout ce temps, la loyale nourrice ne négligeait pas son devoir. Il est même possible qu'elle en eût

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