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La découverte: Saga fantasy
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Livre électronique233 pages3 heures

La découverte: Saga fantasy

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À propos de ce livre électronique

À la découverte d'un monde inconnu

Eusebès vit sur les îles des Oribes, arrachées au continent par le puissant Almonzaz de Vauvral, afin de les protéger des infâmes créatures magiques s'y trouvant.
Un jour pourtant Eusebès devient l'une d'elles. Il ne lui reste plus, alors, d'autre choix que la fuite vers ce continent inconnu qu'elle craint tant.

Plongez dans un univers fantasy fascinant avec ce premier tome de la saga Erläc !

EXTRAIT

Les journées s’écoulèrent, l’hiver laissant place au printemps. Eusebès avait pris l’habitude de se lever à l’aube pour aller chasser avant de renter et de se plonger dans ses études jusqu’au début de la soirée. Dès que le temps le leur permettait ils dînaient sur la terrasse, à la lumière de l’énorme bougie parfumée à la citronnelle qui tenait les insectes à distance.
Eusebès avait reçu plusieurs lettres de son oncle la conviant chez lui, lettres auxquelles elle répondait invariablement que son emploi du temps surchargé ne lui laissait aucun temps pour une visite. Il lui fallait emmener Penndrogn chasser tous les matins, ce qui rendait toute nuit d’observation impossible.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Liz Vaubreuil est née le 3 juin 1995 à Toulouse. Passionnée de jeux de rôle, elle décide de créer son propre univers pour s'en servir comme base pour ses futures soirées de jeu. Celui-ci dériva rapidement vers le premier tome d'Erläc.
LangueFrançais
Date de sortie5 sept. 2017
ISBN9782374641522
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    Aperçu du livre

    La découverte - Liz Vaubreuil

    - 1 -

    Le ballon était plein à craquer de pommes de terre, citrouilles, châtaignes, noix, panais, tourtes à la rhubarbe et à la betterave, galettes et miches de pain tendre. À tout cela s’ajoutait une dizaine de fûts de la fameuse bière de Villebrume, riche et parfumée. Avec sa belle robe ambrée, elle rapporterait deux fois son poids en or sur le marché de la capitale.

    Dès que sa mère eut pris place dans la nacelle Eusebès lâcha les amarres. Le ballon prit lentement son essor dans le ciel hivernal. Le bord de son panier était déjà recouvert de fines dentelles de givre. Le trajet promettait d’être plus froid qu’à l’accoutumée. Elle se retourna vivement pour en faire part à Dauleth, ses cheveux blancs claquant contre le cuir de ses fourrures aussi brunes que sa peau.

    — Et que veux-tu que j’y change ma fille ?

    — On pourrait prendre le train à éther. Il y fait chaud et Theita m’a dit que c’était très chic, qu’il y avait une moquette pourpre et de grandes banquettes en cuir. Il y a même un wagon-restaurant avec des serveurs en uniformes et d’ailleurs…

    — Et de magnifiques mercenaires avec des fusils très chics aussi. Je suis sûre qu’ils ont eu le bon goût d’assortir les colliers de leurs molosses aux tapis.

    — Ce sont des gardes et ils sont là pour nous protéger, s’agaça-t-elle.

    — C’est vrai qu’ils seront terriblement utiles si une serre décide de venir se frotter contre le train et de le couper en deux.

    Eusebès ne put s’empêcher de frissonner alors que les leçons de l’historien du village lui revenaient à l’esprit. Elle le revoyait encore lui asséner une tape sur la tête en radotant « La Serre est un poisson-scie pourvu d’ailes qu’elle peut utiliser comme des voiles. Elle possède aussi une crête dentelée qui lui permet de couper l’objet sous lequel elle se place. Sa vitesse et sa force sont telles qu’une fois pris en chasse nul ne peut lui échapper. C’est un des rares animaux capable de vivre dans la mer d’éther, bien que ce ne soit pas son milieu d’origine. Elle est originaire des Golfes d’Alkyr. C’est pourquoi elle est aussi connue en Löeld comme le fléau de Tovaël, la tour du sage. » Ce sont des contes pour enfants se morigéna-t-elle. S’il y avait une Serre dans les Oribes ça se saurait, à presque 50 ans il faudrait vraiment que tu grandisses ma pauvre. Tu auras bientôt l’âge de raison alors comporte toi comme une adulte mature et responsable et …

    — Rentre tes cheveux sous ton bonnet si tu ne veux pas qu’ils gèlent.

    Agacée, elle fourra ses mèches folles sous sa capuche. Pour la responsabilité, on repassera. Afin de se donner une contenance, elle retourna s’accouder à la balustrade. De minuscules lumières dans la grisaille du jour déclinant indiquaient maintenant la position de la Vieille Pentale. Les faubourgs de la capitale, moins illuminés que son centre, disparaissaient progressivement dans l’obscurité.

    Trois heures après elles mirent enfin pied à terre. Il leur en fallut deux de plus pour décharger et ranger leurs marchandises dans le box prévu à cet effet. Une fois le ballon séché et plié, elles se rendirent à leur auberge. Dauleth avait pris soin d’y réserver deux lits et un copieux souper.

    C’était un bâtiment trapu, près du sol, abrité sous un toit d’ardoises couvertes de mousse. Ses petites fenêtres éclairaient mal l’intérieur, mais avaient le mérite d’éviter que le froid ne rentre. Une fois la porte en métal gris franchie on débouchait sur une vaste salle, haute de plafond, avec une estrade éclairée par la cheminée toute proche. Le feu de tourbe creusait d’étranges sillons dans le visage pourtant jeune de l’historien perché sur celle-ci. Des tables, laides mais solides, ainsi que leurs bancs massifs, étaient disséminées dans la pièce. Aux poutres pendaient des tresses d’ails et des bouquets d’aromates auxquels tenaient compagnie des saucisses et des boudins. Près du comptoir, on apercevait même deux gros jambons. Une fois débarrassées de leurs fourrures les deux femmes prirent place à leur table habituelle. L’aubergiste, une solide matrone rougeaude aux grands battoirs bien pratiques pour porter grands plateaux et chopes de bières, leur servit des saucisses au lard accompagnées de pommes de terre, une soupe de citrouille, du pain de seigle et du beurre à l’ail. Leur repas fini, Eusebès s’adossa à la table afin d’être plus à son aise pour écouter l’historien tandis que sa mère gravissait l’escalier menant à leur chambre. Perché sur un tabouret bancal, une chope à ses pieds, il semblait avoir décidé de retracer toute l’histoire des Oribes. Il commençait à peine à aborder les inventions à éther d’Almonzar de Vauvral et la façon dont elles avaient débarrassé les Oribes de la magie, des dragons, d’Erläc et des autres créatures maléfiques. « Et après avoir appris à maîtriser l’éther cet alchimiste de génie créa les Oribes, amas d’îlots civilisés perdus au milieu des vastes étendues sauvages du monde, heureusement protégés par la mer de nuages et la ceinture des îles militarisées à son extrémité la plus proche des anciennes terres. Quand il fut assuré que les îles seraient à l’abri de tout danger il rassembla quelques sages en un Conseil puissant et avisé, capable de prendre toutes les décisions nécessaires au bon fonctionnement des Oribes. Le Conseil fut parfois honni pour ses choix, mais le temps finit toujours par démontrer le bien-fondé de leurs actions. De nombreux mercenaires, éblouis par la puissance de cette nation émergente, décidèrent d’en devenir les gardiens. Ce fut leur allégeance qui donna naissance à la garde Cyan. Elle veille depuis sur nos îles de génération en génération. Une fois le pays établi et protégé le grand Almonzar de Vauvral songea à l’économie. Aussi créa-t-il le train, les chars et ballons à éther pour permettre aux citoyens de voyager et commercer à leur guise. Ceux qui les utilisent soutiennent l’économie des Oribes et agissent ainsi pour le bien de tous. Il créa ensuite les différents ordres, alchimistes, marchands, historiens …, afin de poursuivre ses recherches, de maintenir une économie fructueuse ou encore de consigner l’histoire du monde civilisé. Une fois l’avenir des Oribes assuré le grand Almonzar de Vauvral se retira afin de contempler l’œuvre de sa vie en paix récitât mentalement Eusebès. J’adore les histoires, mais ce serait tout de même bien qu’ils en racontent d’autres. Quel dommage que les contes anciens soient interdits, les histoires de magie sont toujours les meilleures. » Lassée, elle se leva et marcha distraitement vers les escaliers. La chambre était au troisième étage et la vue sur la rue du marché était imprenable. La vielle porte tourna sans un bruit sur ses gonds bien huilés. Eusebès pénétra doucement dans la chambre. À l’opposé l’un de l’autre, plaqués contre les murs, se trouvaient deux petits lits. La respiration calme de Dauleth semblait remplir la pièce. De la fenêtre émergeait la faible clarté de la Lune tamisée par des dentelles de givre couvrant ses carreaux. Le planché usé par des milliers d’allers-retours craqua légèrement sous les pieds de la jeune fille quand elle s’approcha du lit de sa mère.

    — Bonne nuit Maman.

    Un léger grognement lui répondit. Le « bonne nuit » des endormis songea-t-elle, amusée en se glissant dans son lit. Comme toujours celui-ci sentait la menthe et la lavande, la recette de la lessive de l’établissement qui en utilisait des quantités fabuleuses. Cette odeur familière la réconforta. Cette vieille pièce, remplie de souvenirs, d’odeurs et de bruits familiers était comme un seconde maison pour elle, aussi glissa-t-elle rapidement dans un sommeil paisible.

    La Lune allait bientôt disparaître sous l’horizon quand Dauleth la réveilla. Avec un grognement Eusebès s’extirpa frissonnante de la chaleur de ses draps et enfila rapidement un pantalon de toile brune, une chemise que fermait un ruban vert et son veston aux boutons cuivrés. À cela s’ajoutaient de confortables bottes de cuir souple et leurs gants assortis. Elle attrapa son manteau en feutre d’un vert profond ainsi que sa besace et descendit dans la grande salle. La pièce était déjà bondée de commerçants et petits producteurs venus vendre leurs récoltes de l’automne à la grande foire du solstice d’hiver de la Vielle Pentale. De nombreux aristocrates venaient remplir leurs caves et leurs réserves en vue des mornes journées d’hiver et les commerçants se devaient de répondre à la demande. Surtout si elle leur permettait de vendre leurs articles au double de leur prix habituel. Toutes les professions des Oribes étaient présentes. Les Vaetars, peuple de cultivateurs avec leur peau brune et leurs cheveux blancs remplissaient à eux seuls une bonne partie de la salle. On apercevait aussi des joailliers, facilement reconnaissables avec leurs vêtements couverts de pierres taillées. On trouvait aussi des boulangers et des pâtissiers avec leur uniforme blanc, ainsi que des imprimeurs et des porteurs qui crouleraient bientôt sous les achats de leurs maîtres de la journée. Le roux de quelques Dagnes se faisait remarquer dans le fond de la salle. C’était un peuple aussi réputé pour son amour du bruit du fer martelant le fer que pour celui du tintement de la monnaie. Visiblement, leurs forges ont produit plus d’épées et d’outils qu’ils n’en ont besoin et ils viennent nous revendre à prix d’or leur rebut. Elle grogna. De toute façon même leurs rebuts dépassent en qualité ce que pourraient produire nos meilleurs ouvriers. Les Dagnes étaient de fabuleux forgerons, capables de tirer d’une barre de métal brut une épée aussi solide que légère, qui ne s’émoussait ou ne se brisait jamais. Ils gardaient pour eux leurs plus grandes réussites et vendaient le reste à un prix prohibitif. Seule la garde Cyan pouvait s’offrir de telles merveilles. Les corporations achetaient le reste afin de les louer à leurs membres, vidant parfois plus de la moitié de leurs coffres pour un coutelas. Personne ne les appréciait, mais la merveille de leur travail les rendait indispensables. Des barbares rustres et avides que le Conseil ne tolère qu’à moitié. Accélérant le pas elle rejoignit Dauleth au comptoir. La patronne leur remit un panier rempli de pain bis, de crème fraîche épaisse et d’une bonne bouteille d’un vin sucré. Elle attrapa vivement le panier. Le pain bis est toujours meilleur chaud. Tandis qu’elles remontaient la rue Eusebès prélevait de petites bouchées de mie encore tiède tout en observant la ville endormie. Les lampadaires en cuivre diffusaient un halo bleuté. Aucune lumière n’illuminait encore les façades de pierres grises. Elle inspira profondément quand une fine brise souleva des odeurs de cire, de miel et de cuivre. Au bout de la rue s’apercevaient les verrières du vieux marché tout de bleu et d’or miellé. Les vitres de verre coloré qui couvraient les quatre rues commerçantes étaient soutenues par des poutrelles de cuivre. Partant des points cardinaux, elles se rejoignaient pour former une place centrale. Constituée d’une unique pierre carrée d’une demi-lieue de côté d’un bleu vif irisé de paillettes ambrées, elle abritait en son milieu une statue à la gloire des Oribes : Almonzar de Vauvral, pilier central des poutrelles, soutenant les îles civilisées peintes sur le verre représentant l’éther qui les baignait. La Vieille Pentale s’enorgueillissait de posséder la plus belle place du pays. Même celle de Migrecimes avec sa pureté toute d’or et de nacre ne pouvait rivaliser avec la place de l’alchimiste. La place n’était jamais sombre ou froide grâce à la dalle géante qui emmagasinait la chaleur et la clarté du jour pour la restituer à la faveur de la nuit. La lumière bleue se reflétait alors sur toutes les façades couvertes de plaques de cuivre. Tout autour de la place, haut de trois étages en hauteur comme en profondeur, enjambant les rues, se trouvait le bâtiment des guildes. Tous les corps de métier s’y trouvaient, chacun possédait sa salle décorée selon ses attributions, ses loges et salles de conseils ainsi que ses coffres et boxes que pouvaient louer ses membres. Eusebès adorait la salle de la guilde des cultivateurs avec ses murs de nacre verte incrustés de scènes de travail en or. Elle se demandait toujours à quoi pouvait bien ressembler les autres salles. En effet, seuls leurs propres membres pouvaient franchir les portes de chêne blanc frappées aux armoiries des guildes et, bien sûr, chacun taisait ce qui se trouvait de l’autre côté des portes sculptées.

    Les deux femmes poussèrent les lourds battants de bois blanc incrustés de la faucille et de l’épi de blé croisés de leur ordre, traversèrent la salle centrale pour rejoindre le couloir qui donnait accès aux boxes de stockage. Le leur était idéalement situé, il se trouvait seulement à quelques pas d’une porte de sortie qui débouchait droit sur la rue des foins, rue où se trouvaient regroupés les étals des cultivateurs. Non loin de la coupole qui couvrait les trois étages de la salle centrale, leur box jouissait d’un flot de lumière que le sol de verre laissait passer sans obstacles. Une fois arrivées dans leur box Dauleth bloqua la porte de sortie avec un sac de farine tandis qu’Eusebès emportait les montants de l’étal pour les assembler sur leur emplacement. Quand il fut monté, elles s’activèrent pour le remplir. Poireaux, carottes et choux prirent place sur les plaques de métal imitant le bois poli par les âges tandis que les sacs de farine de châtaigne restaient au sol. De gigantesques citrouilles, grosses comme des roues de charrette virent leur tenir compagnie. Pour finir tourtes, biscuits secs, pains de sucre et gâteaux à la broche furent placés sur les étagères en arrière. Quand tout fut à sa place chacune prit un tabouret et mangea de bon cœur ce qu’il restait de pain bis maintenant presque froid, le tartinant de crème et le faisant descendre avec plusieurs verres de vin. Le temps de finir leur repas le soleil se levait, l’horloge sonnait la septante et les premiers acheteurs sortaient de leurs voitures toutes de cuivre ouvragé, dont le bleu vif de leurs moteurs à éther s’apercevait de loin. Les moins fortunés venaient quant à eux en cab de location ou à pied. Les belles dames en robes colorées, la taille soulignée par de larges ceintures de cuir, protégeaient leur jolie peau blanche avec de délicates ombrelles ornées de dentelles de cuivre. Elles donnaient le bras à des gentlemen en haut-de-forme, la chaînette de leur montre, glissée dans la pochette de leur veston, ressortant vivement sur le velours de leur habit. À côté d’eux suivaient au moins deux porteurs aux mains vides mais qui ne tarderaient pas à crouler sous le poids des achats de leurs employeurs.

    Sachant que tout ce beau monde avait sûrement sauté son premier repas pour arriver en temps et en heure Eusebès se dépêcha de faire chauffer le thé, les roulés de pomme de terre au poisson fumé et quelques tartes. Bien sûr les cuisiniers et pâtissiers attireraient à eux seuls plus de la moitié de la foule avec leur délicieux pain brioché, leurs sablés croquants tout droit sortis du four et leur cacao au lait crémeux. Mais certains préféreraient économiser leurs pièces et viendraient acheter un déjeuner réchauffé sur le pouce à tous ceux que la loi n’autorisait pas à vendre de nourriture et de boissons préparées sur place. À la fin de la matinée le stand était déjà à moitié vide, la bière avait été écoulée en moins d’une heure. Seuls les topinambours n’avaient pas trouvé preneur. Mais qui voudrait acheter des topinambours si ce n’est pour empoisonner leur encombrante belle-mère ? Comme c’est parti, c’est nous qui allons les manger leurs topinambours, songea-t-elle, morose.

    — Fais-nous chauffer les roulés de pomme de terre qui restent, plus personne n’en voudra maintenant. C’est sûr que personne n’en voudra maintenant qu’ils sont tous mous. Elle tenta vainement de leur rendre un peu de leur croustillant en le faisant bien cuire mais ils restèrent visqueux et prirent un goût de brûlé. Dépitée, elle entreprit d’en faire passer le goût exécrable avec de grandes lapées de vin.

    — Va faire un tour, proposa Dauleth face à sa mine déconfite tout en lui tendant un écu ainsi qu’un demi-louis.

    Cela représentait une petite fortune qu’Eusebès utilisa pour pallier à son mauvais repas. Une demi-brioche parfumée à la fleur d’oranger trempée dans un cacao chaud remit son moral d’aplomb. Elle ramena l’autre moitié de la brioche à sa mère avant de continuer sa promenade. Elle admira les camées du père Foranlin puis les enfilades de perles des sœurs Orarant avant de se diriger vers la rue des bêtes. Elle fit un léger détour pour admirer les délicates robes à tournures en vitrine sur la rue Est. L’odeur de la rue des bêtes se fit sentir avant même qu’elle ait tourné à l’angle du vieux bâtiment délimitant la fin du quartier des fripes. Heureusement grâce à un système de ventilation souterraine l’air y restait respirable. Elle déambula entre les différents parcs à bestiaux avant de s’arrêter devant l’étal d’un vieil homme à la peau brune et fripée dont les cheveux épars étaient rassemblés en une parodie de catogan. Il se proclamait comme le plus grand spécialiste des bêtes de chasse. Des faucons, chouettes et autres rapaces étaient maintenus par de solides liens de cuir à un faux arbre mort planté dans un grand baquet de sable. Dans des cages sur le sol se trouvaient des chiens et quelques chats. Posés sur une étagère se trouvaient une hermine, des belettes et quelques furets dont un avait la fourrure encroûtée de sang. Du pus suintait de sa patte gauche. Les yeux vitreux, il respirait avec difficulté. Elle l’étudia attentivement avant de hurler par-dessus la cohue :

    — Combien pour le furet malade ?

    Le vieil homme lui sourit de tous ses chicots.

    — Trois écus !

    Elle s’insurgeât :

    — C’est le prix de ceux en bonne santé !

    — Il n’est pas si malade que ça ma petite. Un peu de repos et il sera d’aplomb.

    — Il est dressé ?

    — Mais oui, je m’en suis chargé moi-même.

    — Un quart de louis alors.

    Sans lui laisser le temps de répondre, elle se saisit de la cage, posa la monnaie à sa place et partit en marchant aussi vite que la décence l’y autorisait. J’ai toujours voulu d’un furet de chasse, pas d’une carcasse, il me faut de quoi le soigner. Elle obliqua dans une rue transversale qu’elle longea jusqu’à la boutique de l’apothicaire le plus apprécié du pays. Elle acheva d’y vider sa bourse. La journée tirait à sa fin quand elle retourna au stand. Elle arriva juste à temps pour aider sa mère à ranger et embarquer les invendus. Invendus qui comprenaient deux grosses caisses de ces satanés topinambours. Avec une grimace, elle les cala et les attacha, sans trop serrer les nœuds. S’ils pouvaient tomber durant le voyage … puis elle monta dans la nacelle avec la cage contenant son furet. Il lui faut un nom. Voleur ? Bandit ? L’ancien

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