Utamaro
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Utamaro - Edmond de Goncourt
Portrait de la courtisane Hanaōgi de la maison Ōgiya
(Ōgiya uchi Hanaōgi ), 1793-1794. Ōban, nishiki-e, 36,4 x 24,7 cm.
Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Paris.
AVANT-PROPOS
Dans sa Vie d’Utamaro, Edmond de Goncourt, dans une langue exquise et avec une grande finesse analytique, a interprété pour nous la signification de cette forme d’art japonais qui trouva sa principale expression dans l’utilisation du bloc de bois polychrome.
L’estampe Ukiyo-e*, méprisée par l’arrogante aristocratie japonaise, devint un véhicule de l’art pour le petit peuple du Japon, et les noms des artistes qui participèrent à son développement circulent familièrement dans chaque atelier, alors que les peintres classiques de l’école de Tosa et de l’école de Kanō sont proportionnellement rarement mentionnés. Le consensus qui régnait au Japon du vivant de Kitagawa Utamaro vient conforter le verdict d’Edmond de Goncourt : aucun artiste n’était plus populaire. Son atelier était assiégé par des éditeurs qui venaient lui passer commande, et, à travers le pays, ses œuvres étaient ardemment prisées, tandis que celles de son célèbre contemporain, Utagawa Toyokuni, étaient à peine connues. Dans la « Barque d’Utamaro », un célèbre surimono*, dont le titre forme un joli jeu de mots sur maro, signifiant vaisseau en japonais, l’artiste est dépeint dans toute sa suprématie. Il y est représenté dans une barque joliment décorée, entouré d’une nuée de beautés rendant hommage à son génie. Il peignait essentiellement des femmes, et bien qu’Edmond de Goncourt décrive l’impressionnante multitude de ses talents, il intitula pourtant son œuvre : « Outamaro, le Peintre des Maisons Vertes ».
— Dora Amsden, 1905
Neige, lune, fleurs, Hanaōgi de la maison de thé Ōgiya
(Setsugekka Hanaōgi ), ère Kansei (1789-1801).
Ōban, nishiki-e, 36,2 x 24,9 cm.
Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Paris.
Jeune Femme maquillant ses lèvres (Kuchibiru), vers 1795-1796.
Ōban, nishiki-e, 36,9 x 25,4 cm. Collection privée, Japon.
I. L’ART D’UTAMARO
Parcourir les albums japonais est une véritable initiation, au cours de laquelle on est particulièrement ébloui par la splendeur d’Utamaro. Ses planches somptueuses frappent l’imagination par son amour de la femme, qu’il enveloppe si voluptueusement dans les grandes étoffes japonaises, dans des plis, des contours, des chutes et des couleurs si recherchées que le cœur défaille à les regarder, à se figurer ce qu’elles représentent de jouissances exquises pour le peintre. Car le vêtement féminin révèle la conception qu’un peuple a de l’amour et cet amour n’est lui-même qu’une forme de la pensée supérieure cristallisée autour d’une source de joie... Utamaro, peintre de l’amour japonais, mourra d’ailleurs de cet amour ; car il ne faut pas oublier que l’amour japonais est surtout érotique. Les shungas* du grand artiste illustrent l’intérêt qu’il porte à ce sujet. Les délicieuses images de femmes remplissent des centaines de livres et d’albums et rappellent, si besoin était, les affinités innombrables de l’art et de l’érotisme... Ainsi le maître d’Utamaro, le peintre Toriyama Sekien, a-t-il pu dire du magnifique Livre des insectes (Illustrations 1, 2, 3, 4) : « ici sont les premières œuvres faites avec le cœur ». Le cœur d’Utamaro transparaît dans la quête de la beauté des animaux à travers cette effusion avec laquelle il dépeint les femmes du Yoshiwara* : l’amour de la beauté chez un artiste n’est vrai, que s’il en a la sensualité. L’amour et le sexe se trouvent à la base des sensations esthétiques et deviennent le meilleur sens pour extérioriser l’art qui, en réalité, ne rend jamais mieux la vie que par schématisation, par stylisation...
Utamaro est l’un des artistes du mouvement japonais du « monde flottant » (Ukiyo) les plus connus en Europe ; il est resté comme le peintre des « maisons vertes », selon l’expression d’Edmond de Goncourt. On lui associe immédiatement les estampes en couleurs (nishiki-e*) de ses grandes courtisanes longilignes, habillées de tissus précieux, à la chevelure noire, morceau de bravoure de l’artisan graveur.
Il traita, outre des idylles dans un décor de nature, des thèmes tels que les couples d’amants célèbres, des portraits de courtisanes ou des visions érotiques du Yoshiwara*. Mais ce sont surtout les représentations féminines d’Utamaro qui frappent par leur beauté sensuelle vivante et charmante, si loin du réalisme, et chargées d’un sens psychologique d’une grande finesse. Il a su proposer un nouvel idéal de la femme, svelte, altière, aux manières réservées. On a pu lui reprocher d’avoir répandu la mode de la figure longue chez les femmes et de donner à ces figures des proportions invraisemblables. Il fut, certes, l’un des éminents représentant de ce style, mais, ses figures féminines, aux proportions faussées, demeurent des œuvres d’un art merveilleux, tellement japonais... En effet, les japonais prisent plus la noblesse dans la grande beauté, que l’observation et l’esprit. Indiciblement, l’évocation fait éclore la beauté, offre ses mille facettes à l’œil, étonne par une complexité d’attitudes plus apparentes que réelles et prend avec la vérité des licences insensées chargées de sens.
On sait peu de choses de la vie d’Utamaro. Ichitarō Kitagawa, de son vrai nom, serait né à Édo vers la moitié du dixhuitième siècle, probablement en 1753, certainement à Kawagoe, dans la province de Musashi. C’est une ancienne habitude des artistes japonais d’abandonner leur nom de famille pour prendre des noms d’artistes. Le peintre prit d’abord comme nom d’intimité, Yūsuke ; comme nom d’élève d’atelier, Murasakiya et comme nom de peintre sorti de l’atelier travaillant d’après sa propre inspiration, le nom d’Utamaro.
Utamaro vint tout jeune à Édo. Après quelques années d’errance, il habita chez Tsutaya Jūzaburō, le célèbre éditeur de livres illustrés de l’époque, dont la marque représentant une feuille de vigne vierge surmontée du sommet du Fujiyama, se voit sur les plus parfaites impressions d’Utamaro. Il demeurait à un jet de pierre des grandes portes menant au Yoshiwara*. Quand Tsutaya Jūzaburō déménagea et établit sa boutique au centre de la ville, Utamaro l’y suivit et resta avec lui jusqu’en 1797, année où l’éditeur décéda. Alors Utamaro logea successivement rue Kyūemon-chō, rue Bakuro-chō, puis se fixa, dans les années qui précédèrent sa mort, près du pont Benkei.
« Naniwaya Okita », 1792-1793.
Hosoban, nishiki-e (imprimé des
deux côtés (verso)), 33,2 x 15,2 cm.
Collection inconnue.
« Naniwaya Okita », 1792-1793.
Hosoban, nishiki-e (imprimé des
deux côtés (recto)), 33,2 x 15,2 cm.
Collection inconnue.
Il étudia d’abord la peinture à l’école de Kanō. Puis, très jeune, il devint l’élève de Toriyama Sekien. Sekien lui enseigna l’art de l’estampe et de la peinture Ukiyo-e*. À ses débuts, Utamaro publia des estampes sous le nom d’Utagawa Toyoaki. Ce sont ses estampes de beautés (bijin-e) et ses estampes érotiques qui le rendront célèbre. Ce sont les maîtres Sekien et Shunshō qui transmirent à Utamaro le savoir traditionnel du grand Kiyonaga et de l’aimable et ingénieux Harunobou (1752-1770). Il devint une sorte d’aristocrate de la peinture, dédaignant de peindre les gens de théâtre ou simplement des hommes. À cette époque, la popularité des peintres, dépendait de celle de leur sujet. Et, dans un pays où toutes les catégories de la population adoraient les acteurs de théâtre, il était courant qu’un peintre profitât de la célébrité de ces derniers, en les intégrant dans son œuvre. Utamaro se refusa à dessiner des comédiens, disant fièrement : « je ne veux pas briller à la faveur des acteurs, je veux fonder une école qui ne doive rien qu’au talent du peintre ». Quand l’acteur Ichikawa Yaozō eut un immense succès dans la pièce Ohan et Choyemon que son portrait, dessiné par Toyokuni, devint célèbre, Utamaro, représenta certes la pièce, mais figurée par d’élégantes femmes, jouant dans des compositions imaginaires. Il démontra ainsi que les dessinateurs de l’école vulgaire, qui avaient répété ce sujet, à la façon d’Utagawa Toyokuni (1769-1825), étaient une troupe surgissant de leurs ateliers, une troupe comparable à des « fourmis sortant du bois pourri ». Les femmes seules l’occupèrent, remplirent son art et il devint bientôt l’artiste merveilleux que nous connaissons.
Parmi ceux qui jouèrent, à cette époque, un rôle important pour Utamaro, Tsutaya Jūzaburō (1750-1797) publia ses premiers albums illustrés. Il était entouré d’écrivains, de peintres et d’intellectuels, qui se réunissaient autour de poésies kyōka*, à la thématique plus libre et aux règles moins strictes que la poésie traditionnelle, et qui se devaient d’être humoristiques. Ces recueils de kyōka* furent somptueusement illustrés par Utamaro. Sa collaboration avec Tsutaya Jūzaburō, dont il devint rapidement le principal artiste, marqua le début de la renommée d’Utamaro. Vers 1791, il arrêta l’illustration de livres pour se consacrer aux portraits de femmes. Il choisissait ses modèles dans les quartiers des plaisirs d’Édo, où il est réputé avoir eu de nombreuses aventures avec ses muses. Le jour, il se consacrait à son art et la nuit, il succombait à l’envoûtement fatal de ce brillant « enfer », jusqu’au moment où, sous le charme des « petits pas et des signes de mains », son art miné par les excès, il « perdit sa vie, son nom et sa réputation ».
Mais, il ne faut pas se tromper, le Yoshiwara* n’a rien de commun avec nos maisons de prostitution. C’était, au dix-huitième siècle surtout, un jardin des délices. On y faisait une cour raffinée à des prostituées aimables, versées dans les lettres et dans les rites de la plus exquise politesse. Éros prenant la figure de l’amour. Utamaro n’eut pas de peine à rassembler tous les éléments de son œuvre dans « les maisons vertes », dont il fut le peintre attitré. Pour beaucoup d’amateurs d’estampe japonaise, Utamaro est le maître incontestable de la représentation de la femme, qu’il idéalise, qu’il dépeint grande et fine, avec un long cou et de frêles épaules, bien éloignées de la physionomie des femmes de l’époque.
Une Prostituée « mousquet » (Teppō), extrait de
la série « Cinq couleurs d’encre du quartier Nord »
(Hokkoku goshiki-zumi), 1794-1795. Ōban, nishiki-e,
37,9 x 24,2 cm. Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Paris.
À la Manière de la maison d’un seigneur (Yashiki-fu), extrait de
la série « Miroir des mœurs contemporaines », vers 1800-1801.
Ōban, nishiki-e, 37,5 x 25,5 cm. Bibliothèque nationale de France, Paris.
La Courtisane Hanamurasaki de la maison Tamaya
(Tamay uchi Hanamurasaki), extrait de la série
« Présentation des plus grandes beautés de notre temps »
(Tōji zensei bijin-zoroe), 1794. Ōban, nishiki-e, 54 x 41,5 cm.
Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Paris.
Takashima Ohisa (Takashima Ohisa), 1793.
Ōban, nishiki-e, 37,7 x 24,4 cm.
Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Paris.
L’Amour déclaré (Awaru koi), extrait de la série
« Anthologie poétique. Section de l’Amour »
(Kasen koi no bu), 1793-1794. Ōban, nishiki-e, 37,5 x 25 cm.
Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Paris.
« L’Amour pour une femme de fermier »
(Nōfu ni yosuru koi), vers 1795-1796. Ōban,
nishiki-e, 36,9 x 24,5 cm. Collection Huguette Berès.
« L’Amour pour une femme de la rue »
(Tsuji-gimi ni yosuru koi), vers 1795-1796. Ōban,
nishiki-e, 36,2 x 24,6 cm. Collection Huguette Berès.
Stylistiquement, c’est vers 1790 qu’Utamaro s’imposa comme le chef de file de l’Ukiyo-e*. Ce style captiva le peuple japonais dès ses débuts. Son épanouissement fut le fruit de l’époque d’Édo, c’est-à-dire d’une grande renaissance d’inspiration bourgeoise, qui fleurissait au sein d’une civilisation brillamment développée par l’aristocratie, la classe militaire et le clergé. Mais, dans les premières années du dix-neuvième siècle, le talent d’Utamaro et sa production incessante, perdirent de leur originalité. L’artiste vieillit avec l’homme. Lui, si hostile à la représentation des choses théâtrales, entraîné par le succès de Toyokuni, qui commençait à devenir son rival, se mit à traiter des sujets choisis dans les pièces de théâtre, il exécuta des mitiyuki*. Dans ces compositions ainsi que dans les autres, les longues femmes, les créatures élancées de sa première période, engraissèrent, s’arrondirent, s’épaissirent. Les contours féminins devinrent gros, mais sans toutefois avoir le gras de Torii Kiyonaga (1752-1815). Il opposa aux femmes, qui remplissaient à elles seules ses premières pièces, des figures masculines caricaturales, comiques, grotesques. L’artiste n’eut plus l’envie de séduire par cette gentillesse idéale, dont il revêtait la femme. Il s’efforça, par la présence de ces « vilains hommes », de flatter le public d’alors, dont le goût est comparé par Hayashi Tadamasa, au goût de certains collectionneurs d’ivoires modernes de Yokohama qui, dit-il, « préfèrent la grimace à l’art », plus amoureux, dans l’image, de la drôlerie que de la beauté réelle.
Utamaro n’a pas craint de caricaturer sous les traits déformés de célèbres courtisans, les saints et les sages des légendes sacrées du bouddhisme. Tablant sur sa grande popularité, il publia une satire imagée de l’un des fameux shoguns, Toyotomi Hideyoshi (1536-1598) avec sa femme et ses cinq concubines. Mais cet acte de lèse-majesté le fit tomber en disgrâce auprès du souverain, amateur d’art. Cette œuvre fut considérée comme une insulte envers le shogunat, Utamaro fut arrêté pour violation des lois de la censure et mis en prison. Cette expérience fut extrêmement humiliante pour l’artiste. De sa cellule, le joyeux papillon de Yoshiwara* sortit, exténué et affaibli, n’osant plus proférer la moindre idée folle. Il mourut à Édo, vraisemblablement en 1806, le troisième jour du cinquième mois du calendrier lunaire. Dans les anciens exemplaires de l’Ukiyo-e ruikō (Histoire des estampes du monde flottant), la date de la mort d’Utamaro est erronée. L’artiste ne peut pas être décédé le huitième jour du douzième mois de la quatrième année de l’ère Kansei (1792) puisque certaines planches sont encore publiées au début du dix-neuvième siècle. L’Almanach illustré des maisons vertes (Illustrations 1, 2, 3, 4) parut en 1804, et la planche représentant un Olympe Japonais est datée du jour de l’an de 1805.
