Quel temps fait-il en enfer ? Oh, extrêmement beau, à en croire la 17e édition du Hellfest, dès l’ouverture de ses portes, jeudi, sous le fronton d’une église déjouant malicieusement les codes liturgiques du Bien et du Mal. Un grand ciel bleu, sans l’ombre d’un nuage et sous la protection de ses saints immortalisés sous forme de vitraux, tel Lemmy Kilmister, dont une partie des cendres furent confiées au festival après la disparition soudaine du pilier de Motörhead, le 28 décembre 2015, quelques mois seulement après s’y être produit une dernière fois.
Dans cette vaste étendue au milieu des vignes nantaises, transformant le douillet village de Clisson en un. Si l’on veut, on peut même porter le kilt. On en a vu d’autres, des étudiants revêtus de chasubles et des mères de famille arborant des tenues bondage. Cuir, bas résille et semelles compensées se fondent dans un décor carnavalesque de torses tatoués témoignant du grand besoin d’expurger le temps d’un week-end toutes les angoisses d’un monde que l’on pressent crépusculaire. Certes, certains ont pu pointer une dérive à la Disneyland dans cette vaste machine à cash née des cultures underground – 35 millions d’euros de chiffre d’affaires d’après Mediapart. Mais, à cette manifestation accueillant 200 groupes sur ses six scènes, on pourra aussi trouver un parfum délicieusement Woodstock, où les bikers s’avèrent être de gros nounours faisant gentiment la queue pour s’acheter un tee-shirt (25 euros le bout de tissu à l’effigie du festival) dans la boutique Sanctuary s’imposant sur 50 mètres de long et 15 mètres de hauteur comme un des pôles convoités au sud des 70 hectares du site. On les retrouvera ensuite en train d’admirer la Gardienne des Ténèbres, dernière œuvre acquise par le Hellfest, une impressionnante déesse aux huit pattes de scorpion cédée pour 4 millions d’euros par l’artiste nantais François Delarozière.