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Quel a été le corps de troupe le plus actif sur la plus longue période de l’histoire? Les archers crétois pourraient bien prétendre au titre. Leurs premières traces apparaissent au IIIe millénaire (voir encadré p. 48) et ils ne disparaissent définitivement qu’en… 1452, date à laquelle ils participent à l’ultime défense de Constantinople contre les Turcs. Ces combattants à la réputation hors pair auront accompagné Alexandre jusqu’en Inde, participé aux campagnes des rois séleucides du IIe siècle avant notre ère, foulé les rivages de la Manche avec César… Drachmes grecques, dariques perses, shekels phéniciens, sesterces romains, toutes les monnaies étaient bonnes pour eux. Et pourtant, leur existence et leur spécificité sont rarement mentionnées par les auteurs anciens et ils n’apparaissent qu’exceptionnellement sur les fresques, les vases ou la statuaire. De sorte qu’il est bien difficile de cerner leurs exploits. Toujours en première ligne, jamais au premier plan!
Le Krès, archer type
Si l’on a retrouvé de nombreuses preuves indirectes de leur existence à l’époque minoenne et archaïque, ils ne font réellement surface en Grèce que sur le tard, à l’époque classique. Dans Les Lois, que Platon rédige en - 348, le Crétois Clinias explique que ses compatriotes excellent à l’arc à cause du « relief tourmenté » de leur île. On peut aussi dire que la société crétoise, très hiérarchisée, valorise la pratique de l’arme, qui fait partie de l’éducation du citoyen (en Grèce, l’entraînement militaire intensif, l’agogê, est une affaire publique). Entraînés à la pratique dès leur plus jeune âge, les Crétois, en tout cas, semblent être des archers particulièrement habiles. La spécialité, pour autant, n’a rien d’exclusif. L’historien Strabon précise vers - 60 qu’en Crète, on pratique « non seulement l’archerie », mais aussi d’autres activités militaires.
En fait, il semble que la réputation (le mot grec pour « Crétois») désigne un type de fantassin léger n’étant pas forcément , selon l’historienne Stephanie Craven, chercheuse à l’Université du Texas, – un peu comme les , javeliniers montés qui n’étaient pas tous citoyens de la cité italienne. Dans son récit de la guerre antiochique (-189), Tite-Live confirme que ne renvoie pas forcément à la Crète, puisque . Ce qui est certain, remarque le chercheur australien Murray Dahm, c’est qu’à chaque fois qu’un auteur