, résume Hélène Génin au sujet de son travail. Cela fait maintenant plus de vingt ans que cette Lorraine d’origine veille sur les vins du château Latour. Les vins et le vignoble, plus exactement. Arrivée en 2001, dans le cadre d’un stage d’œnologie, elle cumule les talents puisqu’elle est aussi ingénieure agronome, diplômée du renommé Institut Agro Montpellier. Dès ses débuts, Hélène Génin apprend et apprivoise l’aura et le caractère si spécial du vignoble de ce premier cru classé en 1855, notamment aux côtés de Frédéric Engerer, le directeur général des propriétés viticoles d’Artémis Domaines (Château Latour, Château-Grillet à Condrieu, Domaine d’Eugénie, Clos de Tart, Bouchard Père & Fils en Bourgogne, Jaquesson en Champagne et Eisele Vineyard. Du sens, encore et toujours. La légende du vin de Château Latour fait parfois oublier que celle-ci ne tient qu’à l’énergie des hommes et des femmes qui y travaillent. Sans eux, pas de mythe et pas de qualité. Pas de qualité non plus sans une lecture fine des terroirs. : redécoupage et délimitation du vignoble, mise en place de fosses pédologiques dans les différentes parcelles pour mieux appréhender la nature des sols et prendre conscience d’une hétérogénéité parfois insoupçonnée, etc. Sans repartir d’une feuille blanche, les équipes de la propriété ont décidé d’aller plus loin aux services des vins produits. Excellence oblige, ce réajustement se fait sans concession, au détriment de la quantité de grand vin produite à partir du vignoble historique, communément appelé l’enclos. Son adaptation au changement climatique est au cœur des réflexions. Pour la vigne, l’apport continu et régulé d’eau est décisif dans la qualité des raisins. Mais la situation est plus complexe : . De la nuance et de l’équilibre, c’est donc cela le secret des grands vins. Être à l’écoute du vivant aussi, de la plante et de son écosystème. Le château Latour explore toutes les pistes, sans a priori, dans une volonté d’enrichir sa panoplie d’outils pour prendre soin de son vignoble. Comme ceux donnés par la biodynamie, par exemple. Hélène Génin est lucide, toujours mesurée : . Indispensable pour révéler le génie du grand vin, cette vision l’oblige, ainsi que ses équipes, à tout remettre en question et à valoriser la diversité. Premier cru classé ou non, les menaces sont les mêmes pour tous. Qualité des plants, impact des porte-greffes, dépérissement du vignoble, le besoin de réponses se fait chaque jour plus pressant. L’ensemble des équipes techniques d’Artémis Domaines, dans les différents vignobles, travaillent à l’élaboration de cahiers des charges et de collectes de données. Pour la directrice technique, la démarche est aussi une responsabilité et . Il s’agit de grandir dans le partage et dans l’échange, en particulier avec les premiers spectateurs de cette viticulture exigeante. Et expliquer ainsi aux générations futures à quel point une propriété aussi historique et culturelle est finalement un maillon comme un autre d’un territoire agricole et d’une économie locale. Le château Latour est d’ailleurs membre de l’association Vigneron du Vivant qui forme et accompagne des jeunes en difficulté à se réinsérer professionnellement. Encore une autre manière de redonner du sens et de créer du lien. Parfois considéré comme un monde fermé et élitiste, les premiers crus classés de Bordeaux ont certes un statut à part. La qualité de leurs vins n’a sans doute jamais aussi été spectaculaire, à l’image des derniers millésimes de Château Latour qui réaffirment avec panache son style intemporel fondé sur l’élégance, la fraîcheur et la finesse. Mais qui peut leur résister dès lors qu’ils dévoilent un peu plus les secrets de leur génie ? Pour Hélène Génin, . Elle n’a pas suivi ses envies de travailler dans la gestion forestière, attirée par le monde du vin comme par une force invisible. Quelle chance pour le château Latour et ses équipes. Et quelle chance aussi pour la France de pouvoir compter sur ce vin toujours aussi exceptionnel pour rayonner partout dans le monde.
